Pourquoi la France miserait-elle sur les Kurdes?

© Sputnik . Andrei Stenin / Accéder à la base multimédiaDans la Ghouta, en Syrie
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La matérialisation des idées de Donald Trump, qui a déclaré son intention de retirer les troupes américaines de Syrie, et d'Emmanuel Macron, qui se dit prêt à jouer les médiateurs entre les Kurdes syriens et la Turquie, semble quasi improbable à deux politologues turcs qui ont accordé une interview à Sputnik.

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Deux experts turcs ont commenté pour Sputnik la récente déclaration du Président américain sur son intention d'évacuer ses troupes de Syrie, ainsi que celle d'Emmanuel Macron qui s'est dit disposé à assurer la médiation entre la Turquie et les Forces démocratiques syriennes (FDS). Selon eux, la réalisation de ces démarches est peu probable, car elles demandent un important financement, alors que leurs retombées sont imprévisibles pour toutes les parties.

Évoquant les positions de la France et ses relations avec la région méditerranéenne, notamment la Syrie, Baris Doster, enseignant à l'Université de Marmara, estime que la tentative de Paris pour «intervenir dans le dossier syrien en mettant à profit les déclarations de Donald Trump sur un prochain retrait de ses troupes reflète aussi bien les contradictions existant entre les centres impérialistes que leurs interactions».

«La France essaie depuis assez longtemps d'influer sur les développements en Syrie. Pourtant, c'est un pays impérialiste qui mise sur les Kurdes présents dans la région. Une preuve en est justement fournie par les paroles du Président français qui a assuré les Kurdes syriens du soutien de la France et de sa disposition à devenir médiateur» entre Ankara et les Unités de protection du peuple kurde (YPG) que la Turquie considère comme la branche militaire du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) interdit dans le pays.

Pour ce qui est d'un éventuel retrait des États-Unis de la Syrie, Barıs Doster l'estime peu réaliste, car «il y a à peine quinze jours», Donald Trump avait qualifié d'erreur le départ d'Irak décidé par son prédécesseur Barack Obama, ajoutant qu'il «ne ferait rien de tel en Syrie».

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«D'ailleurs, les États-Unis ont d'ores et déjà beaucoup investi dans les détachements du Parti de l'union démocratique (PYD) qu'ils considèrent comme leur force terrestre. Ainsi, ils ont livré aux formations kurdes 5.000 camions d'armements et ils prévoient de former sur la base de ces détachements une armée régulière de 50.000 hommes. La Syrie compte aujourd'hui 20 bases américaines. Après d'aussi gros investissements, il semble pratiquement impossible que les Américains quittent la Syrie prochainement», a-t-il indiqué.

Bora Bayraktar, expert turc de la région proche-orientale, a indiqué pour sa part que l'opération turque dans le canton d'Afrine avait «chamboulé les projets des USA de se fixer dans la région, les poussant à chercher d'autres instruments». Il a rappelé dans ce contexte que la Turquie, membre de l'Otan, collaborait étroitement avec la Russie et l'Iran dans le cadre des négociations d'Astana et de Sotchi sur le règlement en Syrie.

«Vu que la confiance de la Turquie envers les USA a été torpillée, nous voyons une tentative pour lancer un dialogue avec Ankara par l'intermédiaire de la France», a-t-il constaté.

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Or, l'idée d'une entremise entre les détachements kurdes et Ankara ne peut pas trouver soutien auprès de la Turquie et «les chances de sa réalisation sont proches de zéro», a affirmé Bora Bayraktar.

Selon lui, le retrait des troupes américaines de Syrie est très peu probable car il exige «d'importantes dépenses, tandis que les conséquences sont imprévisibles», a-t-il déclaré, rappelant que les États-Unis devaient tenir compte de la situation non seulement en Syrie, mais également dans l'ensemble de la région puisqu'il s'agit de la politique américaine dans le Golfe.

«Pour ce qui est de la France […] je crois que la déclaration de Macron doit être plutôt vue comme un instrument de politique intérieure visant à détourner l'attention de l'opinion des manifestations de syndicats français», a-t-il noté pour conclure.

Emmanuel Macron avait précédemment assuré les FDS du «soutien de la France» et proposé sa médiation. Ankara a pour sa part rejeté toute entremise visant à promouvoir un dialogue «entre la Turquie et ces groupes terroristes», selon le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin.

* Organisation terroriste interdite en Russie

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