Seconde Guerre mondiale: éviter d'instrumentaliser l'histoire (Lavrov)

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Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov estime que des régimes prêts à se lancer dans des aventures militaires existent toujours en Europe et dénonce la tendance à assimiler la conclusion du Traité soviéto-allemand de non-agression à l'attaque du Troisième Reich contre la Pologne.

MOSCOU, 1er septembre - RIA Novosti. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov estime que des régimes prêts à se lancer dans des aventures militaires existent toujours en Europe et dénonce la tendance à assimiler la conclusion du Traité soviéto-allemand de non-agression à l'attaque du Troisième Reich contre la Pologne.

En Occident, on cherche à "isoler complètement ces deux événements du contexte historique général en oubliant les Accords de Munich de 1938 qui ont abouti au démembrement et à l'occupation de la Tchécoslovaquie. On y oublie également la déclaration anglo-allemande signée à la même époque (et connue sous le nom de "Peace for our time"), qui représentait au fond un pacte de non-agression entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne nazie. On oublie enfin d'autres événements qui ont successivement préparé l'agression allemande et l'ont dirigée vers l'Est", lit-on dans l'article de M. Lavrov "La tragédie de la Seconde Guerre mondiale: à qui la faute?" publié mardi par le quotidien Rossiiskaïa Gazeta à l'occasion du 70e anniversaire du début de la guerre.

Le chef de la diplomatie russe est persuadé que les discussions sur les origines de la Seconde Guerre mondiale sont entachées de mensonges, de considérations conjoncturelles, d'intérêts égoïstes et du désir de certains pays de se disculper de leur comportement honteux à la veille de la guerre et de résoudre leurs problèmes actuels aux dépens d'autrui.

"L'histoire de la Seconde Guerre mondiale a été réécrite à plusieurs reprises [...] Or, même à l'époque de la guerre froide, personne n'a tenté d'assimiler la dictature de Staline au régime nazi", souligne le ministre.

Selon lui, les falsificateurs de l'histoire oublient ce qu'ils ont gagné sur le plan territorial grâce à la campagne victorieuse de l'Armée Rouge.

"Quelle que soit l'attitude envers la victoire sur le fascisme et les événements qui ont précédé la guerre, ils ont donné leurs frontières actuelles à tous les Etats d'Europe centrale et orientale, ainsi qu'aux pays de l'ex-URSS. Il s'agit de frontières que la plupart des membres de la famille euro-atlantique ne contestent pas", affirme M. Lavrov.

Le chef de la diplomatie russe est préoccupé par la tendance à passer sous silence le rôle de l'Union soviétique dans la victoire sur le nazisme.

"Je me garde de penser que la falsification de l'histoire a été entreprise à la seule fin de prévenir l'affaiblissement des positions idéologiques de l'Occident dans le monde. Or, c'est précisément ainsi qu'on peut considérer la récente célébration de l'anniversaire du débarquement des alliés en Normandie, célébration au cours de laquelle aucun leader occidental excepté Barack Obama n'a mentionné la contribution de l'Union soviétique à la victoire sur le nazisme. On voit mal comment la reconnaissance du rôle évident de l'Union soviétique [...] à la victoire commune de la Coalition antihitlérienne pourrait nuire à l'Amérique et la "désarmer moralement". Or, c'est précisément ainsi que Liz Cheney cherche à présenter les choses dans son article publié par le Wall-Street Journal", souligne le ministre.

D'après lui, on ne peut interpréter la tendance à instrumentaliser l'histoire suite à la chute du Mur de Berlin que comme une tentative de tracer de nouvelles lignes de partage en Europe.

"Ces tentatives sont manifestement dirigées contre la Russie", conclut le chef de la diplomatie russe.

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