Pourquoi l'Europe construit-elle un nouveau "mur de Berlin"? (Izvestia)

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MOSCOU,23 juillet - RIA Novosti. L'Allemagne et la France multiplient hâtivement les obstacles juridiques pour contrer la poussée vers l'Europe des grandes compagnies russes. Parallèlement, l'allemand RWE et le français Gaz de France s'apprêtent à investir des centaines de millions d'euros dans la construction d'un pipeline contournant la Russie. Le fait qu'il n'y aura pas de quoi remplir les conduites ne préoccupe même pas les fonctionnaires européens, alors que les restrictions imposées aux investisseurs contredisent les principes du marché.

On a surtout peur quand on a envie d'avoir peur. Les Européens pensent avec effroi, par exemple, aux 2.500 milliards de dollars qu'auraient accumulés les investisseurs russes et chinois. Résultat, une pluie de mauvaises nouvelles venant d'Europe continue de s'abattre sur les Russes.

Les Européens privilégient deux axes d'efforts: d'un côté, ils bâtissent un mur pour se protéger des investisseurs russes; de l'autre, ils cherchent à construire des pipelines contournant la Russie pour que le pétrole et le gaz d'Asie centrale affluent directement en Europe. Il leur faut donc proscrire les investissements venant d'est par le biais de lois compliquées, et investir jusqu'à un milliard d'euros, et pourquoi pas dix, dans la construction des pipelines sans tenir compte de la rentabilité économique.

La Commission européenne a déjà adopté un rapport dénonçant la menace émanant des investisseurs russes. Un travail actif a été lancé pour établir des barrières juridiques. Ce sera un véritable "mur de Berlin", et la Russie ne participe pas à sa construction. Evoquer l'époque de la RDA est aujourd'hui la grande mode en Allemagne. Angela Merkel, elle, ne fait que suivre la mode.

Cette mode-là est très bizarre. Apôtres du marché, les économistes libéraux de la Commission européenne, qui ont toujours prôné la libre circulation des capitaux, trahissent brusquement leurs principes. Même Charlie McCreevy, commissaire européen chargé du marché et des services, est solidaire d'Angela Merkel: les investisseurs russes sont à redouter. Car cela fait plusieurs années que les géants pétro-gaziers russes tentent désespérément d'accéder au contrôle des réseaux de distribution européens.

Les économistes sont depuis longtemps unanimes à affirmer que la Russie dépassera d'ici quelques années tous les pays européens en terme de volume de la production. C'est cette perspective qui semble effrayer les responsables politiques européens. Le plus triste est que le "mur de Berlin" construit par les responsables politiques pousse non seulement à Berlin, à Paris ou à Bruxelles. On le retrouve aussi à Londres, à Varsovie et ailleurs. C'est le débat politique, et non seulement les pipelines, qu'on cherche à détourner de la Russie. Et c'est là l'erreur...

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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