«Il est préférable de ne pas gouverner que de mal gouverner»: c'est sur ces mots du libéral-démocrate Christian Lindner que son parti, le Freie Demokratische Partei (FDP), a claqué le 19 novembre la porte des négociations en vue de former une coalition de gouvernement en Allemagne. Fiscalité, écologie, énergie mais surtout immigration: les divisions auront été trop importantes et trop nombreuses entre la CDU d'Angela Merkel, les Verts et les libéraux-démocrates pour faire vivre l'hypothétique coalition «jamaïcaine» noire-jaune-verte.
Ce 20 novembre à la mi-journée, le président fédéral allemand Frank-Walter Steinmeier (dont le rôle, essentiellement honorifique, est d'assurer la continuité de l'État et d'être garant des institutions), appelle à la reprise des pourparlers. De fait, les deux scénarios catastrophe à éviter pour l'exécutif allemand sont d'une part la tenue de nouvelles élections, qui acteraient l'échec, et d'autre part la constitution d'un gouvernement minoritaire exclusivement CDU, par essence fragile. C'est pourtant ce premier cas de figure de retour aux urnes qui semble le plus probable selon la plupart des observateurs, et qui pourrait se solder par une mise à l'écart de la chancelière. Mais la principale intéressée se dit prête à mener son parti dans de nouvelles élections, qui seraient selon elle «une voie préférable».
Le syndrome belge n'est pas loin, même si Angela Merkel reste pour l'instant au pouvoir pour gérer les affaires courantes. Au Royaume-Uni, on se souvient que Theresa May a dû se résoudre en juin à une «alliance de la carpe et du lapin» avec le très minoritaire Parti unioniste démocrate nord-irlandais (DUP). Et si la question était surtout le fait qu'Angela Merkel est peut-être en train d'échouer là où Emmanuel Macron a «réussi»? Alors que le régime présidentiel français, surtout depuis la réforme du quinquennat, favorise une alternance de partis présidentiels, l'Allemagne au contraire, avec son régime parlementaire, est connue pour la constitution de coalitions de compromis.Et c'est bien le tour de force paradoxal auquel était parvenu le candidat d'En Marche pendant la campagne présidentielle, puis dans la composition de son gouvernement: unir autour de sa personne le communiste Robert Hue et en même temps le néolibéral Alain Madelin, l'antinucléaire Nicolas Hulot et en même temps l'ancien cadre d'Areva Édouard Philippe, la pro-PMA Marlène Schiappa et en même temps l'anti-mariage pour tous Gérald Darmanin. Un méli-mélo idéologique qui a déjà été abondamment commenté et qui constitue, là aussi dans un contexte d'affaiblissement des partis «traditionnels», une certaine forme de coalition. Inattendue inversion des rôles entre Paris et Berlin…
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