Les «patrouilleurs de la charia» tchétchènes terrorisent l’Europe

© AP Photo / Lefteris Pitarakischaria
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Patrouilles de la charia ou agressions de réfugiés chrétiens en Allemagne, règlements de comptes avec des bandes d’origine nord-africaines en France, cellules terroristes en Belgique… Les djihadistes et salafistes tchétchènes, partisans de Doudaïev, seraient particulièrement actifs en Europe. Tour d’horizon.

Un groupe d'islamistes tchétchènes mené par d'anciens séparatistes de l'«Itchkérie indépendante» a formé une patrouille à Berlin pour attaquer les musulmans ne menant pas, selon eux, un mode de vie religieux. Selon le quotidien allemand Der Tagesspiegel, ses membres persécutent les femmes qui publient des photos explicites sur les réseaux sociaux ou qui entretiennent des liens amicaux avec des non-musulmans.

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La police allemande a par ailleurs mis la main sur des vidéos d'islamistes prêtant allégeance au Coran, menaçant de châtier les «infidèles» et posant avec des pistolets. Il s'agit de Tchétchènes, partisans de Djokhar Doudaïev, le séparatiste tchétchène qui opérait dans les années 1990.
La police allemande enquête sur un lien éventuel entre cette «patrouille de la charia» et le groupuscule tchétchéno-ingouche Guerilla Nation Vaynah, responsable de la fusillade dans un restaurant berlinois en mai 2017. Les deux entités criminelles comptent une centaine de membres chacune.

Imposer la loi du Caucase

Selon les informations de la justice allemande, les salafistes du Caucase du Nord représentent un danger croissant pour Berlin. Ces dernières semaines, quatre jeunes femmes et un jeune homme ont été passés à tabac par les «patrouilleurs de la charia». Plusieurs Tchétchènes, effrayées par les extrémistes, ont fui la ville vers d'autres régions allemandes. Les islamistes accusent les femmes de vouloir se marier en dehors de la communauté tchétchène et de «commettre des choses impensables» qui conduisent à la perte de la «nohchalla»- le sentiment d'étroite appartenance ethnique.

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Des groupes criminels de Tchétchènes avaient déjà attiré l'attention des policiers berlinois qui enquêtaient sur les crimes commis contre les réfugiés chrétiens de Syrie. En 2014, il s'est avéré que les migrants syriens étaient attaqués par d'autres migrants du Caucase du nord. 30 personnes avaient été blessées dans les rixes à l'époque.

En 2016, des ressortissants tchétchènes au passé criminel s'étaient concentrés autour du club de rock Guerilla Nation, dont la police berlinoise soupçonne qu'il s'agissait d'une couverture: les membres du club s'adonneraient en réalité à l'extorsion et au trafic de drogue. Les conflits à cause de l'argent et les affrontements avec les motards allemands du groupuscule Hell Angels ont entraîné la scission de Guerilla Nation. Aujourd'hui, Guerilla Nation Vaynah a pris le relais. Les Tchétchènes ont été rejoints par d'autres islamistes d'origine arabe, dont les ennemis proclamés sont les Turcs.

Les batailles de France

À Strasbourg ainsi qu'en Belgique, les ressortissants de l'émigration tchétchène «de Doudaev» sont également surveillés de près. En juin 2017, les communautés tchétchène et turque de la ville (agissant ensemble cette fois) se sont retrouvées en conflit avec des migrants arabes et africains à cause du passage à tabac de Bislam Dadaev, un Tchétchène enseignant en langue arabe. En réponse à ce crime, les groupes ethniques ont organisé des règlements de comptes dans le quartier d'où venaient les assaillants. Le conflit n'est toujours pas réglé: les communautés se rendent dans des mosquées différentes pour prier.

Virginie Joron, députée de la région Grand Est, affirme que ce n'est pas un cas isolé. Selon elle, en Alsace, en Europe, les bandes de ressortissants d'Afrique du Nord sont en conflit avec celles originaires de Tchétchénie.

En Belgique, en juillet 2017, la police a retrouvé la trace du djihadiste Ali Bombataliev, lié à une cellule de Daech à Liège. Ce dernier est parti de la capitale wallonne vers le sud de l'Italie, à Bari, où il a créé sa propre cellule de l'organisation islamiste radicale. Les médias français décrivent le criminel comme un propagandiste islamiste «extrêmement influent», qui a acquis une vraie popularité au sein de la communauté locale. Il est également accusé de l'attentat de décembre 2014 à Grozny.

Un Français qui s'est fait passer pour un Tchétchène

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L'expansion de la criminalité tchétchène liée à la première vague migratoire séparatiste s'est reflétée dans un curieux épisode. En mai 2017, les policiers français ont arrêté le terroriste djihadiste Clément Baur, qui planifiait un attentat à la veille de la présidentielle française.

Après son interpellation, le criminel s'est présenté comme un ressortissant tchétchène du nom d'Ismail Jabraïlov. Étant en lien étroit avec la diaspora tchétchène en France, Baur avait appris les bases du russe et a avait réussi à se faire passer pour un Russe. L'histoire semble d'autant plus incroyable qu'en 2015 Baur, arrêté par la police, a purgé une peine à Sequedin sous le nom d'Ismail Jabraïlov. L'enquête a révélé que le faux nom utilisé par l'islamiste appartenait à un migrant tchétchène résidant en Europe et partageant également l'idéologie djihadiste. Le lieu de résidence du vrai Ismail Jabraïlov n'a toujours pas été établi.

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