Nazarbaïev ou les vertus du culte de la personnalité (Nezavissimaïa gazeta)

S'abonner
MOSCOU, 23 mai - RIA Novosti. Noursoultan Nazarbaïev a signé les amendements à la Constitution du Kazakhstan qui l'investissent du droit d'être président à vie. Mais ses successeurs ne pourront pas cumuler plus de deux mandats de 5 ans. Ces amendements témoignent, de jure, de l'existence d'un culte de la personnalité autour du président Nazarbaïev au Kazakhstan.

Est-ce mal ou bien? Personne ne connaît la réponse. Les Kazakhs la connaîtront plus tard, lorsqu'il sera possible de parler librement du désormais président à vie. Il est notoire que tous les leaders faisant l'objet d'un culte de leur vivant ont partout été âprement critiqués après leur mort.

Analysant concrètement la situation au Kazakhstan, on constate que les réformes économiques et institutionnelles s'effectuent avec succès dans le pays. Les méthodes du management moderne et les valeurs de la culture corporative s'y implantent. La stabilité politique crée un climat d'investissement prévisible et assure l'arrivée d'investissements privés.

N'ayant plus de suspicions à l'égard du clan Nazarbaïev, l'Occident a atténué la critique de son système politique. L'approbation des amendements à la Constitution par l'ambassadeur américain à Astana John Ordway, selon lequel ils laissent une "impression positive des réformes", ne fait que confirmer ce qui vient d'être dit plus haut: le culte de la personnalité autour de Noursoultan Nazarbaïev n'est pas un problème pour les Etats-Unis. Comme on le sait, ce n'est pas non plus un problème pour la Russie, pour d'autres voisins dans la région, ni même pour les Européens de l'OSCE qui souhaitent admettre le Kazakhstan à l'automne.

La conscience libérale refuse de considérer l'octroi de droits exceptionnels à un citoyen comme une norme. En quelque sorte, la société reconnaît ainsi qu'il n'y aura jamais à l'avenir de dirigeant aussi raisonnable, juste, et non enclin à abuser de sa situation. A-t-on besoin alors de déployer des efforts pour réformer le pays, puisque le meilleur des Kazakhs existe déjà et qu'il n'y en aura plus?

Serait-ce que les amendements à la Constitution précisent les délais d'achèvement du passage de la société du socialisme au capitalisme, ce qui est un trait particulier du modèle proposé par M. Nazarbaïev au pays et au monde? Il suppose probablement le passage, sans opposition ni critique, au royaume de la démocratie et de la liberté de parole. Bref, Noursoultan Nazarbaïev est président d'une société intermédiaire. Après son départ, le Kazakhstan sera déjà démocratique, croient les législateurs du pays, les Etats-Unis, la Russie et l'Europe.

Quant à ceux qui n'y croient pas ou qui en doutent, on ne les entend presque pas.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала