En Irak, des Français entraînent les forces spéciales contre l'EI

© AFP 2023 Behrouz Mehriforces spéciales irakiennes
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Fer de lance dans le combat contre le groupe Etat islamique (EI) des commandos des forces spéciales irakiennes, encadrés par des militaires français, se préparent à reconquérir les territoires aux mains des djihadistes, dont la ville de Mossoul.

"Je vous présente la situation pour la mission d'aujourd'hui", décline le lieutenant Florian devant une dizaine de "stagiaires" penchés au-dessus d'une maquette matérialisant bâtiments, routes et pistes.

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"Vous êtes dans les environs de Ramadi (reprise en décembre par les forces irakiennes). Une de vos équipes a observé une usine à IED (engins explosifs improvisés)", résume l'instructeur français, béret rouge de parachutiste vissé sur la tête, dans un camp militaire de Bagdad, rapporte l'AFP.

Il va falloir s'approcher de l'usine, vérifier les bâtiments avoisinants et sécuriser les voies d'accès, y compris pour l'éventuelle évacuation de blessés.

"Ok", répondent en coeur les commandos du Service de contreterrorisme irakien (ICTS), une unité d'élite relevant directement du premier ministre Haydar al Abadi.

Leur ennemi numéro un ce sont les IED, des pièges contenant des explosifs fabriqués de manière artisanale par l'EI, comme par les taliban en Afghanistan ou les djihadistes d'al-Qaïda au Mali.

Ces pièges, dissimulés dans des bulldozers, des ceintures explosives ou des casseroles, causent jusqu'à 80% des pertes dans les forces irakiennes qui combattent l'EI, selon des estimations.

Les djihadistes bourrent d'IED les maisons qu'ils doivent abandonner, attaquent les checkpoints avec des voitures piégées ou se font exploser dans des lieux publics.

"Ici attention à la route en terre. Il est probable qu'elle est minée avec des IED", avertit le lieutenant Florian, avant de s'assurer que les connaissances de base pour déjouer ces pièges sont acquises.

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Au signal de l'instructeur, les recrues de l'ICTS, fusil mitrailleur à la main, sautent dans d'antiques Humvee américains au blindage renforcé et commencent à mettre en pratique leur apprentissage.

Bientôt, elles seront déployées sur les prochains objectifs fixés contre l'EI, à l'ouest de Bagdad ou dans le nord, où Mossoul, la deuxième ville du pays, est l'objectif suprême pour 2016.

Environ 150 militaires français forment les forces de l'ICTS à la lutte anti-IED ou au combat en zone urbaine et conseillent l'état-major de la 6e division d'infanterie irakienne à Bagdad. Ils sont environ autant dans le nord de l'Irak, auprès des peshmergas kurdes.

Petite "french touch", les paras français sont stationnés dans le camp de l'ICTS. Ils mangent et dorment dans les mêmes locaux que les Irakiens là où l'US Army est retranchée dans son "bunker".

Les Français assurent environ 10% de l'effort de formation des Irakiens au sein de la coalition anti-EI pilotée par les Etats-Unis. Cette assistance militaire, même modeste, leur donne accès à de précieux renseignements pour apprécier la situation sur le terrain.

"On apprend de ces soldats quand ils reviennent du front", explique le colonel Renaud Sénétaire, qui commande le détachement chargé de la formation à l'ICTS.

De plus en plus sous pression, "Daech (acronyme arabe de l'EI) bascule vers une stratégie d'économie des moyens, une politique de la terre brûlée, avec prises d'otages et exécutions en masse, explosions, +suicide bombers+ et tirs chimiques", ajoute-t-il.

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Le groupe, qui a perdu 40% du territoire conquis en 2014, ne peut plus concentrer de forces sans se heurter à des frappes de la coalition. "Ils sont donc dans le harcèlement, le +hit and run+ (toucher et partir en courant), essaient d'être insaisissables", résume l'amiral Antoine Beaussant, commandant de la zone maritime de l'océan Indien (ALINDIEN) au sein de l'armée française.

Pour le jeune Abbas, 17 ans, originaire de Bagdad, ces quatre semaines de stage chez les Français n'ont pas de prix.

"Quand on a mis les pieds ici, on ne savait rien faire. On sent qu'on progresse de jour en jour", assure-t-il, alors qu'il s'apprête à rejoindre trois de ses frères sur le front.

La plupart des recrues étaient comme lui des ouvriers, des chauffeurs de taxi… Mieux rémunérés que l'armée régulière, ils sont aussi dans l'immense majorité chiites, comme le Premier ministre al-Abadi.

"J'ai appris à avoir le courage d'aller combattre. On a appris à tirer les yeux fermés! Aujourd'hui c'est mon devoir de combattre de Daech", lance, un brin défiant, Abbas.

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