Viols d'enfants en Turquie: le résultat du lavage de cerveau?

© AP Photo / Muhammed MuheisenEnfants
Enfants - Sputnik Afrique
S'abonner
45 enfants ont été violés dans des établissements scolaires en Turquie, un constat qui suscite une unique question: quel est le problème avec le système éducatif turc? Ce sont les manipulations du parti au pouvoir, son "ingénierie sociale" qui sont à blâmer, répond le journaliste turc Murat Aksoy dans un entretien à Sputnik.
Police afghane - Sputnik Afrique
Viols d’enfants en Afghanistan: le Pentagone dans la tourmente

Suite aux viols d'enfants dans des écoles appartenant au Fonds Ansar dans la ville de Karaman (région de l'Anatolie centrale), la polémique a enflé autour du système éducatif turc. Selon l'observateur Murat Aksoy, qui s'est depuis longtemps occupé des problèmes de l'enseignement dans le pays, la faute revient au parti au pouvoir, le  Parti de la justice et du développement (AKP), qui met au point une soi-disant ingénierie sociale, en aspirant à baisser le niveau d'instruction générale en Turquie.

Comment? En créant de multiples fonds et écoles des imams-khatibs, en menant une islamisation du peuple. L'activité des fonds joue un rôle important dans le renforcement du pouvoir de l'AKP.

La stratégie d'endoctrinement: trois étapes

"Le parti au pouvoir prend des mesures pour renforcer au maximum ses positions et son influence à tous les niveaux du système éducatif en Turquie, pour pouvoir influer, dans la direction nécessaire, sur la conscience de chaque individu capturé dans ce système", raconte M. Aksoy à Sputnik.

Cette stratégie de l'AKP peut être subdivisée en trois étapes. Le premier pas consiste à augmenter le nombre d'écoles religieuses et de lycées des imams-khatibs. Pour y parvenir, le gouvernement a introduit une réforme éducative spéciale qui a supprimé la plupart des écoles laïques d'enseignement général pour qu'elles soient remplacées par des écoles et lycées religieux à l'instar des écoles des imams-khatibs en Anatolie.

Centrafrique - Sputnik Afrique
Viols d'enfants en Centrafrique: l'Onu lance une enquête

La deuxième étape concerne les cours supplémentaires consacrés à l'enseignement religieux, à la vie du prophète Mohammed. Si jadis ces cours étaient facultatifs, désormais ils sont devenus presqu'obligatoires. Ils font, par exemple, partie du programme éducatif obligatoire à l'école primaire.

"Les écoliers qui refusent de fréquenter ces cours, se heurtent à de graves problèmes, à une pression de la part des enseignants", explique M. Aksoy.

Les programmes éducatifs des écoles primaires, secondaires et des lycées sont axés sur la religion, poursuit-il.

Troisièmement, le pouvoir se sert des dortoirs dans sa stratégie. C'est dans les dortoirs que les élèves passent la plupart de leur temps en dehors des bâtiments scolaires. Toutefois, selon la législation turque, les élèves des écoles primaires et secondaires ne peuvent pas demeurer dans ces dortoirs. C'est pourquoi la majorité d'entre eux fonctionnent illégalement, sans contrôle des autorités.

"Entre-temps, ces établissements jouent un rôle éminent: les étudiants subissent un lavage de cerveau. Et c'est par les dortoirs que la vie et que la perception de vie de la plupart des élèves se forment sur une base religieuse, avec tout ce que cela implique", souligne l'interlocuteur de Sputnik.

Naguère, les fonds, les organisations non-gouvernementales et diverses sociétés s'en occupaient à titre bénévole. Aujourd'hui, cette activité a pourtant revêtu le caractère officiel.

L'AKP incontrôlable

Le Parti de la justice et du développement est à l'heure actuelle sa propre mauvaise copie d'elle-même de la période précédente. Pour renforcer ses positions, il a totalement abandonné les normes démocratiques dont il parlait jadis.

Обнаженная женщина - Sputnik Afrique
France: le nombre de viols dénoncés aux autorités a augmenté de 18% en 5 ans

A son avènement au pouvoir, l'AKP critiquait sans cesse le passé. Mais ses actions d'aujourd'hui, à tous les échelons de la vie de la société, font se souvenir du passé avec tristesse et nostalgie, fait remarquer M. Aksoy.

Le gouvernement qualifie d'ennemi, de traître ou d'élément dangereux n'importe qui qui a un point de vue différent de celui de ce premier et qui se permet de l'exprimer. Ces mêmes députés de l'AKP utilisent ensuite dans leurs déclarations la notion de "peuple", faisant semblant qu'ils s'en préoccupent. Mais, en disant "peuple", ils ne sous-entendent qu'eux-mêmes.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала