"Nous sommes consternés par les peines de prison scandaleusement disproportionnées prononcées au cours des derniers mois pour des cas de crime de lèse-majesté en Thaïlande", écrivent les Nations unies dans un communiqué publié mardi.
Les poursuites et condamnations pour lèse-majesté sont en constante augmentation depuis un peu plus d'un an.
Depuis leur prise de pouvoir par un coup d'Etat en mai 2014, les militaires ont fait de la lutte contre le crime de lèse-majesté leur cheval de bataille, dans un contexte de grande incertitude liée à la succession du roi, actuellement hospitalisé et soigné pour une infection à la poitrine et une hydrocéphalie, d'après un communiqué du palais publié lundi.
Le roi est présenté comme un demi-dieu et le bienfaiteur de la nation depuis des décennies. Le culte de sa personnalité encore renforcé depuis le coup d'Etat car le roi est vu comme le ciment d'une nation très divisée.
Dans son communiqué, l'ONU évoque les deux dernières condamnations, parlant des plus "sévères peines" infligées depuis 2006 quand les Nations unies ont commencé à suivre les procès pour lèse-majesté.
La semaine passée, un homme a été condamné à 30 ans de prison et une femme à 28 ans après avoir publié plusieurs messages sur Facebook jugés insultants pour la famille royale.
"Nous appelons à la libération immédiate" de toutes les personnes en "détention préventive prolongée pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression", ajoute l'ONU, qui demande une modification de la loi.
"Le discours impitoyable de la junte pour protéger la monarchie encourage les cyber-justiciers à traquer les suspects de crime de lèse-majesté. C'est un triste constat quand des civils sont emprisonnés pour des décennies pour avoir simplement exprimé leurs opinions", estime Andrea Giorgetta de la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH).