Fusillade à Moukatchevo: le faux départ pour un nouveau Maïdan?

© AP PhotoDeux voitures de la police en train de brûler, Moukatchevo, Ukraine
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Des combattants de Pravy Sektor (le Secteur droit, parti de sensibilité bandériste) se sont dirigés vers Kiev afin d'y organiser des manifestations visant à faire démissionner le ministre ukrainien de l'Intérieur Arsen Avakov.

Suite aux affrontements armés entre des combattants de Pravy Sektor d'un côté et la police et des représentants des milieux d'affaires de Moukatchevo (région de Transcarpatie, ouest de l'Ukraine) de l'autre, des membres de Pravy Sektor s'apprêtent à manifester à Kiev afin de faire démissionner le ministre ukrainien de l'Intérieur.

Les raisons de l'incident, qui a causé la mort de plusieurs personnes, restent vagues.

Selon Pravy sektor, ses combattants sont arrivés à Moukatchevo afin de mener une opération visant à éradiquer le trafic illégal de cigarettes à destination de l'Europe, un business qui rapporte des milliers d'euros à ses organisateurs, dont certains représentants des autorités officielles. Les représentants des forces de l'ordre de Moukatchevo ont ouvert le feu sans crier gare.

Pourtant la police affirme le contraire.

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Les combattants croient que la fusillade est une provocation organisée à l'initiative du ministère de l'Intérieur. C'est pour cette raison que les membres de l'organisation insistent pour le renvoi d'Arsen Avakov et pour une enquête sur les activités de Mikhail Lanyo, député de la région de Transcarpatie, ainsi que de Viktor Baloga, homme politique local.

Ce dimanche, des manifestations se sont déjà tenues à Lvov et à Kharkov.

"Maïdan se déplace vers Lvov et Kharkov. Ils crient: "Révolution! Mort au régime criminel" La révolution a bien un début, mais n'a pas de fin", a fait remarquer Alexeï Pouchkov, président du Comité des relations internationales de la Douma (chambre basse du parlement russe), sur son compte Twitter.

Pour l'instant la situation reste très fragile, aucun des deux partis en désaccord ne prend de mesures radicales. Pourtant, les déclarations des représentants des autorités de Kiev démontrent l'envie de résoudre le conflit le plus vite possible.

Ainsi, le président ukrainien, Piotr Porochenko, a donné l'ordre de désarmer toutes les parties prenantes de la fusillade. Compte tenu des relations tendues entre Pravy Sektor et la milice, cet ordre pourrait signifier le soutien effectif à des actions plus fermes tournées contre cette organisation ultranationaliste ukrainienne.

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"Il faut faire une enquête sur l'ensemble de l'affaire. Il est évident qu'il faut interroger Mikhail Lanyo, Viktor Baloga, des représentants de la douane locale ainsi que du Service de sécurité d'Ukraine. Dmitri Iaroch (chef du mouvement Pravy Sektor, ndlr) et ses subordonnés devront expliquer en détail qui exactement ils ont ciblé dans le cadre de la lutte contre le trafic illégal (…). En cas contraire, cela signifie qu'ils étaient au courant de tout, mais ils ne disaient rien; qu'ils bataillaient, mais arrivaient à un accord; cette fois-ci ils n'ont pas pu se mettre d'accord, et pour cette raison ils ont ouvert le feu", a fait remarquer le député ukrainien Moustafa Naïem.

Les affrontements armés à Moukatchevo ont démontré que l'Ukraine a besoin d'une restructuration totale, a marqué sur son compte Twitter le leader du groupe de musique "Okéan Elzy", Sviatoslav Vakartchouk, originaire de cette ville ukrainienne.

"Certes, quand des groupes armés commencent à participer aux affrontements en défendant des intérêts de certains hommes d'affaires, cela atteste de la faiblesse de l'Etat", estime Elena Galkina, maître de conférences à l'Ecole des hautes études en sciences économiques.

D'autres experts semblent partager son avis. Ainsi, Vadim Karassev, directeur de l'Institut des stratégies globales de Kiev, considère que l'Ukraine fait face une fois de plus à la dictature de la rue causée par le mécontentement général sur la situation socio-économique et les tentatives des autorités nationales de concentrer le pouvoir entre leurs mains.

"Après le Maïdan et la crise dans le sud-est de l'Ukraine, il y a ceux qui considèrent que c'est à eux que le pouvoir doit appartenir… C'est un faux départ d'un putsch militaire que les autorités doivent réprimer le plus vite possible", a fait remarquer M.Karassev.

 

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