Abkhazie/Ossétie: un an après, l'arrière-goût amer de la victoire russe (Vremia novosteï)

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MOSCOU, 26 août - RIA Novosti. Au terme d'une guerre-éclair de cinq jours contre la Géorgie, la Russie reconnaissait il y a un an jour pour jour l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie.

Leur accordant sa protection militaire, la Russie a remplacé ses forces de paix peu nombreuses qui s'y trouvaient par des contingents militaires permanents. Du point de vue des stratèges russes, la mise en place d'un tel "tampon" est cruciale à la lumière des perspectives, bien qu'ajournées, d'une adhésion de la Géorgie à l'OTAN, question qui reste omniprésente sur le plan politique.

La montée de la conscience nationale au sortir d'une guerre éclair victorieuse est certainement un avantage pour la Russie. L'assurance de l'élite russe s'est également accrue, cette dernière ayant "sondé" par la force le degré de patience de la communauté internationale. Durant toute cette année d'après-guerre, la Russie s'est efforcée de retrouver au moins le statut de superpuissance régionale ayant le droit de décider des destinées politiques de son plus proche entourage.

On peut également considérer comme avantageux pour Moscou l'effet de démonstration de force aux yeux de la population de sa propre région, celle du Caucase du Nord, qui a toujours suivi attentivement la position russe pour savoir si le pays "lâcherait" ou "défendrait" l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud.

Cependant, certains avantages se sont convertis en inconvénients. Après avoir définitivement "fermé" les frontières de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie avec la Géorgie proprement dite, la Russie a bloqué pour longtemps sa communication terrestre avec le Caucase du Sud où se trouvent non seulement la Géorgie qui s'aligne sur l'Occident, mais aussi l'Arménie, un pays allié pour Moscou. Les routes conduisant en Russie via l'Azerbaïdjan sont inaccessibles pour l'Arménie à cause du conflit au Karabakh. Les problèmes logistiques ont poussé Erévan à développer des contacts avec Ankara. Si ces derniers impliquent l'ouverture de la frontière arméno-turque verrouillée jusque là, cela signifierait que l'Armenie se trouverait à un tournant géopolitique.

Moscou ne peut pas être conséquent et reconnaître l'autodétermination du Karabakh pour ne pas perdre l'Azerbaïdjan qui est déjà inquiet, la guerre ayant causé un préjudice au transit de son pétrole. Mais soutenir inconditionnellement l'Azerbaïdjan signifie se quereller avec l'Arménie.

La Russie, comme auparavant d'ailleurs, est loin d'avoir le moindre contrôle sur les gazoducs et les pipelines, existants ou en gestation, transitant via la Géorgie de l'Asie centrale vers la Turquie et l'Europe du Sud.

La reconnaissance du droit de deux anciennes provinces géorgiennes à l'autodétermination a immédiatement ravivé des humeurs analogues dans le Caucase du Nord où se trouvent non seulement la Tchétchénie qui a deux fois combattu pour son indépendance contre la métropole, mais aussi tout un éventail de mouvements ethniques, bien que somnolents, qui y existent depuis longtemps.

Ce texte tiré de la presse russe n'engage pas la responsabilité de RIA Novosti.

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