Réaction de l’UE aux manifestations russes: cherche-t-elle la petite bête?

© Sputnik . Evgeny Odinokov / Accéder à la base multimédiaLes policiers russes
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Matraques, balles en caoutchouc et gaz lacrymogènes… Non, il ne s’agit pas de la «répression» d’une manifestation en Russie, mais des moyens souvent employés par la police des pays européens, comme ce fut le cas le 1er mai en France, à l’égard de certains manifestants. Néanmoins, l’UE semble fermer les yeux sur ce qui se passe sous son nez.

L'Union européenne a publié le 5 mai un communiqué dans lequel elle a dénoncé le comportement violent de la police russe lors d'une manifestation non autorisé le même jour. Notons en passant que dans le même temps, les autorités européennes sont restées muettes face aux actions des forces de l'ordre le 1er mai à Paris, par exemple, lorsque des manifestants ont été exposés au gaz lacrymogène et violemment dispersés. Sans parler des fameuses manifestations en Catalogne en octobre dernier.

«L'arrestation de plus d'un millier de manifestants et la violence à leur égard de la part des autorités russes partout dans le pays aujourd'hui menace les libertés fondamentales d'expression, d'association et de réunion en Russie», lit-on dans le document de l'UE.

Tout en reconnaissant que «certaines manifestations n'avaient pas été autorisées», l'UE a toutefois dénoncé «la brutalité de la police et les arrestations massives». La vidéo qui montre le moment de l'interpellation de l'un des leaders de l'opposition russe, Alexeï Navalny, s'est vite propagée sur les réseaux sociaux. Cette manifestation q également particulièrement attiré l'attention des médias occidentaux qui ont critiqué les mesures employées par les forces de l'ordre russes.

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Néanmoins, ces allégations ne sont pas prouvées par les vidéos et les photos prises le 5 mai qui ne montrent pas de gens ayant été blessés par la police. En réalité, il n'y a eu que trois plaintes associées à des blessures. De plus, 80% des interpellés ainsi que M.Navalny ont été rapidement relâchés.

Cette image entre en contradiction avec celles du 1er mai 2018 à Paris lorsque la police a utilisé du gaz lacrymogène lors d'affrontements avec des personnes cagoulées à l'occasion de la manifestation traditionnelle de la Fête du travail. Selon la correspondante de la rédaction russe de Sputnik, aux alentours de la gare d'Austerlitz des manifestants ont jeté des fumigènes sur des journalistes et les forces de l'ordre ont répondu avec du gaz lacrymogène et des canons à eau. En conséquence, des dizaines de personnes, dont elle, ont été touchées.

Ce n'est pas la première fois que la police française agit de manière assez brutale lors des manifestations. Au printemps 2016 lorsque de nombreux Français protestaient contre la loi travail, les policiers français avaient utilisé presque systématiquement la technique de la «nasse», un dispositif de maintien de l'ordre qui consiste à isoler tout ou partie d'un cortège, afin de l'immobiliser et d'arrêter certains de ses membres. Cette technique avait été expérimentée préalablement en France lors du mouvement contre la réforme des retraites en 2010 à Lyon ou lors de la mobilisation contre la COP21 en 2015.

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Le déroulement des manifestations en Catalogne le 1er octobre 2017 semble également beaucoup plus tendu que lors des derniers évènements en Russie. Ce jour-là, le référendum sur l'indépendance de la région et des manifestations paisibles y ont eu lieu. Les photos prises lors de ces évènements prouvent que les policiers espagnols ont utilisé des matraques, des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène contre des manifestants non armés.

Plus de 800 personnes ont été blessées, dont certaines gravement, dans les affrontements avec la police. Les organisations des droits de l'homme, parmi lesquelles Human Rights Watch et Amnesty International ont dénoncé la brutalité de la police.

Mais l'UE n'a pas réagi aussi fermement à ces incidents que dans le cas russe, en ne publiant son communiqué qu'au lendemain des évènements alors que le scandale avait déjà éclaté sur les réseaux sociaux. Bruxelles avait alors souligné que la violence ne pouvait jamais «servir d'instrument politique», tout en qualifiant le référendum catalan d'«illégitime». L'UE avait également fait part de son soutien au Premier ministre espagnol Mariano Rajoy dans la gestion de «ce processus difficile», euphémisme désignant ce que les médias qualifiaient de «répression massive». Au lendemain du référendum, le premier vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans avait déclaré que c'était «le devoir de chaque gouvernement de défendre l'État de droit».

«Parfois cela nécessite l'usage proportionné de la force», avait-il ajouté.

En général, l'UE a qualifié les évènements en Catalogne d'«affaire intérieures» de l'Espagne. Mais elle semble beaucoup plus préoccupée par ce qui se passe en Russie. La manifestation du 5 mai a été organisée à l'approche de l'investiture de Vladimir Poutine suite à sa victoire à la présidentielle du 18 mars à laquelle Alexeï Navalny n'avait pas participé. Les autorités russes avaient proposé plusieurs lieux pour la tenue de cette manifestation, dont l'avenue Sakharov, mais ils avaient tous été refusés par l'opposition. La police avait donc le droit d'interpeller les manifestants puisqu'ils s'étaient rassemblés dans un endroit non autorisé, notamment dans la rue Tverskaïa. Martin McCauley, expert irlandais en politique russe, estime que l'opposition l'a fait à dessein afin de «créer des actualités pour les médias occidentaux». Selon lui, si la police avait eu recours à la force, cela aurait été «un succès» pour M.Navalny.

Quelque 1.500 personnes se sont rassemblées samedi rue Tverskaïa à Moscou, non loin du Kremlin, en dépit du fait que la mairie avait autorisé la tenue d'une manifestation dans un autre endroit. Des manifestations de l'opposition se sont également déroulées samedi dans d'autres villes russes. La police a interpellé au total quelque 800 personnes.

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