Opposant syrien: «Même s’il n’a bombardé personne, je considère [Bachar comme] criminel»

© Sputnik . Mikhail Voskresensky / Accéder à la base multimédiaDouma
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Les Casques blancs, repris par les chancelleries occidentales, ont affirmé que le gouvernement syrien avait commis une attaque au gaz à Douma, dans la banlieue rebelle de Damas, le 7 avril dernier. Samir Aita, économiste et homme politique syrien, opposant à Bachar El-Assad, est revenu pour Sputnik sur ce sujet.

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Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont lancé une centaine de missiles contre la Syrie le 13 avril dernier, en représailles à une attaque chimique présumée sur Douma, une banlieue de Damas alors aux mains des rebelles radicaux. Une riposte qui n'a toutefois pas attendu le début, ni a fortiori les conclusions de l'enquête internationale sur cette prétendue attaque et dont les éléments à charge ont été fournis par les Casques blancs, proches des islamistes d'Al-Nosra.

Le gouvernement syrien est-il responsable de ces présumées attaques chimiques? Pour apporter un éclairage sur cette question, Le Clash, présenté par Rachel Marsden, recevait Samir Aita.

Pour cet économiste et homme politique syrien, opposant à Bachar El-Assad, tout le monde aurait pu commettre cette attaque chimique:

«C'est très difficile à savoir […] on sait qu'il resterait peut-être un certain stock dans l'armée syrienne, mais il reste aussi des stocks, on a filé des stocks chez Daech, chez différents groupes combattants.»

Sur la responsabilité du gouvernement, Samir Aita ajoute:

«Les gens dans les milieux d'opposition civile qui aident les blessés, les organisations médicales qui essaient de pourvoir à la sécurité des gens sont tous un peu sceptiques sur l'utilisation d‘armes chimiques, de gaz sarin dans ce cas-là. Le fait qu'il y ait eu du chlore est certain, mais on ne sait pas qui l'a fait ni comment».

Samir Aita n'accuse donc pas nommément le président syrien d'avoir commis ces bombardements chimiques, pour autant, il le considère comme un criminel, en rappelant les premiers instants du conflit:

«Même s'il n'a bombardé personne, moi je le considère criminel du fait d'avoir amené la Syrie à ce stade. Rappelons-nous de son premier discours en avril 2011, où il y avait quelques attentats, on pouvait aller dans une autre voie complètement, il pouvait faire un peu comme le Maroc, lâcher un peu de lest. Dès le départ et y compris après le Congrès qu'il y a eu en juin 2011 où on a amené le vice-président et des gens de l'État à négocier avec les opposants et sortir des choses pas mal, il a refusé, il a choisi la solution guerrière.»

L'homme politique regrette le temps perdu et estime qu'il y aurait pu avoir des compromis trouvés:

«Jusqu'à mai 2012, tout le monde croyait qu'on n'irait pas dans la guerre, qu'il y aurait des changements, des choses. Or il [Bachar El-Assad, ndlr] est de toute façon responsable au moins politiquement et sinon criminellement de ce qui s'est passé. Ce n'est pas le seul responsable bien sûr.»

Pour l'économiste et opposant syrien, la Syrie et plus globalement le contexte troublé au Moyen-Orient ont été vus comme une occasion pour les Occidentaux de reprendre leur leadership:

«Certaines puissances, dont la France et la Grande-Bretagne, ont vu dans les Printemps arabes une manière de reprendre une place coloniale.»

Et M. Aita de rappeler la relation complexe franco-syrienne: «il y a une histoire d'amour et de haine entre la France et la Syrie qui date depuis très longtemps». Il fustige les tentatives ratées de rapprochement économique bilatéral par faute du gouvernement français, notamment sous le mandat de Jacques Chirac, en prenant l'exemple de Total et de la Société Générale:

«D'abord Total, vous savez que soi-disant M. Chirac s'est fâché avec M. Bachar El-Assad parce qu'ils n'ont pas eu un contrat Total sur le gaz. Le même projet était proposé au gouvernement français en 1993, porté par Gaz de France et Total ensemble avec les Américains et c'est une décision politique française qui empêche le projet de se faire. Dix ans après, M. Chirac dit que vous ne voulez pas donner un projet qu'il a refusé […] La France était positionnée avec la Société Générale pour être une des premières banques ou la première banque étrangère, il y a eu une décision politique pour ne pas rentrer.»

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