Ukraine: pas de législatives anticipées le 27 mai prochain (experts)

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KIEV, 17 avril - RIA Novosti. Des élections anticipées à la Rada suprême (parlement) de l'Ukraine prévues pour le 27 mai prochain n'auront pas lieu, estiment les experts.

"A mon avis, il n'y aura évidemment aucunes élections le 27 mai prochain car cela n'est pas possible même techniquement", a déclaré le président de l'Institut de la stratégie nationale (Russie), Stanislav Belkovski, intervenant mardi dans le cadre d'une "table ronde" à la représentation de RIA Novosti à Kiev.

Or, l'expert a estimé que le verdict de la Cour constitutionnelle d'Ukraine sur la constitutionnalité du décret du président ukrainien sur la dissolution du parlement "ne profiterait pas au président".

"Formellement, Viktor Iouchtchenko ne cesse de répéter que son décret est irrévocable, mais, en réalité, il est lui-même en grande partie intéressé à sa révocation", a supposé Stanislav Belkovski. Et d'expliquer qu'en cas d'élections anticipées, il n'est pas exclu que Ioulia Timochenko, leader du bloc de Ioulia Timochenko (BIT), arrive au pouvoir en Ukraine. Néanmoins, c'est sans doute "la dernière chose que Viktor Iouchtchenko souhaiterait", note l'expert.

C'est aussi la raison pour laquelle, a poursuivi Stanislav Belkovski, des élections présidentielles anticipées ne profiteraient pas non plus à la Coalition d'union nationale, car les chances de Ioulia Timochenko de les remporter sont "suffisamment élevées".

Selon l'expert russe, le meilleur scénario serait sans doute d'élaborer et d'adopter, d'ici 2008 au plus tard, une nouvelle Constitution et de tenir, après son adoption, des élections anticipées à la Rada suprême "peut-être en été ou en automne de l'année prochaine".

Le directeur du Centre d'études stratégiques Sofia, Andreï Ermolaïev, s'est dit préoccupé, pour sa part, face à l'absence des garanties qu'une telle crise ne se répète pas même à la prochaine législature de la Rada.

Andreï Ermolaïev a aussi estimé que les élections n'auraient lieu "ni le 27 mai ni le 27 juin".

Et de souligner que si Viktor Iouchtchenko n'accède pas à l'exigence de la coalition de tenir des élections présidentielles anticipées, l'Ukraine replongera dans une crise politique encore plus profonde, mais déjà en automne prochain.

Le directeur du Centre ukrainien d'Etudes politiques appliquées, Oles Doni, est d'accord avec ses collègues persuadés qu'un verdict, quel qu'il soit, de la Cour constitutionnelle ne mettra pas fin à l'actuelle confrontation politique en Ukraine.

Ainsi, a-t-il fait remarquer, le verdict de la Cour constitutionnelle en faveur de Viktor Iouchtchenko peut inciter la Coalition à entamer la procédure de destitution du président.

"Cela (la reconnaissance de la constitutionnalité du décret de dissolution de la Rada) ne contribuera pas à la solution de la crise politique. Un tel scénario est même dangereux", a averti l'expert.

Selon lui, seules des élections anticipées à la Rada suprême peuvent être une issue à la crise actuelle, mais à une autre date qui arrange toutes les parties concernées.

Par ailleurs, Oles Doni a insisté sur l'annulation du décret de dissolution du parlement pour que celui-ci puisse travailler dans la période préélectorale.

Le directeur exécutif du Centre d'études stratégiques Sofia, Vladimir Loupatski, a parlé de l'importance de la non-ingérence des médiateurs d'autres pays dans le règlement de la crise politique en Ukraine.

"Des acteurs extérieurs tant de l'Est que de l'Occident peuvent contribuer à la mise en oeuvre des scénarios déstabilisateurs de l'évolution de la situation en Ukraine", a mis en garde l'expert.

Mardi, la Cour constitutionnelle d'Ukraine a entamé l'examen de la légitimité du décret du président Viktor Iouchtchenko en date du 2 avril dernier portant dissolution du parlement annonçant des législatives anticipées pour le 27 mai prochain.

L'actuelle crise politique en Ukraine a éclaté suite à la défection de onze députés d'opposition de la Rada suprême (parlement ukrainien), et notamment du Bloc de Ioulia Timochenko et du bloc pro-présidentiel Notre Ukraine, qui avaient rallié la coalition formée par le Parti des régions, le Parti communiste et le Parti socialiste. Le président Viktor Iouchtchenko a réagi en signant son décret de dissolution de la Rada et a annoncé des élections législatives anticipées pour le 27 mai prochain. Les députés ont qualifié d'anticonstitutionnel ce décret présidentiel et refusé de s'y conformer.

Un groupe de 53 députés a demandé à la Cour constitutionnelle de statuer sur la conformité envers la Loi fondamentale du décret présidentiel de dissolution de la Rada.

Le président Viktor Iouchtchenko et le premier ministre Viktor Ianoukovitch se sont déclarés prêts à accepter le verdict de la Cour constitutionnelle. La veille le président de l'Ukraine a déclaré devant les journalistes qu'il ne révoquerait pas son décret, mais qu'il n'excluait pas un report éventuel de la date des élections parlementaires anticipées.

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