La Turquie change d'ennemis après chaque attentat

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Le quotidien Star, proche du gouvernement turc, a accusé le président russe Vladimir Poutine d'avoir organisé l'attentat récemment perpétré à Ankara. Cette publication, qui abonde en propos virulents et en affirmations catégoriques, ne fournit aucune preuve à l'appui de cette thèse.

Le journal Star a publié mercredi un article selon lequel la Russie était derrière l'attentat d'Ankara qui a fait 37 morts. Intitulé "La main de Poutine", l'article affirme que cette attaque terroriste représentait une vengeance de Moscou pour l'avion russe abattu par la Turquie.

© Photo Capture d'écran Le journal Star a publié mercredi un article selon lequel la Russie était derrière l'attentat d'Ankara
Le journal Star a publié mercredi un article selon lequel la Russie était derrière l'attentat d'Ankara - Sputnik Afrique
Le journal Star a publié mercredi un article selon lequel la Russie était derrière l'attentat d'Ankara

"Ce n'est pas une simple coïncidence si le deuxième attentat d'Ankara a été perpétré à la veille d'une visite du président Erdogan en Azerbaïdjan. La Russie, qui coopère ouvertement avec le PKK et le PYD [Parti de l'union démocratique kurde, ndlr] et qui a menacé de se venger pour l'avion abattu, est le principal suspect dans l'organisation de l'attentat", indique le journal. Il affirme en outre qu'une enquête est en cours sur l'implication de la Russie dans deux autres attaques terroristes commises à Istanbul et à Ankara.

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Le quotidien a également qualifié de "suspect" le fait que le président russe Vladimir Poutine avait été le premier parmi les leaders mondiaux à avoir adressé ses condoléances au peuple turc. Il est d'ailleurs à noter que le chef de l'Etat russe avait également été le premier à adresser son soutien à la Turquie après l'explosion perpétrée l'été dernier lors d'une manifestation pacifique dans la capitale turque. Cette initiative avait été accueillie favorablement par le journal Star.

Moscou n'est pas le seul à être accusé d'attaques terroristes contre la Turquie. L'un des attentats les plus sanglants dans l'histoire du pays a eu lieu en mai 2013 à Reyhanli, à la frontière turco-syrienne. Le président Erdogan n'avait pas tardé à en rejeter la responsabilité sur Damas. "Nous disposons de documents et d'informations montrant que cette attaque est l'œuvre des dirigeants syriens", avait alors martelé le président turc. D'après Ankara, l'attentat avait pour but de "faire échouer le règlement pacifique du problème kurde".

Les informations publiées un peu plus tard ont révélé le nom de Heysem Topalca, homme lié à l'Organisation nationale du renseignement turc (MIT). Lors de l'enquête, il a été établi que M. Topalca avait transféré des véhicules truffés d'explosifs à Reyhanli. Les éléments ayant transpiré dans les médias après l'attentat attestaient que les dirigeants turcs étaient au courant de sa préparation, mais qu'ils n'avaient rien fait pour l'empêcher.

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Un autre attentat a été commis en juillet 2015 dans la ville de Suruç, faisant 33 morts. L'attaque a été perpétrée par un kamikaze lors d'une rencontre de volontaires de la Fédération des associations de jeunes socialistes réunis pour envoyer de l'aide humanitaire à Kobané. Les journaux pro-gouvernementaux, dont Star, ont immédiatement accusé Daech (Etat islamique), mais aucun d'entre eux ne s'est posé la question de savoir comment un terroriste de Daech avait pu pénétrer dans les rangs des militants de la gauche surveillés en permanence par la police et les services de renseignement turcs.

L'attentat le plus sanglant dans l'histoire turque a été perpétré en 2015 à Ankara lors d'un rassemblement pacifique. Le maire d'Ankara, Melih Gökçek, a accusé le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le Parti démocratique du peuple kurde (DEHAP). Le président Erdogan est allé encore plus loin en imputant ce crime à la fois à Daech, aux services de renseignement syriens et au Parti de l'union démocratique kurde (PYD).

La presse d'opposition a contesté ces allégations. Selon Cemile Bayraktar, journaliste du journal Yeni Şafak, "les attentats perpétrés dans le pays lors de rassemblements pacifiques n'ont qu'un seul organisateur: celui qui s'efforce d'utiliser les explosions pour franchir la barrière électorale".

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