Pour Patricia Lalonde, députée française au Parlement européen et secrétaire générale de MEWA (ONG travaillant pour le droit des femmes dans les pays arabes), la situation des deux pays n'est pas identique, du fait notamment, de leurs histoires respectives.
«Après un siècle de liberté, les femmes turques ont toujours été très libres. Il y a une islamisation de la Turquie très rapide depuis que Recep Tayyip Erdogan est en place. Il porte atteinte à la démocratie en emprisonnant tous ses opposants et essaye de restreindre le droit des femmes […]. Le fait que la société civile se réveille c'est assez normal. Étant donné que les femmes turques ont toujours eu l'habitude d'être "libres", cette islamisation rapide fait qu'elles tentent de protester contre toutes les restrictions vestimentaires.»
Et d'ajouter:
«Concernant l'Algérie, c'est formidable, je suis ravie que les femmes se mobilisent. Mais les femmes algériennes ont tout le temps lutté contre les islamistes. Même si les femmes avaient quand même certains droits, être en bikini ou en maillot de bain tout simplement sur les plages les mettaient mal à l'aise du fait des regards gênants. Tout cela a provoqué ce mouvement en Algérie. C'est un mouvement pour ne pas basculer vers l'islamisation.»Ces mouvements de protestations en Turquie et en Algérie seraient-ils le signe d'un désir d'émancipation des femmes des pays musulmans? Patricia Lalonde est dubitative:
«C'est oui et non. Même si j'ai l'impression que c'est plutôt l'inverse. Par exemple, au Maroc dans les grandes villes, la majorité des femmes sont voilées. C'est une grande différence par rapport à il y a 10 ans. Donc c'est oui et non. C'est-à-dire, Il y a eu une période d'islamisation et je pense qu'encore une fois ce sont les pays où la société civile est très forte qui arrivent à surmonter cette islamisation en cours.»
En France, la tendance est différente. En témoigne, la montée du port du hijab où l'apparition du burkini. Ce phénomène reste néanmoins compliqué à expliquer comme nous le confirme Patricia Lalonde.
«C'est assez "incompréhensible", il y a une espèce de révolte de l'"immigration", dans les banlieues qui fait que l'islamisation a beaucoup progressé.»
Malgré tout, «je trouve cela très bien que ces mouvements naissent et ne se laissent pas faire sur le problématique du droit des femmes dans les sociétés musulmanes», conclut Mme Lalonde.
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