La reconnaissance du génocide des Arméniens : une tempête dans un verre d’eau (médias)

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Les raisons pour lesquelles l’Arménie et la Turquie ont décidé de se rapprocher sont toujours d’actualité, écrit mercredi le quotidien Gazeta.ru.

Les raisons pour lesquelles l’Arménie et la Turquie ont décidé de se rapprocher sont toujours d’actualité, écrit mercredi le quotidien Gazeta.ru.

La Turquie aspire toujours à un rôle de leader régional et cherche à régler les problèmes des voisins. Pour l’Arménie, la Turquie est l’unique voie vers l’Europe.    

Le comité des affaires étrangères du Congrès américain a voté déjà par deux fois une résolution sur la reconnaissance du génocide des Arméniens dans l’empire ottoman. L’expérience prouve que le vote sur la résolution par la totalité du congrès n’était nullement gagné d’avance. Malgré le déchaînement des passions, toutes les parties intéressées comprennent que les motifs du conflit sont, malgré tout, artificiels.

C’est ce qui explique probablement le fait qu’après avoir fait des déclarations convenables à l’occasion, Erevan est loin de manifester son euphorie. En développant le sujet du génocide dès que l’occasion se présente, l’Arménie joue un jeu politique dans lequel on gagne à tous les coups. L’unique inconvénient de ce jeu est qu’on ne voit pas quels en sont les gains. Même si l’incroyable se produisait et que la Turquie reconnaissait, dans un élan de repentir, que ce qui est arrivé il y a 95 ans était un génocide, qu’obtiendrait Erevan dans ce triomphe de la justice historique ? Quelques jours de jubilation populaire garantiraient certainement au dirigeant chanceux sa réélection aux élections prochaines, et c’est tout. Mais l’Arménie perdra à tout jamais un prétexte permanent de rappeler son rôle dans la politique mondiale.

Certains hommes politiques turcs vexés, comme tout le monde en Turquie, par les reproches sans cesse adressées à leur pays à cause du génocide raisonnent de façon pragmatique en estimant qu’il vaut peut-être la peine de digérer cette reconnaissance et de l’oublier une fois pour toutes. Certes, c’est impossible en Turquie actuelle, ce qui épargne à l’Arménie une victoire capable de la ravaler définitivement au rang des pays-outsiders.

Puisque tout le monde comprend parfaitement que la crise actuelle est virtuelle, rares sont ceux qui puissent être trompés par l’exagération des réactions prévues. Selon le scénario, la Turquie devait prévenir que la décision du comité du congrès mettrait immanquablement en cause la réconciliation entre Ankara et Erevan. Cependant, le rapprochement turco-arménien a sa propre trajectoire et sa propre logique qui est tout à fait indépendante des passions du Congrès américain. Malgré les démarches indignées, les parties ne se hâtent pas de cesser, par exemple, les travaux de rétablissement d’un des ponts frontaliers.

Une seule question reste incertaine : faudra-t-il un nouveau décompte des voix, ou bien Barack Obama se chargera-t-il lui-même d’une nouvelle réconciliation avec la Turquie et refusera-t-il ce vote ? Du point de vue de la politique réelle, cette question est profondément secondaire.

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