Un an après Minsk 2, trois scénarios pour le Donbass

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Un an après la signature des accords de Minsk 2 pour le processus de paix et la transition politique en Ukraine, les armements lourds ont été retirés de la ligne de démarcation, les affrontements actifs ont cessé, la sécurité s'est légèrement améliorée et plusieurs échanges de prisonniers ont eu lieu.

Tous les termes n'en ont pourtant pas encore été remplis. La situation dans le Donbass pourrait donc évoluer selon trois scénarios: la mise en œuvre des accords cette année, l'aggravation ou le gel du conflit.

Le processus de paix retardé

Initialement, les engagements pris dans Minsk 2 en février 2015 devaient être remplis dans l'année, mais étant donné que les parties n'y sont pas parvenues le document a été prolongé jusqu'en 2016.

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Le président ukrainien Petro Porochenko a dit espérer que les accords seraient remplis "au premier semestre" et associe leur mise en œuvre avec l'adoption, en deuxième lecture, de la réforme constitutionnelle pour la décentralisation par le parlement ukrainien. Elle implique des particularités d'autogestion locale dans certaines zones des régions de Donetsk et de Lougansk qui ne sont pas actuellement contrôlées par Kiev. Cependant, le nombre suffisant de voix pour adopter ces amendements n'a pas été réuni.

Des avancées ont tout de même été enregistrées — les armements lourds ont été retirés de la ligne de démarcation, les affrontements actifs ont cessé, la sécurité s'est légèrement améliorée et plusieurs échanges de prisonniers ont eu lieu.

Restent en suspens plusieurs questions relatives au processus de paix politique, notamment les conditions d'organisation des élections sur les territoires du Donbass non contrôlés par Kiev. Les belligérants ne s'entendent pas non plus sur la succession des étapes pour la mise en œuvre de Minsk 2. Avant d'organiser les élections dans le Donbass, Kiev veut qu'un cessez-le-feu à part entière soit instauré, que le contrôle sur la frontière nationale dans les régions de Donetsk et de Lougansk soit rétabli, et que les partis ukrainiens soient admis aux élections.

Les républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk (DNR et LNR), quant à elles, exigent d'abord l'adoption d'amendements à la Constitution ukrainienne qui octroieraient à la région un statut particulier, et la proclamation d'une amnistie pour les participants aux événements dans le Donbass. Les autorités des DNR et LNR estiment également que le contrôle de la frontière pourrait être remis à Kiev seulement après les élections.

Scénario 1: la mise en œuvre de Minsk 2

Bien que les experts reconnaissent les accords de Minsk comme l'unique moyen de régler le conflit, ils estiment que les chances de les mettre en œuvre cette année sont minces.

Rouslan Bortnik, directeur de l'Institut ukrainien d'analyse et de management politique, a déclaré à RIA Novosti être certain que les accords "seraient remplis, mais pas avant un ou deux ans".

"Ils subiront probablement des changements mais devraient être complètement appliqués en 2017-2018. Les conditions ne sont pas réunies aujourd'hui", a-t-il précisé.

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Certains experts ukrainiens pensent que les accords de Minsk doivent être mis au point. L'Institut ukrainien de politique mondiale, par exemple, a publié jeudi un rapport dans lequel les spécialistes analysent le règlement des conflits dans le monde.

Il conclut que "les accords de Minsk ne tiennent pas compte des meilleures pratiques de règlement de conflits et ne proposent pas un algorithme efficace: ils doivent donc être revus".

En début d'année, Roman Bessmertny, représentant de Kiev au sein du sous-groupe politique pour le Donbass, a déclaré que la préparation de Minsk 3 avait commencé en Ukraine. Il estime que Minsk 2 "ne correspond même pas à 50% des problématiques actuelles dans le Donbass".

Cependant, le président ukrainien Petro Porochenko a réfuté cette prétendue préparation de Minsk 3 et dit espérer qu'elle n'aurait jamais lieu d'être. Selon lui, il est nécessaire d'élaborer une feuille de route pour que les accords de Minsk 2 soit appliqués point par point.

Scénario 2: la poursuite des opérations

Rouslan Bortnik n'exclut pas une escalade du conflit mais, d'après l'expert, elle ne serait bénéfique pour aucune des parties.

"Une escalade du conflit est probable mais sa probabilité est très faible: personne n'en tirerait bénéfice. Il existe des problèmes plus graves vers lesquels il faut orienter les ressources politiques et économiques. C'est pourquoi une brève escalade est possible en tant qu'élément de stimulation d'un règlement politique", analyse-t-il.

Selon Nikolaï Soungourovski, directeur des programmes militaires du centre ukrainien Razoumkov, une escalade du conflit pourrait survenir avant cet automne.

"Ce scénario me paraît plausible et dangereux. Je pense que cette année malheureusement, on aura de nouveau recours à la force", a-t-il déclaré à RIA Novosti.

Nikolaï Soungourovski associe la détérioration de la situation aux préparatifs des élections sur les territoires du Donbass non contrôlés par Kiev.

Scénario 3: le gel du conflit

Selon les experts, on devrait surtout s'attendre cette année à un gel du conflit et à la poursuite des négociations.

D'après Rouslan Bortnik, les conditions "ne sont pas encore réunies pour la mise en œuvre des accords de Minsk" et les belligérants "chercheront un compromis".

"Je pense que cette année, nous devrions assister à un gel du conflit. Mais ce ne sera pas un statu quo total: on assistera à la poursuite des négociations sans résultat concret. Autrement dit, la situation actuelle est un parfait exemple de gel de conflit", suppose-t-il.

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Nikolaï Soungourovski n'écarte pas non plus ce scénario. Selon lui, pour entrer dans cette phase il suffirait de réduire le niveau de soutien de Kiev par l'Occident.

"Pour geler le conflit, il faudrait que l'Occident diminue son aide à Kiev. Car l'Ukraine n'arrivera pas à régler le conflit par ses propres moyens. Le fait que nous (Ukraine) accroissions nos capacités de défense montre que les parties n'arrivent à aucun résultat par la force militaire. En ajoutant à cela l'inactivité de l'Occident, les négociations n'auraient plus d'objet et le conflit serait gelé", pense l'expert militaire.

Il pense que pour Kiev ce scénario est inacceptable, de la même manière que l'escalade du conflit.

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