Polisario: «La position de la France est motivée par les intérêts qu’elle a au Maroc»

© AP Photo / Daniel Ochoa de OlzaDes soldats du Front Polisario
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«La situation tendue, dernièrement, à Guerguerate était édifiante, car la distance qui séparait les deux armées était de 120 m», a déclaré Abdelkader Taleb Omar, ambassadeur sahraoui en Algérie, dans une interview, ce mercredi, tout en fustigeant le rôle négatif de la France dans le conflit.

Le Front Polisario est prêt à toutes les éventualités, comme le montre bien le degré de tension atteint dernièrement dans la région tampon de Guerguerete, a déclaré Abdelkader Taleb Omar, ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Algérie, dans un entretien donné, ce mercredi, au site d'information Tout Sur l'Algérie (TSA). Le diplomate a dénoncé au passage le rôle négatif joué par les gouvernements français et espagnol dans le conflit du Sahara occidental.

«La situation tendue, dernièrement, à Guerguerate était édifiante, car la distance qui séparait les deux armées [marocaine et sahraouie, ndlr] était de 120 mètres. Cette situation peut se répéter à n'importe quel moment. Alors, ou bien on arrive à avancer et à aller à des négociations sérieuses, sinon le retour à une escalade militaire dans la région est plus que probable», a déclaré Abdelkader Taleb Omar.

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Le diplomate n'a pas lésiné sur les mots pour rappeler que c'est grâce à la lutte armée que le Maroc a finalement accepté de s'asseoir à la table des négociations et d'organiser le référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. «Au début, il [le pouvoir marocain, ndlr] disait que le Sahara occidental était une question intérieure et qu'elle était close. Mais sous les coups de butoir de nos actions militaires, il a finalement accepté d'organiser le référendum. Il se peut que maintenant il ait oublié ces coups, mais les Sahraouis sont prêts à les répéter», a-t-il affirmé.

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Et de s'expliquer sur les éventuelles issues du conflit au Sahara occidental à l'aune des discussions qui auront lieu dans quelques jours au conseil de sécurité de l'Onu sur la question, le responsable sahraoui a estimé que «continuer le conflit est très coûteux pour le pouvoir marocain qui a utilisé cette situation pour assurer sa stabilité intérieure en créant un semblant d'unité nationale face à un ennemi extérieur. Cependant, ceci s'est effrité avec l'augmentation des protestations populaires qui demandent l'amélioration des conditions sociales». «Ce qui fait qu'il serait mieux que les moyens utilisés dans le conflit au Sahara occidental aillent à résoudre ces problèmes sociaux, tout en sachant que cette question ne suffit plus à faire taire le peuple marocain ou à le distraire», a ajouté le responsable. «La marge de manœuvre se rétrécie de plus en plus pour le pouvoir marocain. Il ne lui est plus possible de perdre encore du temps alors que la pression augmente de plus en plus sur lui, et c'est la raison pour laquelle il s'est attaqué à l'Onu et il a renvoyé la MINURSO [mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental, ndlr]… il essaye de répéter ses anciennes expériences et ceci prouve qu'il ne peut plus continuer dans l'immobilisme, les années 2018 et 2019 ne sont pas comme les années 1990», a-t-il souligné.

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Quant à la possibilité que l'armée marocaine mette ses menaces à exécution, le diplomate a estimé que «le pouvoir marocain pourrait commettre une erreur, mais à notre avis il sera le perdent». «Le monde entier doit savoir que les Sahraouis ont été patients […], en particulier la jeunesse qui demande de sortir de cette situation d'attente», a-t-il ajouté.

Fustigeant la décision du Conseil européen sur la reprise des négociations concernant l'accord de pêche UE-Maroc, incluant les eaux territoriales du Sahara occidental, Abdelkader Taleb Omar a fait savoir que des États européens, à l'instar de la France et de l'Espagne exercent des pressions sur Bruxelles à ce sujet, tout en pointant du doigt leurs rôle négatif dans la résolution du conflit sahraoui et ce pour des desseins inavoués. «Nous savons qu'il y a des pressions de la part de certaines parties comme les gouvernements français et espagnol. Ceci n'est pas un secret. Et à chaque action qui dérange le pouvoir marocain, ils viennent à son secours et pas uniquement à l'Union européenne ou à la Commission européenne, mais même au Conseil de sécurité [de l'Onu, ndlr], la France a toujours été l'obstacle à ce que veulent les autres pays en matière de respect de la légalité internationale», a-t-il déclaré.

«La position de la France est motivée par les intérêts qu'elle a au Maroc. La France veut que le Maroc ait une position de leader en Afrique, car elle ne veut pas qu'un pays, comme l'Algérie, qui traite avec elle de pair à pair ait la plus grande influence dans le continent. C'est celle-là la raison, et la révolution sahraouie est une expansion des mouvements de libérations nationaux», a-t-il souligné.

En conclusion, le responsable sahraoui a lancé que «nous ne demandons pas à la France de s'aligner du côté des Sahraouis, mais nous lui demandons d'être du côté du droit international et non de la colonisation».

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La Cour de justice de l'UE (CJUE) a estimé, mardi 27 février 2018, que l'accord de pêche conclu entre l'Union européenne et le Maroc n'était pas applicable aux eaux adjacentes de la région disputée du Sahara occidental, car il ne respecte pas le droit à l'autodétermination.
«L'inclusion du territoire du Sahara occidental dans le champ d'application de l'accord de pêche enfreindrait plusieurs règles de droit international général applicables dans les relations entre l'Union et le Royaume du Maroc, notamment le principe d'autodétermination», indique la Cour de Justice de l'Union européenne.

Pour rappel, dans son rapport au Conseil de sécurité sur la situation au Sahara occidental, rendu public le 4 avril 2018, le secrétaire général de l'Onu écrivait vouloir «parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable du conflit, qui permette d'assurer l'autodétermination du peuple du Sahara occidental».

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