Elles ont notamment abaissé 637 fois leur taux directeur et dépensé au total 12 300 milliards de dollars pour acheter des actifs dans le cadre des programmes d'assouplissement quantitatif. Sans grand succès.
Les économistes pensent que ces mesures de stimulation économique sont dépassées et que de nouveaux outils sont nécessaires. L'agence Bloomberg évoque notamment la piste de l'"helicopter drop", ou "jet d'argent par hélicoptère".
Les banques Citigroup, HSBC et Commerzbank ont des raisons de croire que la "monnaie hélicoptère" pourrait devenir un outil réel de stimulation de l'économie: elles reprennent l'idée dans leurs rapports aux investisseurs depuis deux semaines. Plus tôt, ce sujet avait été mentionné par le responsable du fonds d'investissement Bridgewater et l'un des plus grands investisseurs des USA, Ray Dalio: il avait dit en février que la distribution directe d'argent aux ménages pourrait constituer le "prochain grand pas de la politique monétaire américaine".
Cette idée a également été évoquée par le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, qui a déclaré en mars 2016 qu'il s'agissait d'un "concept intéressant", même si le régulateur européen "n'étudiait pas sérieusement la monnaie hélicoptère". Peter Praet, membre du conseil d'administration et économiste en chef de la BCE, a également dit en interview que "théoriquement, toute banque centrale pouvait imprimer des billets et les distribuer à la population, la question étant seulement de savoir si cette démarche extraordinaire serait opportune".
Les grandes économies actuelles n'ont jamais eu recours à la "monnaie hélicoptère", écrit Bloomberg, même si en 2002 le président de la Réserve fédérale des USA (Fed) Ben Bernanke avait déclaré que "cela pourrait être très certainement une stimulation efficace de la consommation et, par conséquent, des prix". Cette déclaration avait immédiatement valu au chef de la Fed le surnom de "Ben l'hélicoptère". Mais aujourd'hui que l'inflation est gelée, les débats reprennent. Ceux qui critiquent cette approche soulignent qu'un afflux monétaire dans l'économie rendrait l'inflation incontrôlée, gonflerait la dette publique et "creuserait d'énormes trous dans les capitaux des banques centrales". Même ceux qui parlent de la "monnaie hélicoptère" avec confiance soulignent qu'il est peu probable que cette mesure soit appliquée à court terme.
Mais l'histoire a déjà montré que dans des conditions extrêmes, les banques centrales revenaient parfois aux idées rejetées autrefois. "C'est la leçon de ces dernières années. Cette politique, qui semblait inimaginable jusque là et cantonnée à la théorie, pourrait devenir réalité si les circonstances économiques extraordinaires se maintenaient assez longtemps", explique Jonathan Loynes de Capital Economics. En d'autres termes, écrit Mark Gilbert de Bloomberg View, "quand plus rien ne fonctionne l'idée de jeter de l'argent par hélicoptère ne semble plus aussi insensée".