Lors de la guerre froide, presque tous les analystes s'accordaient pour dire que si Moscou et Washington s'abstenaient de s'anéantir mutuellement à l'aide d'armes nucléaires, l'Europe deviendrait le nouveau théâtre d'une guerre mondiale, la troisième donc.
Lorsque la guerre froide s'est peu à peu transformée en une guerre chaude, les combats se sont déportés en Asie, où l'Union soviétique menait une guerre par adversaires interposés avec les Etats-Unis, les deux Etats recourant à tous les instruments disponibles pour influer sur le sort de la Chine. Rares étaient ceux qui croyaient que le théâtre pacifique serait décisif dans la troisième guerre mondiale, mais les Etats-Unis et l'URSS se préparaient à un conflit inévitable dans cette région.
Les analystes se penchaient beaucoup moins sur la planification de la troisième guerre mondiale en Asie que sur le théâtre européen. Mais dans les années 1970 et 1980, le Naval War College des Etats-Unis a tracé l'évolution potentielle du conflit en Asie de l'Est.
Selon les analystes, le conflit aurait pu engager la Chine, le Japon, la Corée et les pays d'Asie du Sud-Est, notamment le Vietnam.
Le Japon, de son côté, possédait un potentiel économique et militaire considérable mais aussi une position géographique de premier ordre. En se rangeant du côté de Washington, Tokyo aurait pu nuire efficacement aux manœuvres de la flotte soviétique du Pacifique, tout en permettant aux Etats-Unis de frapper l'Extrême-Orient russe. Si Tokyo avait pris une position neutre, ces possibilités auraient été limitées, mais le pays aurait pu accorder à l'Otan une base économique plus sûre en cas de guerre de longue durée.
D'autre part, les pays de la péninsule coréenne auraient pu jouer leur rôle dans le conflit qui aurait pu éclater entre les Etats-Unis et l'URSS dans la région.
L'Union soviétique avait un autre allié en Asie de l'Est, à savoir le Vietnam. Mais Moscou ne pouvait pas lui accorder un soutien contre la Chine ou les Etats-Unis. Le pays, déjà en grande partie controlé par le Laos et le Cambodge, ne pouvait pas proposer grand-chose. Mais ni Pékin ni Washington n'étaient intéressés à la reprise du conflit dans cette zone. Néanmoins, Hanoï aurait pu porter un préjudice aux alliés des Etats-Unis dans la région.
Les parties intéressées ont eu de la chance que les tensions n'aient jamais dégénéré en un conflit ouvert.