Autorisation du voile dans les universités: la Turquie à la croisée des chemins (journaux)

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ANKARA, 7 février - RIA Novosti. L'adoption par le parlement turc d'un projet d'amendement constitutionnel autorisant les étudiantes à porter le voile à l'université témoigne de la montée de l'islamisme dans un pays musulman qui a longtemps défendu sa laïcité, affirment jeudi les médias et les politologues turcs.

Le parlement turc a approuvé jeudi dans la matinée, après 12 heures de débat, un projet d'amendement à la constitution annulant l'interdiction de porter le voile dans les établissements d'enseignement supérieurs, en vigueur depuis 1925.

Le projet de loi issu du Parti de la Justice et du Développement (AKP) du premier ministre Recep Tayyip Erdogan était soutenu par un parti d'opposition nationaliste (MHP). Un passage du projet affirme que "personne ne peut être privé du droit à une éducation supérieure".

L'opposition a déclaré qu'elle contesterait le projet de loi devant la Cour constitutionnelle si le projet était adopté lors du deuxième vote le samedi 9 février.

Selon le journal turc Cumhuriyet (centre-gauche laïque), le vote "porte un coup à la paix sociale".

"La polémique qui ne tarit pas au parlement ces deux derniers jours montre que nous approchons d'un seuil de tension irréversible", écrit Mustafa Balbay, analyste pour le quotidien.

"Nous pénétrons dans un processus douloureux et critique. Les derniers événements (les débats sur le voile) prouvent que ce n'est absolument pas le droit à l'éducation supérieure qui est en jeu. Ce n'est qu'un exemple des changements que souhaite introduire le parti au pouvoir à l'avenir", poursuit-il.

Selon lui, le processus témoigne d'une cléricalisation de la société et de l'administration turques. En outre, par cette mesure, la Turquie tourne le dos à l'Europe et se rapproche du Moyen-Orient.

Pour Semih Idiz, commentateur du journal Milliyet, cette polémique est "la preuve de l'islamisation de la Turquie, d'un recul des valeurs européennes, de la liberté et de la démocratie".

Les sondages témoignent d'un soutien croissant de la population à l'annulation de l'interdiction du port du voile dans les universités, qui constituait depuis 1925 un symbole de la laïcité de l'Etat, bâti sur les ruines de l'Empire ottoman.

Une étude publiée jeudi par le journal Radikal montre pourtant qu'un pour cent seulement des jeunes filles considèrent l'interdiction du voile comme un obstacle à l'entrée à l'université, bien loin derrière l'échec aux examens, le mariage ou les pressions familiales.

Milliyet indique que 47,5% des femmes sont inactives en Turquie contre 3,9% dans l'Union européenne. Légèrement cynique, le journal conclut que le commerce des attributs islamiques féminins (voiles, foulards) devrait rapporter 850 millions de dollars, ce qui devrait avoir des répercussions positives sur l'économie.

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