«Après Mossoul, Raqqa», ou l'incroyable optimisme de François Hollande

© AP Photo / Stephane de SakutinFrançois Hollande, presidente de Francia
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En visite en Irak, François Hollande s'est dit optimiste quant au progrès ultérieur en matière de lutte antiterroriste en 2017. Pourtant, sur fond de ralentissement des opérations à Raqqa et à Mossoul, ses propos paraissent quelque peu surréalistes.

Comme prévu, le président de la République s'est rendu lundi en Irak pour saluer les soldats français engagés dans la lutte contre Daech. Étonnamment optimiste, M. Hollande a prédit que 2017 serait une « année de victoire contre le terrorisme ». D'ailleurs, il a annoncé que le prochain objectif — visiblement une fois Mossoul libéré — « c'est Raqqa », ajoutant que « la France participe à la coalition aussi bien en Irak qu'en Syrie ». Pourtant, seule la Russie a été officiellement mandatée par le président syrien démocratiquement élu pour intervenir en Syrie.

Mais l'offensive à Mossoul a-t-elle vraiment progressé ces derniers temps? Revenons-en aux faits.

L'offensive sur Mossoul

En octobre 2016, le premier ministre irakien Haider al-Abadi a annoncé le lancement de l'opération de libération de Mossoul (le 17 octobre exactement). Outre les militaires irakiens, des milices locales et l'artillerie américaines y ont été engagées.

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La campagne a tout d'abord été saluée avec euphorie, et pour cause : les forces irakiennes ont rapidement évoqué de grandes pertes imposées aux terroristes et ont affirmé avoir repris le contrôle de l'ancienne ville de Nimroud, située au sud-est de Mossoul. Sur fond de ces succès, la Turquie a exprimé sa détermination à participer à l'opération, ayant visiblement des motifs bien précis pour le faire.

Or, la progression n'a pas duré longtemps. Daech a répliqué en utilisant ses kamikazes contre l'armée irakienne et en plaçant des voitures piégées un peu partout à l'intérieur de la ville. Après quelques jours de « succès », le monde a découvert avec étonnement qu'on était encore bien loin d'un début de libération de la ville.

Puis, les déconvenues se multiplient : les terroristes utilisent les civils comme bouclier humain, une des frappes de la coalition dirigée par les États-Unis tue une famille de huit personnes participant à une procession funéraire. En effet, les raids de la coalition s'avèrent avoir frappé davantage de civils — on parlait d'au moins 60 morts et 200 blessés à la fin du mois d'octobre. Une façon bien curieuse de faire état d'une progression et des succès…

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Petit à petit, la communauté internationale commence à reconnaître les ratés de l'opération de Mossoul. Un mois après, les combats font toujours rage malgré l'appui de la coalition internationale sous commandement américain, des Peshmergas kurdes et des milices chiites. Il n'y a toujours pas de progression substantielle en direction de la ville, certains constatent même un recul des troupes de la coalition sous le coup des contre-attaques des terroristes de Daech.

La coalition annonce à plusieurs reprises le « prochain » lancement de la deuxième phase de l'offensive. La bataille reprend finalement fin décembre après une pause de presqu'un mois. Mossoul salue donc 2017 comme elle avait commencé 2016 et 2015 : aux mains des terroristes.

L'assaut à Raqqa

A Raqqa, c'est à peu près la même chose: les forces de la coalition ont affirmé être sur le point de déclencher l'offensive (l'opération est joliment baptisée la « Colère de l'Euphrate ») pour ensuite reconnaître que l'assaut était reporté au printemps. Visiblement, cette colère n'est pas si terrible que cela, aucun succès substantiel n'ayant été signalé depuis le début de l'opération.

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En outre, la coalition menée par les États-Unis et les groupes qu'ils soutiennent sur le terrain s'avèrent être incapables de libérer dans un futur proche la capitale de Daech pour différentes raisons tant militaires que politiques. Il existe beaucoup de différends entre les Kurdes et les Turcs, aggravés encore par la maladresse américaine. Et ces divisions n'aident en rien à accélérer la prise de Raqqa.

On se retrouve donc presque au point de départ, sans grande progression ni à Mossoul ni à Raqqa. Ainsi, les propos optimistes du chef d'État français sonnent un peu creux à la lumière de ces quelques précisions factuelles.

A fighter from the Kurdish People Protection Unit (YPG) poses for a photo at sunset in the Syrian town of Ain Issi, some 50 kilometres north of Raqqa, the self-proclaimed capital of the Islamic State (IS) group during clashes between IS group jihadists and YPG fighters on July 10, 2015 - Sputnik Afrique
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Après tout, comme François Hollande l'a pertinemment fait remarquer dans ses derniers vœux du Nouvel An avant de quitter l'Elysée en mai: « Nous n'en avons pas terminé avec le fléau du terrorisme ». Ce que peu contesteront.

En visite en Irak, le chef de l'État français s'est entretenu dans la matinée avec son homologue Fouad Massoum, le Premier ministre Haïdar al Abadi et le président du Parlement Salim al Djabouri. Il devait rejoindre ensuite Erbil, au Kurdistan irakien.

Quelque 1 200 militaires français sont aujourd'hui engagés dans l'opération Chammal qui s'inscrit dans le cadre de la coalition internationale anti-Daech dirigée par les États-Unis. Les forces françaises apportent notamment un soutien aux forces locales en effectuant des frappes aériennes, des vols de reconnaissance et des actions de formation.

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