Les sanctions russes torpillent quatre secteurs clés de l'économie turque

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Les sanctions économiques infligées par la Russie à la Turquie en représailles à la destruction d'un de ses avions militaires vont peser sur l'économie turque, notamment le tourisme et l'agriculture, mais leur impact initial devrait rester limité.

Même s'ils s'opposent sur les crises en Syrie et en Ukraine, les échanges commerciaux entre les deux pays ont progressé ces dernières années. La Russie est le premier fournisseur de la Turquie, à cause de ses livraisons de gaz, et son troisième client.

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Il y a un an, les présidents Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine s'étaient promis de tripler le volume de leurs échanges pour les faire passer de 32 milliards de dollars en 2013 à 100 milliards à l'horizon 2023.

Cet objectif semble aujourd'hui hors d'atteinte. La récente crise "est un revers majeur après une décennie d'efforts pour construire un partenariat commercial et énergétique", juge Lilit Gevorgyan, économiste à IHS Global Insight.

"L'impact économique des sanctions russes (…) sera probablement limité", juge toutefois William Jackson, de Capital Economics, en chiffrant les pertes turques à 4 à 4,5 milliards de dollars, soit 0,5% de son produit intérieur brut, rapporte l`AFP.

Voici les quatre secteurs turcs les plus menacés par les représailles russes:

Tourisme

C'est la première cible du président Vladimir Poutine, la plus évidente. La Russie fournit le deuxième contingent de visiteurs annuel de la Turquie, derrière l'Allemagne: 4,12 millions en 2013 et 4,3 millions l'an dernier.

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Avant même l'incident aérien, la dévaluation du rouble avait ralenti le flux des touristes russes vers leurs stations balnéaires turques favorites comme Antalya (sud). Selon les statistiques turques, leur nombre n'atteignait que 3,5 millions fin octobre, soit une baisse de 19% par rapport à la même période de l'année précédente.

L'appel au boycott lancé par Moscou à ses concitoyens risque d'aggraver cette tendance, dont les conséquences devraient toutefois rester marginales.

"En prenant un exemple extrême, si aucun touriste russe ne venait en Turquie pendant toute l'année 2016, les pertes du secteur pourraient tourner autour de 3 milliards de dollars, soit 0,4% de son PIB", avance William Jackson.

Agriculture

Le vice-Premier ministre russe Arkadi Dvorkovitch a annoncé lundi que son embargo viserait d'abord les fruits et légumes turcs.

Les exportations de produits alimentaires turcs ont largement bénéficié de l'embargo décrété par Moscou contre les agriculteurs européens, en représailles aux sanctions financières de Bruxelles pour cause de crise ukrainienne. En 2014, le commerce bilatéral a progressé de 19% avec l'essor des exportations turques, à 4 milliards de dollars.

Là encore, les sommes en jeu sont limitées et, surtout, les mesures imposées par Moscou pourraient par ricochet aussi gêner son propre marché.

"Les producteurs turcs et les consommateurs russes vont sentir la différence", juge Lilit Gevorgyan, "les restrictions sur les produits turcs vont provoquer un effet inflationniste sur l'indice des prix déjà élevé de la Russie".

Energie

La Russie est le principal fournisseur d'énergie de la Turquie (55% de ses besoins en gaz et 30% de ceux en pétrole) mais n'envisage pas pour l'instant de frapper le gouvernement islamo-conservateur turc dans ce secteur.

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Son ministre de l'Economie Alexei Oulyoukayev n'a cependant pas exclu de viser deux projets d'infrastructure géants qui tardent déjà à démarrer et sur lesquels Ankara mise beaucoup.

Il s'agit de la première centrale nucléaire turque, dont la première pierre a été posée en avril à Akkuyu (sud) pour une entrée en service en 2020 (19 milliards d'euros) et du gazoduc Turkstream, censé remplacer le projet abandonné South Stream et permettre à Moscou de livrer son gaz en Europe sans passer par l'Ukraine.

Travaux publics

En 2014, environ 35% des marchés du bâtiment et des travaux publics attribués par la Russie à des entreprises étrangères l'ont été à des groupes turcs, selon des statistiques de la banque centrale russe. La Turquie a notamment largement profité des chantiers engagés pour les Jeux olympiques d'hiver de Sotchi l'an dernier.

Le numéro 2 du gouvernement russe Igor Chouvalov a déclaré lundi que, si les contrats signés avec les Turcs avant le 31 décembre étaient tous honorés, tout nouveau projet serait ensuite soumis à l'approbation des autorités.

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