Israël-Iran, entre escalade et jeu de dupes

© REUTERS / Amir CohenIsraels Armee auf den Golanhöhen (Archiv)
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L’Iran aurait franchi une «ligne rouge» en tirant des roquettes sur le Plateau du Golan depuis la Syrie, frappes suivies de raids israéliens dans ce pays. Une ligne franchie après que l’Iran ait été la cible de dizaines d’autres bombardements. Alors que rien ne semble pouvoir enrayer cette escalade de la violence, certains se frottent les mains…

La tension est à son paroxysme entre Iran et Israël. Le retrait américain de l'accord sur le nucléaire iranien et les «révélations» de Benyamin Netanyahou sur les supposées infractions iraniennes à ce même accord n'arrangent rien.

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Jeudi, Israël a annoncé avoir frappé des positions «iraniennes» en Syrie, en riposte à des attaques présumées iraniennes sur des positions de Tsahal sur le plateau du Golan. Des attaques, oublient le plus souvent de rappeler nos confrères, qui étaient elles-mêmes une riposte à plusieurs raids israéliens sur des positions iraniennes ou de groupes proches de Téhéran présents en Syrie. Une activité qui n'a rien de nouveau, car, toujours en état de guerre avec la Syrie, l'État hébreu a multiplié les bombardements ces derniers mois, avec une intensification très nette depuis quelques jours. La dernière en date ayant tué huit militaires iraniens, au lendemain de l'annonce fracassante de Donald Trump.

«Les Israéliens ont intérêt à bloquer l'expansion de l'Iran à leurs portes […] Quand on a la bombe atomique, ça ne sert à rien contre des gens qui ont des roquettes ou se cachent dans la population», souligne le géopolitologue Alexandre Del Valle.

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Pour Téhéran, l'État hébreu est en train «d'inventer des prétextes» pour frapper en Syrie, où les deux pays s'affrontent par procuration, notamment sur le plateau syrien du Golan, occupé par Israël depuis 1967, une annexion condamnée par l'ONU cette même année. Pourtant, l'Iran avait bien des velléités dans le nucléaire, explique Benjamin Hautecouture, Chargé de recherche au Centre d'études de sécurité internationale et de maîtrise des armements (CESIM, France):

«Il y avait plutôt, en Iran, jusqu'à la conclusion finale de cet accord, une volonté de se rapprocher du seuil nucléaire. C'est-à-dire, faire partie de ces États à qui il ne manque plus grand-chose pour que leur programme nucléaire militaire soit abouti. Comme la Suède dans les années 60, le Japon aujourd'hui, la Corée du Sud, etc.»

«Dans un environnement régional de sécurité qui est extrêmement périlleux pour l'Iran», le pays cherchait à atteindre un stade dit de «latence nucléaire», c'est-à-dire qui permet à des États de «lancer un programme militarisant en un, deux, trois, ou quatre ans, pas plus» […].

Se sentant menacée «par les États-Unis en particulier, par l'Arabie saoudite un peu moins et par Israël»,

«L'Iran cherchait à assurer une dissuasion existentielle [jusqu'à ce que ses, nldr] velléités de développement d'un programme militaire [soient] suspendues par l'imposition de sanctions internationales qui ont mis l'économie iranienne par terre, qui les ont mis exsangue.»

Des sanctions qui n'ont pourtant pas empêché l'Iran de poursuivre le développement d'un large programme balistique, ce qui cause une inquiétude majeure à Tel-Aviv:

«Il faut se mettre à la place d'Israël, qui est né après la Shoah le 14 mai 1948. C'est comme si l'Allemagne se réarmait et disait que la France doit disparaître»,

explique Hervé Ghannad, spécialiste de l'Iran et auteur du livre Identité et politique extérieure de l'Iran (2013). «Israël fait partie de la rhétorique négative du régime de République Islamique d'Iran depuis 40 ans, même avant».

«C'est une sorte de jeu de dominos, une guerre en trois parties. Une guerre d'hégémonie avec l'Iran et l'Arabie saoudite dans le Golfe. Une guerre idéologique, d'influence de l'arc chiite avec la Syrie, le Yémen et l'Irak, avec l'Arabie saoudite qui essaie de contrôler l'arc sunnite-arabe avec le Hamas, l'Égypte… C'est aussi une guerre économique»,

poursuit l'expert, qui cependant voit mal un conflit ouvert et direct s'engager: «Je ne vois pas une guerre entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, parce que l'Iran a l'habitude de se battre, pendant huit ans contre l'Irak, par exemple […] Donc on se bat par intermédiaire, on bat en Syrie, on se bat au Yémen, mais on ne s'affronte pas». Une guerre larvée, mais utile pour certains, selon Hervé Ghannad, car elle permet

«d'éliminer deux concurrents producteurs de pétrole et se mettre en avant… C'est "America is back". C'est bon pour les armes, c'est bon pour le pétrole. Quand il y a des tensions, c'est excellent et c'est un peu ce qu'a voulu déclencher Trump.»

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