Québec: «Le gouvernement est très conciliant avec l'intégrisme islamique»

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Ce mardi, le gouvernement libéral québécois a déposé des amendements au projet de loi 62 visant à garantir la neutralité de l'Etat dans les municipalités et les sociétés de transports en commun. Objectif: faire en sorte que les services soient donnés et reçus à visage découvert.

Le Parti libéral du Québec (PLQ) a déposé mardi des amendements visant à élargir la portée du projet de loi 62 (juin 2016). Dans les municipalités et les sociétés de transports, les services publics seront reçus et donnés à visage découvert. Cette initiative a pour but de garantir la neutralité religieuse de l'Etat. Toutefois, la ministre de la justice, Stéphanie Vallée, expliquait qu'il sera toujours possible de faire une demande d'accommodement, en clair une exception, uniquement si celle-ci respecte l'égalité entre les hommes et les femmes, le principe de la neutralité religieuse de l'État et n'impose pas de «contrainte excessive» — concept reconnu dans la jurisprudence.

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A première vue, ce principe de neutralité religieuse de l'Etat cible la communauté musulmane puisque le Québec semble vouloir bannir le voile. Pourtant, André Lamoureux, politologue et membre du Rassemblement pour la laïcité, nuance cette affirmation.

«Dans ce projet de loi, la seule chose qui est interdite, c'est le port du voile intégral: le niqab et la burqa pour les personnes qui donnent ou reçoivent des services d'organismes publics et de l'Etat. Mais sur ce point, le gouvernement permet une exception avec des possibilités d'accommodements religieux s'ils sont justifiés en vertu du principe de neutralité. Cependant, ce principe n'est pas défini dans le projet de loi, les demandes d'accommodements seront donc justifiés par n'importe quel motif.»

C'est bien la question des accommodements raisonnables qui pose problème. Les différents partis d'opposition souhaiteraient que ce projet aille plus loin et fasse le choix de la laïcité, en interdisant le voile sans possibilité de dérogation. En effet, concernant la neutralité religieuse de l'Etat, le gouvernement peut maintenir ces dispositions spécifiques et donc respecter «la charte canadienne des droits et libertés», document constitutionnel qui garantit «la liberté de religion», donc le port de signes religieux ostentatoires. Pour André Lamoureux, la position du gouvernement est donc ambiguë.

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«Le gouvernement de Philippe Couillard, qui présente ce projet de loi de neutralité, se dit opposé à la laïcité. On veut en quelque sorte prononcer et dicter une neutralité de l'Etat en permettant la liberté religieuse au sein même de l'Etat. C'est un peu contradictoire, notamment sur les points de l'affichage des signes religieux et des accommodements religieux.»

Ces amendements s'inscrivent dans une démarche clientéliste du gouvernement au pouvoir comme nous l'explique André Lamoureux:

«Cette décision fait dans le clientélisme, le gouvernement libéral est très proche des associations musulmanes, que je qualifierai d'intégristes, au Québec pour ne pas les nommer précisément. Ce gouvernement voit d'un bon œil le fait d'aller chercher une clientèle parmi les nouveaux arrivants, l'immigration musulmane bien sûr mais également dans les autres catégories d'immigration.»

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Et d'aller plus loin:

«On pourrait dire que le gouvernement libéral au pouvoir est très conciliant avec l'intégrisme islamique. A ce propos, le premier ministre, Philippe Couillard avait déclaré publiquement que l'intégrisme n'était pas un problème mais un choix privé.»

Pourtant, il semblerait que la population veuille plus de laïcité. D'après un sondage effectué par CROP en mars 2017, commandé par la société Radio Canada, ce sont 70% des Québécois qui se déclaraient en faveur d'une interdiction des signes religieux pour les personnes en position d'autorité. Le modèle de société multiculturelle canadien est-il en péril?

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