Emmanuel Macron snobe-t-il la question russe?

© REUTERS / Pascal RossignolEmmanuel Macron
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Les relations franco-russes étaient à l’honneur au palais Bourbon. À l’initiative de l’association Dialogue franco-russe, sept candidats à la présidentielle, ou leurs représentants, ont présenté leur vision de l’avenir des relations franco-russes et des sanctions au cas où ils seraient élus.

La salle de conférence de l'Assemblée nationale affichait complet pour le dernier rendez-vous de l'association Dialogue franco-russe. Ce mardi 28 mars, l'association, co-présidée par le député Les Républicains Thierry Mariani et l'homme d'affaires Vladimir Iakounine, avait convié les onze candidats en lice à l'investiture suprême à répondre à deux questions: la première relative aux rapports qu'ils entretiendraient avec la Russie en cas d'élection, l'autre par rapport aux sanctions européennes toujours en vigueur à l'encontre de Moscou.

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Une conférence, modérée par le journaliste et spécialiste des relations internationales, Frédéric Pons — auteur de la biographie « Poutine » (Ed. Calmann-Lévy, 2014) — et à laquelle sept candidats ont répondu présent: Jacques Cheminade (Solidarité et progrès), Djordje Kuzmanovic (La France insoumise, de Jean-Luc Mélenchon), David Rachline (Front national, de Marine le Pen), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), François Asselineau (Union populaire républicaine) ainsi que le Républicain Axel Poniatowski (François Fillon) et le socialiste Pascal Cherki (Benoît Hamon).

S'il manquait à l'appel Nathalie Arthaud, Philippe Poutou — pour diverses raisons — ou Jean Lassalle — faute de personne pouvant le représenter — un dernier candidat s'est démarqué par la manière « un peu cavalière » dont il aurait signifié son désintérêt pour cette réunion. Les seuls indices donnés à l'assistance concernant son identité étant qu'il s'agit d'« un candidat qui confond la Guyane avec une île et qui pense que la culture française n'existe pas ».

Une absence du candidat d'En Marche! D'autant plus surprenante que Benoît Hamon, pourtant plus critique à l'encontre de la Russie et de son Président, avait envoyé un représentant. Si Pascal Cherki dit avoir conscience et assumer « ne pas être en terrain conquis », soulignant la longue histoire des relations entre deux nations, « multiculturelles », ou le rôle primordial de la Russie pour la stabilité du monde et de l'Europe — tant à l'époque napoléonienne que dans la victoire contre le nazisme — saluant au passage le « sacrifice immense du peuple russe pour la libération du continent », il ne laisse pas l'auditoire indifférent lorsqu'il déclare:
« Nous considérons qu'aucun désaccord ne peut justifier, dans notre XXIe siècle, l'annexion de toute une partie du territoire d'un autre pays. »

Le rattachement de la Crimée à la Russie, un cas de figure que le député PS compare à l'invasion du Koweït par l'Irak durant l'été 1990. Non sans, par la suite, donner l'impression de réduire cette question de la Crimée à une seule considération, géostratégique: « la volonté des Russes d'avoir un accès sécurisé à leurs mers chaudes ».

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Des déclarations qui contrastent fortement avec le « oui! » franc qu'apportera plus tard Nicolas Dupont-Aignan à Frédéric Pons lorsque celui-ci lui demandera « c'est-à-dire que vous, chef de l'État et de la diplomatie française, vous faites une croix sur la Crimée? ». Une réponse qui ne sera pas sans provoquer les applaudissements de l'audience.

Malgré leurs divergences politiques ou la position exprimée par le représentant du candidat socialiste, un consensus semble exister entre les différents candidats sur la levée des sanctions et le rétablissement d'un dialogue constructif avec la Russie. Nous regrettons seulement l'absence de certains candidats dont l'un des favoris du prochain scrutin, d'autant plus que la question demeure clivant dans la société.

L'essayiste Roland Hureaux, gaulliste, déclarait récemment à notre micro « Nous subissons encore une fois les répercussions d'un état de quasi-guerre qui existe dans le monde occidental et dont la pierre de touche est l'attitude vis-à-vis de la Russie, c'est-à-dire il y a ceux qui acceptent une relation normale avec la Russie et ceux qui considèrent que la Russie est un ennemi majeur ». Le général de Gaulle qui fut d'ailleurs évoqué à 25 reprises — et ce par tous les orateurs — relevait Frédéric Pons en fin de réunion, non sans un certain amusement.

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