La France, un drôle de médiateur entre Riyad et Doha?

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Face à la crise autour du Qatar, la France fait preuve d’un certain zèle allant jusqu’à inciter les belligérants à une désescalade, ce qui démontre sa tentative de médiation dans le conflit, les autorités françaises déniant toutefois ce fait. Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense, évoque ce sujet pour Sputnik.

Depuis l'éclatement de la crise diplomatique entre le Qatar et ses voisins, l'exécutif français semble multiplier les contacts dans la région. Si Paris le dément, ses relations avec les différents États du Golfe rappellent la « diplomatie de la navette » opérée par le diplomate américain Henry Kissinger.

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D'après Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire du ministère français de la Défense, la ligne diplomatique de la France, adoptée en lien avec la crise qui secoue les pays de la péninsule arabique, est « une mission de bons offices » qui vise à amener les acteurs « à des positions plus conciliantes et surtout à éviter une aggravation de la tension ». Cette ligne se fait d'une manière officiellement discrète, censée permettre de ne pas se retrouver dans une situation inconfortable, dans le cas où « les efforts ne réussissent pas et si la tension monte ».

« Si vous voulez jouer un rôle, attendez au moins que la crise atteigne un degré de maturité suffisante pour qu'une solution apparaisse, sinon ne vous vantez pas de commencer les bons offices avant, cela me paraît la moindre des choses », estime M. Conesa.

Cependant, Pierre Conesa, auteur du livre Dr. Saoud et Mr. Djihad : La diplomatie religieuse de l'Arabie saoudite, estime qu'une intervention française peut apparaître discrète, même plus efficace et certainement « médiane », en comparaison avec une intervention américaine, la position de Donald Trump étant tout à fait déséquilibrée en faveur de l'Arabie saoudite. Ainsi, d'après M. Conesa, les Américains « auraient probablement du mal à apparaître comme des arbitres aussi neutres que l'est la France ».

L'interlocuteur de l'agence revient également sur la déclaration faite récemment par le porte-parole du gouvernement français Christophe Castaner, d'après laquelle il faut que le Qatar assume toute la transparence et réponde précisément aux questions posées par les États voisins :

« Cela veut dire qu'on donne une partie de crédit aux accusations que portent les pays qui ont déclenché la crise — c'est-à-dire l'Égypte, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis — sur le Qatar, en l'accusant de financer le terrorisme ».

Et de poursuivre :

« Les reproches que l'on pourrait faire à l'Arabie saoudite sont de très loin supérieurs à ceux qu'on peut faire au Qatar. Simplement, c'est plus facile de critiquer le Qatar que l'Arabie saoudite. »

À la question de savoir si, en fin de compte, ces efforts français peuvent porter leurs fruits et quels sont les leviers dont dispose Paris, M. Conesa estime qu'essentiellement, c'est « de la bonne volonté » :

« Parce qu'on ne coupera nos relations avec aucun de ces partenaires, même si l'un, peut-être, aura tendance à faire pression pour que nous prenions fait et cause pour un côté plutôt qu'un autre, mais en l'espèce c'est plutôt le fait d'avoir des contacts avec tout le monde qui fait la chose. »

Il est aussi à noter que les exportations d'armes françaises vers les pays du Golfe persique ont considérablement augmenté ces derniers temps, s'élevant à 20 milliards d'euros en 2016. Les contrats les plus retentissants portent sur des chasseurs Rafale pour l'Égypte et le Qatar et des chars Leclerc pour les Émirats arabes unis.

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