Conseil de sécurité, Berlin mettrait bien Paris sur un siège permanent… éjectable!

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La France renoncera-t-elle un jour à son statut de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies? La question est légitime alors que l’ambassadeur d’Allemagne à l’Onu, Christoph Heusgen, a déclaré lors d’une conférence à Harvard le 6 octobre dernier, travailler à «l’européisation» du Conseil de sécurité.

Christoph Heusgen, proche d'Angela Merkel depuis son arrivée au pouvoir en 2005, ne cache pas les ambitions de l'Allemagne de siéger au Conseil de sécurité de l'Onu, officiellement pour «faire valoir les positions de l'Union européenne». Et tous les moyens sont bons pour y parvenir: à défaut d'obtenir le statut de membre permanent, Berlin a des visées sur le siège français.

«Dans l'accord de coalition, il est dit que notre but est de transformer [le siège de la France au Conseil de sécurité] en siège européen», a déclaré Christoph Heusgen devant les étudiants d'Harvard.

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Dans les faits, une réforme de la composition du Conseil de sécurité est un sujet extrêmement délicat qui n'a encore jamais abouti à cause des nombreuses répercussions que cela entraînerait. En 2005, un projet de réforme envisageait d'ajouter cinq membres permanents supplémentaires: un pays africain et les pays du G4 — l'Allemagne, le Brésil, l'Inde et le Japon.

«Nous croyons que, pour préserver la légitimité du Conseil de sécurité des Nations unies, la composition doit évoluer. Les P5 [pour Permanent 5, les 5 membres permanents, ndlr], ou du moins les États-Unis, la Russie et la Chine, ne sont pas favorables, car, quand vous êtes en position de force, vous ne voulez pas que cela change», explique le diplomate allemand.

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Pour contourner les oppositions, l'Allemagne aurait donc comme objectif le siège français.
Pourtant, Paris accepte de travailler «en étroite collaboration» avec Berlin dans les institutions de l'Onu et les deux capitales ont d'ores et déjà annoncé qu'elles assureraient ensemble la présidence du Conseil de sécurité en mars et avril 2019:

«Nous avons décidé de mettre en place une double présidence franco-allemande. Le but est que nous travaillions ensemble sur le fond, que nous coordonnions les sujets. Nous voulons un travail franco-allemand qui soit en même temps européen,» assure Christoph Heusgen.

Mais il l'admet, si la coopération est de mise entre les deux grands pays européens, il reste du chemin à parcourir pour que Berlin convainque Paris de partager son statut de membre permanent:

«Ce sont de très bons diplomates, ils ne disent pas non. […] Pour eux, être dans une position privilégiée est quelque chose qui leur tient encore à cœur.»

Une analyse confirmée par un ancien ambassadeur français sous couvert d'anonymat, qui déclarait à propos d'un siège allemand au Conseil de sécurité que «la position officielle est que nous sommes favorables à un élargissement du Conseil, y compris à l'Allemagne. Officieusement, la France n'a aucun intérêt à ce que l'Allemagne ait ce statut, qui aurait pour conséquence de rompre l'équilibre sur lequel est bâtie l'Union européenne: l'économie à l'Allemagne, la diplomatie à la France».

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