Les journalistes occidentaux doivent dépeindre une Russie qui en bave

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Des journalistes occidentaux confient que leurs supérieurs leur enjoignent d'écrire sur les souffrances des habitants de Russie en raison des sanctions de l'Occident, témoigne le journaliste allemand Ulrich Heyden.

Le 1er février, Canal+ a diffusé un documentaire de Paul Moreira intitulé "Ukraine: les masques de la révolution" consacré à la tragédie survenue en mai 2014 à Odessa, en Ukraine, alors que plus de 40 personnes ont été tuées dans un incendie provoqué par les nationalistes ukrainiens.

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Le film de Paul Moreira n'est pas le premier à traiter de ce sujet en Occident. Dès 2015, son collègue allemand Ulrich Heyden avait déjà tenté, sans beaucoup de succès d'ailleurs, de diffuser le sien.

Dans une interview accordée au quotidien Komsomolskaïa pravda à l'occasion du deuxième anniversaire du coup d'Etat en Ukraine, M.Heyden a avoué avoir compris dès le début que le mouvement de protestation en Ukraine, avec lequel il sympathisait, conduirait à quelque chose d'antipathique et dangereux.

Il a dit à ce propos qu'au début les médias occidentaux, allemands notamment, présentaient l'EuroMaïdan en rose, comme quelque chose de positif, comme une lutte pour la démocratie et les valeurs européennes. Aujourd'hui, cette euphorie a disparu et a cédé la place au silence: silence sur la démission du ministre de l'Economie de nationalité lituanienne, sur la dégradation du niveau de vie des Ukrainiens, sur les exactions des nationalistes ukrainiens.

"Je croyais que l'EuroMaïdan était un mouvement civil avançant des revendications légales. Contre la corruption. Ils voulaient vivre comme en Europe. Cela ne signifiait pas qu'ils voulaient une guerre contre la Russie. Mais ces gens ont été trompés par des marionnettistes. Celui qui veut rompre les liens culturels et économiques avec la Russie est fou. Parce que cela signifie, entre autres, des emplois. Je suis sûr que de nombreux Ukrainiens regrettent déjà d'avoir participé à l'EuroMaïdan", estime Ulrich Heyden.

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Il signale que les rédacteurs en chef occidentaux ne sont plus intéressés par les problèmes de la population ukrainienne. Ce qui les intéresse, c'est Bruxelles, Moscou et Washington.

A la question de savoir s'il avait été frappé de sanctions à cause de ses articles qui ne s'inscrivaient pas dans le mainstream général, il a répondu que c'était en effet pour cette raison que son journal avait rompu le contrat avec lui.

"J'ai vécu une expérience immense, je me suis rendu dans la quasi-totalité des ex-républiques soviétiques. Les journalistes comme moi sont peu nombreux. Limoger quelqu'un comme moi signifie qu'il y a quelque chose de plus important que les connaissances réelles sur la Russie. Je constate que les bureaux de nombreux journaux ferment à Moscou, comme si la Russie n'avait pas d'importance", dit Ulrich Heyden.

Il ajoute que de nombreux collègues lui ont raconté que leurs rédacteurs exigeaient qu'ils écrivent des articles sur l'opposition réprimée par Poutine et les souffrances des Russes suite aux sanctions occidentales.

Il constate avec regret que les journalistes allemands qui travaillent en Russie et critiquent peu Poutine soient suspects et qu'ils doivent se justifier.

"Telle est notre réalité allemande", conclut Ulrich Heyden. 


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