La chute en popularité du Premier ministre japonais Shinzo Abe fait s'interroger bon nombre de politologues sur son avenir politique ainsi que sur le cap que le pays va suivre. Toutefois, les avis des experts, interrogés par Sputnik, sont partagés entre la stabilité politique et le «chaos».
Ainsi, le spécialiste russe de l'Institut d'État des relations internationales de Moscou, Dmitri Streltsov, reste plutôt optimiste sur l'avenir politique du Premier ministre japonnais malgré une baisse de popularité assez prononcée.
«Shinzo Abe peut gaspiller son bagage politique pendant assez longtemps. Je ne pense pas qu'il a déjà trouvé son successeur. Cependant, en ce moment, M.Abe a peur d'un zugzwang politique. C'est comme dans un jeu d'échecs, chaque pas ne fait qu'aggraver la situation. Donc, plus les élections seront retardées, plus M.Abe va perdre», a-t-il affirmé.
Néanmoins, pour le politologue japonais Shirai Satoshi, la situation actuelle n'est pas aussi optimiste car il caractérise l'état actuel des choses comme étant «la veille du chaos».
«La chute libre de la popularité du gouvernement actuel continue. Shigeru Ishiba aimerait devenir le successeur de M.Abe sauf que si cette chute persiste, les choses seront imprévisibles. À l'intérieur du parti dirigeant, tout comme à l'extérieur, des adversaires politiques pourraient apparaître. L'éclatement du parti libéral-démocrate est tout à fait possible. Aujourd'hui, tous ceux qui, comme moi, manifestaient contre la politique du Premier ministre depuis ses débuts et tous ceux qui le soutenaient ont perdu leur dernier espoir vis-à-vis du gouvernement actuel», a-t-il expliqué.
L'attitude de M.Abe envers le règlement du conflit territorial autour des îles Kouriles avec la Russie, devrait également être prise en considération lors de l'évaluation de sa situation politique.
Pour M.Streltsov, cela reste plutôt une question à discuter.
«Les relations avec la Russie c'est, bien évidemment, un facteur objectif qui joue en faveur de M.Abe. C'est une dimension très forte et active de sa politique, mais, d'un autre côté, il y a aussi un effet des attentes […] et il ne faut pas non plus surestimer ce facteur car, aujourd'hui, les relations avec la Chine sont bien plus importantes que celles avec la Russie», a-t-il indiqué.
Depuis les dernières législatives de décembre 2014, le cabinet de Shinzo Abe s'était maintenu pratiquement en permanence à 60% d'opinions favorables, mais début juin 2017 sa popularité est passée sous la barre des 50% et n'a cessé de chuter depuis. Les sondages des journaux Asahi, Kyodo, Yomiuri et d'autres publications ont montré que la cote de popularité du premier ministre était à peine supérieure à 40% mi-juin, et qu'elle dépassait tout juste les 30% début juillet. Vendredi 14 juillet, l'agence de presse Jiji Press a annoncé que seulement 29,9% des Japonais faisaient confiance au gouvernement, alors que le niveau de défiance atteignait déjà 48,6%.