Marlène Schiappa a ignoré une lettre sur les violences conjugales d’un colonel, selon Mediapart

© AFP 2023 PASCAL POCHARD-CASABIANCAMarlène Schiappa
Marlène Schiappa - Sputnik Afrique, 1920, 24.08.2021
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Le colonel Steiger a quitté ses fonctions de commandant de la gendarmerie de Nouvelle-Calédonie le 20 août, un mois après y avoir été promu, en raison de sa condamnation pour violences conjugales. Son épouse avait pourtant informé Marlène Schiappa du caractère scandaleux de ces faits bien plus tôt, révèle Mediapart.
Vendredi 20 août, Gérald Darmanin publiait sur Twitter un bref communiqué concernant la demande du colonel Éric Steiger, commandant de la gendarmerie pour la Nouvelle-Calédonie, d’être relevé de ses fonctions. Il a été retweeté par Marlène Schiappa, sans autre réaction. Or, d’après Mediapart, celle-ci avait reçu une lettre de l’épouse du colonel l’informant de faits de violences conjugales et de sa future promotion.
Le media a révélé ce lundi 23 août la lettre datée du 5 octobre 2020, dans laquelle cette femme restée anonyme fait part de la condamnation pour violences conjugales de celui avec lequel elle est en procédure de divorce depuis juillet 2018. Le 18 février 2020, Éric Steiger a été condamné en première instance à six mois de prison avec sursis, et a malgré tout été muté en Nouvelle-Calédonie le 1er août 2020, en tant que commandant en second à Nouméa.
«Un poste convoité car très rémunéré», assure-t-elle, d’autant qu’il prévoit de succéder au commandant de Nouvelle-Calédonie, ce qui «le prédispose à être inscrit au tableau d’avancement pour devenir général».
Une promotion qu’elle juge «scandaleuse» et «sexiste» puisqu’elle ne tient pas compte de la condamnation. Elle s’était adressée en ce sens à la ministre déléguée à la Citoyenneté au vu de ses «engagements» et «réussites» contre les violences conjugales. D’après l’épouse du colonel Steiger, Marlène Schiappa n’a jamais donné suite à sa lettre. Elle n’a pour l’heure pas non plus réagi publiquement à l’article du site d’informations.

Promotion

Le 28 mai dernier, Éric Steiger a été condamné en appel par la Cour d’appel de Paris pour «violences physiques et psychologiques ayant entraîné cinq jours d’incapacité totale de travail». Sa peine de prison avec sursis a toutefois été réduite à une amende de 6.000 euros. Cela ne l’a pas empêché, le 8 juillet, d’être promu numéro un de la gendarmerie en Nouvelle-Calédonie.

Révélations

Ce 18 août, Mediapart a publié le témoignage de son épouse, rappelant au passage la condamnation de 2020, confirmée en 2021, pour ces faits de violence. Le lendemain, plusieurs élus de Nouvelle-Calédonie ont interpellé le ministre de l’Intérieur afin que le colonel soit démis de ses fonctions et remplacé. «Tout gendarme condamné pour violences conjugales ne devait plus être en contact avec le public», avait lui-même déclaré M. Darmanin le 1er août dans Le Parisien.
Un nouveau commandant de la gendarmerie sera «prochainement désigné», a précisé le ministre. M. Steiger, le jour de l’annonce de son départ, dénonce auprès de l’AFP une enquête de Mediapart «exclusivement à charge», «sans m’offrir de droit de réponse». Son avocat, Me Thibault de Montbrial, avait assuré au site d’information que son client n’était «pas un cogneur de femmes». Ce dernier souhaite désormais remplir «de nouvelles fonctions en dehors de la Nouvelle-Calédonie».
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