Au Yémen, l'Onu "ne veut pas accuser encore plus l'Arabie Saoudite"

© REUTERS / Anees MahyoubAu Yémen, l'Onu "ne veut pas accuser encore plus l'Arabie Saoudite"
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Aujourd'hui, alors que le Yémen se trouve au cœur d'une actualité brulante, les organisations humanitaires font de leur mieux pour aider les Yéménites, pourtant plusieurs d'entre elles (comme Médecins du Monde et MSF) sont obligées de quitter le pays, craignant pour la vie de leurs membres. Ne serait-ce pas justement le but de l'Arabie Saoudite?

Dans une interview accordée à Sputnik, François Frison-Roche, expert de la gouvernance au Yémen, directeur du projet "Aide à la transition démocratique au Yémen" au sein de l'ambassade de France au Yémen entre septembre 2012 et août 2014, donne son avis au sujet de la stratégie de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite sur le territoire du Yémen.

D'après lui, l'objectif final de l'Arabie saoudite "c'est de renvoyer le Yémen trente ans en arrière", puisque "par la suite, ça lui facilitera certainement la tâche pour dominer ce pays et lui imposer une certaine ligne."

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Le fait que plusieurs organisations humanitaires soient obligées de quitter le pays expose d'autant plus les blessés, qui, selon M.Frison-Roche, "finiront par mourir", puisqu'il n'y a "plus de soins" sur place. Il en est certain, les chiffres officiels sur le nombre des victimes (fin août le chiffre de 10.000 tués dans les bombardements des Saoudiens depuis 18 mois) sont minorés et les pertes sont en réalité épouvantables:

"Il y a quand même très peu de représentants de l'Onu sur place. Ces représentants peuvent donner des indications là où ils sont, mais certainement pas sur la totalité du territoire. Ces bombardements ont très probablement fait plus de dix mille morts. […] Mais ces chiffres-là sont d'une façon ou d'une autre totalement minorés, c'est évident".

Et de poursuivre:

"Je crois véritablement que ce pays est bien plus atteint qu'on veut le dire maintenant parce que l'Onu ne veut pas jeter de l'huile sur le feu et ne veut pas mettre en accusation encore plus l'Arabie saoudite, qui est l'acteur principal dans cette affaire. Donc, voilà, on va minorer les chiffres pour ne pas s'attirer les foudres des Saoudiens et de l'ensemble des monarchies pétrolières du Golfe."

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La question du danger de la vente d'armes aux Saoudiens n'est pas nouvelle, mais il n'y a pas forcément d'avancée pour autant. Les USA en vendent, la Grande Bretagne en vend, la France en vend… D'après François Frison-Roche, le danger est là, au même titre que les responsabilités:

"S'il y a 10.000 morts au Yémen, c'est en partie à cause des bombes à fragmentation qui ont été déversées sur ce malheureux pays, et ces bombes à fragmentation, elles viennent des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Evidemment que la communauté internationale, comme on dit dans un euphémisme, ne voudrait pas trop parler du Yémen parce qu'ils sont directement mis en cause. Ce sont eux qui vendent les armes à l'Arabie saoudite".

Ces pays démocratiques qui prônent le respect des Droits de l'Homme, ne devraient pas seulement penser leurs relations économiques extérieures mais aussi aux responsabilités que ce genre de commerce implique. En attendant, les représentants de l'Onu sur place font leur travail et préparent des rapports en comptant les morts par milliers.

 

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