Les causes et les conséquences des troubles en Ouzbékistan vues par des experts russes

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MOSCOU, 16 mai - RIA Novosti. La semaine dernière, l'insurrection massive d'Andijan a fait de nombreuses victimes humaines. La situation en Ouzbékistan qui demeure très tendue est commentée par des experts russes à la demande du quotidien Gazeta.

Alexéi Malachenko, membre du conseil scientifique du Centre Carnegie de Moscou : Les causes des troubles sont la difficile situation économique et le chômage, l'absence d'opposition et le laisser-aller des réformes. Tout cela, le président Islam Karimov l'a créé de ses propres mains. Dans une région où la majorité de la population est musulmane, toute protestation sociale prend tôt ou tard la nuance islamique mais l'origine de l'indignation des gens réside dans le désespoir économique.

Alexéi Makarkine, directeur adjoint du Centre des technologies politiques : Ces derniers temps Karimov s'est sans cesse jeté entre les Etats-Unis et la Russie. Il a fini par arrêter son choix la semaine dernière lorsque Tachkent a annoncé son retrait du GUUAM (association regroupant la Géorgie, l'Ukraine, l' Ouzbékistan, l'Azerbaïdjan et la Moldavie). Karimov a besoin aujourd'hui d'un soutien politique et c'est la Russie qui peut le lui apporter. On peut prédire une extension de la coopération entre Moscou et Tachkent et attendre l'adhésion dans l'immédiat de l'Ouzbékistan à l'Organisation du Traité de sécurité collective (Russie, Biélorussie, Arménie, Kazakhstan, Kirghizie et Tadjikistan) et à la Communauté économique eurasiatique (Russie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizie et Tadjikistan).

Konstantin Zatouline, député de Russie Unie à la Douma fédérale : Il n'y a aucune raison de ne pas croire Karimov lorsqu'il dit que les troubles dans le pays ont été provoqués par les organisations extrémistes qui s'efforcent d'instaurer un régime islamiste dans le pays. Karimov les a toujours réprimées, et ce assez brutalement. Je suis loin d'embellir le régime de Karimov mais, à ce jour, il fait ce qu'il faut.

Serguéi Mitrokhine, vice-président du parti Iabloko : La propagande de Karimov ne se lasse pas de répéter que la situation aurait été déstabilisée par les islamistes orthodoxes. Mais ce qui s'est passé en Ouzbékistan est une insurrection de la partie active de la société, des milieux d'affaires contre le dictateur Karimov. Il va de soi que les insurgés vont être accusés d'islamisme. Les événements en Ouzbékistan peuvent très prochainement se répercuter négativement sur la Russie. L'attitude indulgente de la Russie envers Karimov risque de conduire l'Ouzbékistan à une guerre civile et à l'établissement d'un Etat islamique.

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