Damas passif face à Daech, selon la coalition internationale? La paille et la poutre…

© Sputnik . HİKMET DURGUNRaqqa
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La coalition menée par les États-Unis pour lutter contre Daesh a remis en cause la volonté et la capacité du gouvernement syrien à lutter contre l’organisation État islamique. Une accusation qui sonne faux au regard des faits et sans doute un épisode de plus dans la guerre informationnelle autour de ce conflit.

«Ils [les combattants de Daech, ndlr] semblent se déplacer en toute impunité à travers des territoires tenus par le régime [de Damas, ndlr], ce qui démontre que le régime est clairement réticent ou incapable de vaincre Daech à l'intérieur de ses frontières.»

Le Général britannique Felix Gedney, l'un des responsables de l'opération Inherent Resolve, évoque les djihadistes combattant en Irak s'exfiltrant en Syrie. Une déclaration-choc qui laisse perplexe.

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Il est certain que de nombreux terroristes ont déposé les armes pour se fondre parmi le flot de civils et il est également vrai que les régions désertiques à l'est de la Syrie sont extrêmement difficiles à contrôler. De fait, un communiqué de presse repris par Business Insider faisait état de deux convois interceptés après avoir traversé les territoires sous contrôle de Damas.

Pourtant, la reconquête de plus de 90% du territoire syrien des mains des djihadistes et autres groupes d'opposition par un gouvernement luttant contre son ennemi mortel suffit à tordre le cou à l'affirmation de «réticence à vaincre Daech».

Parlant de terroristes pouvant se «déplacer en toute impunité», il est intéressant de rappeler que des combattants de Daesh sont également passés par les territoires contrôlés par les Forces Démocratiques Syrienne (FDS), la milice soutenue par Washington. Un rapport de BuzzFeed News et un dossier de la BBC détaillent comment les combattants des FDS et de l'État islamique sont arrivés à un accord pour organiser dans le plus grand secret la fuite de près de 4.000 membres de Daesh de Raqqa, pourtant assiégée.

Après avoir un temps nié, la coalition a reconnu que 250 djihadistes, tous locaux, avaient profité de cette occasion pour sortir de Raqqa. De nombreuses sources interrogées par les journalistes de la BBC ont pourtant affirmé avoir vu de nombreux djihadistes étrangers dans le convoi, qui s'étalait sur 5 à 7 km, pas précisément discret.

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Accuser le régime de Bachar el-Assad revient alors à pointer du doigt chez un rival les mêmes problèmes que la coalition rencontre sur les terrains où elle est impliquée. La corruption est endémique quelle que soit l'autorité contrôlant le territoire et des réseaux de passeurs permettent aux djihadistes, moyennant une somme plus ou moins conséquente, de quitter l'Irak et la Syrie.

Le Général Gedney déclare ensuite que la coalition «n'a pas l'intention de poursuivre ses opérations sur les territoires contrôlés par le régime syrien». Le militaire oublie de mentionner que la coalition n'a aucune légitimité à agir sur le territoire syrien, ce qu'elle ne se prive pourtant pas de faire à l'occasion.

Il conclut son intervention en expliquant que moins de mille combattants de l'État islamique se trouveraient encore sur place. Alors que le groupe terroriste en comptait, selon les sources, entre 45.000 et 60.000 au plus haut, on peut se demander ce que sont devenus tous ces djihadistes et d'où il tire un chiffre aussi bas. À titre de comparaison, les services de renseignement français évaluent à 700 le nombre de djihadistes français présents dans cette zone.

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Certains, comme le révèle le dossier de la BBC, ont profité de l'aide des réseaux de passeurs et sont rentrés en Occident avec des consignes d'attaque pour «le jour des comptes». Nombreux sont ceux qui ont été tués lors des affrontements ou faits prisonniers. D'autres encore, comme mentionné plus haut, ont déposé les armes et se sont intégrés à la population civile; ils n'en restent pas moins dangereux pour autant.

Enfin, nombre de djihadistes fidèles aux idéaux de Daesh ont fui vers la Libye et l'Afghanistan. Dans les deux cas, ils ont dû franchir des frontières et passer par des territoires alliés des États-Unis, que ce soit la Turquie, la Jordanie ou l'Arabie saoudite.

Qui donc alors est «réticent ou incapable de vaincre Daech» dans les territoires qu'il contrôle, général Gedney?

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