Le casting pour le poste de Premier ministre russe est ouvert

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Vladimir Poutine a été élu le 18 mars pour un quatrième mandat et la question qui agite le microcosme politique russe est celle du successeur de Dimitri Medvedev au poste de Premier ministre. Libéraux ou conservateurs, Sputnik vous livre une analyse des principaux protagonistes.

Si «Qui sera le prochain Président russe?» était une interrogation toute rhétorique au vu des sondages, «quelle sera la nouvelle équipe dirigeante?» est une question bien plus ouverte. Car M. Poutine va une fois de plus devoir former un gouvernement et le choix du Premier ministre est plus important que les médias occidentaux ne le considèrent en général.

Et bien que le Président ait annoncé qu'il ne nommerait pas son chef de gouvernement avant son investiture le 7 mai prochain, les rumeurs vont bon train. L'Agence France Presse s'est elle aussi prêtée au jeu et a publié la liste de six personnes politiques russes qui pourraient prendre la tête du gouvernement russe.

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Avant de dresser le portrait de chacun des nominables, il importante de rappeler deux points. Le premier est qu'il s'agit du Premier ministre potentiel de Vladimir Poutine et non de son successeur. La seconde est que, si tous les candidats cités ci-dessous sont des candidats crédibles, l'hypothèse que le Président choisisse de nommer quelqu'un «sorti de nulle part comme cela avait été le cas en 2004 et 2007» n'est pas à écarter, comme l'expliquait Arnaud Dubien, directeur de l'Observatoire franco-russe à Challenges. 

Parmi les «personnalités à suivre» selon l'AFP, on retrouve les deux principales tendances présentes dans l'entourage de Vladimir Poutine. Les partisans d'une plus grande liberté économique, de réformes et d'une plus grande ouverture vers l'Europe, appelés les «libéraux pétersbourgeois» par un pan de la société russe font face aux «silovki», des conservateurs souvent issus de services de sécurité (armée, services de renseignement), qui estiment qu'une libéralisation de l'économie entraînerait irrémédiablement une libéralisation politique.

Les «libéraux pétersbourgeois»

Parmi les progressistes, Sergueï Lavrov est présenté comme la «voix de Moscou» et comme un «négociateur inflexible». L'actuel ministre des Affaires étrangères est néanmoins peu considéré pour le poste de chef de gouvernement.

Diplomate de formation, polyglotte, expérimenté et fort d'un bilan respecté, M. Lavrov n'a ni fait part d'ambitions personnelles ni fait l'objet de rumeurs. S'il est peu probable de voir le ministre ne plus exercer de responsabilité au cours du quatrième mandat de Poutine, il est également peu probable de le voir promu à la tête du gouvernement russe.

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Autre progressiste connu, Dimitri Medvedev a en plus l'avantage d'avoir déjà exercé la fonction. L'homme est dépeint comme marginalisé au sein du gouvernement en plus d'avoir été accusé de corruption par l'opposant Alexeï Navalny.

Sans que cela ne soit faux, M. Dubien expliquait au magazine Russie Info qu'il «n'est pas certain que Medvedev s'en aille» au vu des réformes impopulaires à venir, à l'image de la réforme de l'âge de la retraite. Vladimir Poutine pourrait donc maintenir le Premier ministre «grillé» en place, d'autant qu'il faudrait lui trouver un poste digne de son rang d'ancien Président de la Fédération de Russie.

Alexeï Koudrine est le dernier «progressiste» auquel s'intéresse la dépêche de l'AFP sur les personnalités à suivre. Ancien ministre des Finances, libéral et considéré par beaucoup comme proche de l'Occident, M. Koudrine s'était opposé violemment à Medvedev sur la question de l'augmentation du budget militaire, ce qui lui avait valu son poste. Il s'était également prononcé contre «la tournure» que prenait le procès des Pussy Riot.

Resté proche de Vladimir Poutine, il masquait à peine ses ambitions dans une interview accordée à Vedomosti. Il y détaillait les premières mesures qu'il prendrait s'il devenait Premier ministre, insistant sur la nécessité d'augmenter les budgets alloués à l'éducation et à la santé.

Pourtant, les chances de voir M. Koudrine succéder à Dimitri Medvedev à la tête du gouvernement russe sont assez faibles. Il représente en effet la frange la plus favorable à l'Occident du spectre politique russe, dans un contexte de tensions importantes avec l'Ouest.

Parmi les libéraux, d'autres candidats potentiels n'ont pas été retenus par l'AFP. Principalement issus de la jeune génération, leur profil n'est pas encore connu au niveau national, mais les surprises que réserve M. Poutine ne permettent pas de les écarter actuellement. C'est le cas par exemple de Maxime Orechkine, actuel ministre du développement économique et espoir des libéraux.

Les «silovki», les conservateurs proches de l'armée et des services de renseignement

Mis en valeur comme le principal artisan de l'annexion de la Crimée, de la «modernisation de l'armée russe» et du «succès de la guerre en Syrie», Sergueï Choïgou, actuel ministre des armées, est un des candidats les plus sérieux pour prendre les rênes du gouvernement russe. Médiatisé, l'homme jouit d'une forte popularité, d'une image de bon gestionnaire et de la confiance du Président, qui lui a confié la mission de moderniser l'armée russe.

Pourtant, malgré son grade de général, M. Choïgou n'a pas fait carrière dans l'armée, ce qui pourrait gêner des membres de cet appareil et il n'est pas connu pour ses qualités de diplomate. L'homme avait en effet assené un «Je suggère que nous signions aujourd'hui» devant son homologue chinois lors de la négociation d'un contrat. Un défaut peu compatible avec la fonction de Premier ministre, représentant du gouvernement russe en tant qu'institution à l'étranger.

Surnommé le «Machiavel du Kremlin», Igor Setchine fait partie du cercle le plus restreint de Vladimir Poutine. À la tête de l'entreprise pétrolière publique Rosneft, il est la figure conservatrice dans l'entourage du Président.
Issu du KGB et de l'équipe de Poutine depuis la mairie de Saint-Pétersbourg dans les années 1990, il remplit de nombreuses cases pour pouvoir aspirer à la fonction, mais manque de capacité de rassembler au-delà de la frange conservatrice.

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Le nom d'Elena Nabiullina a été avancé par les analystes du groupe Bloomerg, mais la Présidente de la Banque centrale de Russie bénéficie d'un bilan quasi-unanimement applaudi à la tête de l'institution qu'elle a su guider au travers de la crise du rouble en 2014.
Proche de Vladimir Poutine, elle a fait taire les critiques sur ce sujet en adoptant des mesures parfois contre l'avis du gouvernement, mais son capital politique est faible en comparaison de celui d'autres candidats.

Chez les conservateurs également, plusieurs autres challengers sont dignes d'intérêt. C'est le cas par exemple de Viatcheslav Volodine ou de Sergueï Sobianine. Le maire de Moscou est connu pour son conservatisme au niveau sociétal (l'homme est devenu célèbre pour ses sorties médiatiques contre l'immigration ou les mouvements LGBT), mais aussi pour des positions fortes sur des dossiers généralement aux mains de l'opposition, comme la lutte contre la corruption ou le rapport avec l'opposition politique. 

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