Lea rêvait depuis longtemps d'un long périple à vélo. Rester toute la journée en plein air et être constamment en mouvement la passionnait.
Le problème était d'obtenir un congé de longue durée, mais ce congé une fois obtenu, le couple s'est mis en route.
« On s'est dit : on y va. Nous sommes partis sans avoir d'itinéraire concret, nous savions seulement quels pays nous voudrions visiter. Nous avons vécu des aventures étonnantes parce que nous avions suivi les conseils des personnes les plus différentes », raconte Lea.
Même leur forme physique médiocre ne les a pas arrêtés.
« Avant de partir nous menions une vie d'oisiveté dans laquelle tout exercice physique était exclu. Mais, chemin faisant, on s'est vite mis en forme », raconte Tarek.
Lea et Tarek ont franchi au total 10 000 km au lieu des 7 000 prévus initialement. Le voyage a duré six mois.
Au total, les aventuriers berlinois ont parcouru 14 pays.
« Le chemin a passé par la France, la Suisse, l'Autriche, ensuite par la Slovénie et la Croatie. Les étapes suivantes, c'est le Monténégro, la Macédoine et la Grèce. Partis de la Grèce, nous avons traversé la Turquie, la Géorgie et l'Arménie pour atteindre le point de destination : l'Iran », dit Lea.
« Nous avons exclu de notre itinéraire une partie de la Turquie orientale bien qu'elle confine avec l'Iran. Mais cette voie recelait des dangers et nous avons contourné toutes les zones en proie aux conflits », souligne Tarek.
Quant à la canicule dans certains pays, elle a mis les voyageurs à rude épreuve.
« En Turquie, il faisait très chaud, mais l'humidité était faible au début. La Géorgie et l'Arménie, c'était une véritable épreuve: là il faisait très chaud et très humide. Nous étions à la limite de l'épuisement », dit Lea.
« Parfois il fallait nous arrêter pour se verser de l'eau sur la tête : on avait des taches noires devant les yeux », poursuit-elle.
Dieu merci, que qu'il n'y a eu aucune panne de vélo, même pas un pneu percé en 10 000 km.
Côté financier, seule la nourriture occasionnait des dépenses. Il n'y avait pas de frais de transport avec les vélos et de frais d'hébergement non plus : pour dormir il y avait une tente.
En ce qui concerne la nourriture, elle était souvent offerte par les habitants locaux qui sont très hospitaliers dans nombre de pays.
« Les gens étaient très bienveillants, mais aussi curieux. Ils avaient du mal à nous comprendre. Selon eux, franchir 10 000 km à vélo était une idée absurde », reconnaît Lea.
« Ils essayaient de nous aider par tous les moyens, partageaient avec nous leur nourriture. Partout nous avons rencontré une multitude de personnes toujours prêtes à donner un coup de pouce », confirme Tarek.
La chose que Lea et Tarek déplorent, c'est la barrière linguistique : des gestes et un anglais rudimentaire suffisaient pour résoudre des problèmes majeurs, mais tout échange s'arrêtait là.
« Pendant un long voyage, on est tombés dans plusieurs situations extraordinaires. Les aventures ont commencé en Allemagne. La première nuit, on a dressé la tente en pleine forêt et en dormant on entendait venir différents animaux: des sangliers, des chevreuils ». Dans la matinée un coup de feu a retenti tout près : quelqu'un chassait et nos héros ne pouvaient même pas imaginer le danger auquel ils étaient exposés, car le chasseur ne voyait pas où il tirait.
« Nous avons passé notre dernière nuit sous la tente sur le parking d'une salle de musculation près de Téhéran. Cela n'avait rien de romantique », se souvient Lea.
Cependant, le voyage leur a offert de nombreuses surprises agréables. Ils ont traversé la Turquie pendant la fête du Ramadan.
« Le soir, les gens se rassemblaient pour fêter la fin du jeûne. Des villages entiers célébraient ensemble, parfois un millier de personnes. On nous invitait souvent. C'étaient de véritables festins: les friandises étaient en abondance, la bonne humeur régnait. Assister à ces fêtes était un grand bonheur ».
Selon Lea, pédaler chaque jour produit des changements non seulement dans le corps, mais aussi dans la tête.
« Tarek a perdu 10 kilos, moi, un ou deux. Mais aussi beaucoup a changé dans notre for intérieur. Il est très utile de vivre quelque temps avec le minimum de confort.
Cette vie simple est un grand bien. C'est fantastique d'admirer la nature, de contempler chaque soir le coucher et chaque matin, le lever du soleil. Ce sont les choses auxquelles les gens ne prêtent pas attention dans la vie de tous les jours », se réjouit Lea.
« Nous sommes devenus plus ouverts et courageux, plus équilibrés. Les buts de notre vie ont changé. J'ai compris que c'était un grand bonheur d'avoir des parents et des proches que tu connais depuis longtemps ».
Selon Lea, tout le monde peut entreprendre un voyage comme le leur. Ainsi ils ont rencontré un « grand-père de 70 ans » qui irait à vélo de l'Allemagne au Japon l'année prochaine ou des familles roulant en tandem avec deux ou trois enfants.
« Il suffit de se lancer et la route vous apprendra tout ce qu'il faut », dit-elle.
Le couple projette déjà son prochain voyage.
Nous avons deux rêves et pour les réaliser, il faut aller en Russie. Le premier, c'est de faire Berlin-Moscou pour rendre visite à nos amis. L'autre, c'est le tour de la mer Baltique. Il faut partir d'Allemagne, traverser l'Estonie, la Lettonie, entrer en Russie, puis en Finlande et revenir en Allemagne via la Suède », conclut-elle.