Défense: les deux raisons qui auraient motivé le réarmement soutenu de l’armée algérienne

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La lutte antiterroriste et les foyers de tension qui entourent l’Algérie sont les deux raisons principales de l’augmentation des dépenses militaires du pays. C’est ce qu’a affirmé à Sputnik un expert algérien en questions de sécurité et de défense, en récusant l’hypothèse, évoquée par un think tank belge, que l’armée ait des visées politiques.

Dans un récent rapport évoquant les dépenses algériennes en matière de Défense, le groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité (GRIP), situé à Bruxelles, a appelé les pays membres de l'Union européenne «à être vigilants avant d'octroyer des licences d'exportations d'armes à l'Algérie», et ce à cause du poids de l'Armée nationale populaire (ANP) dans la vie politique du pays. Dans un entretien accordé à Sputnik, Akram Khrief, expert algérien dans les questions de sécurité et de défense, a réagi aux conclusions du GRIP, en expliquant les raisons objectives ayant amené le gouvernement algérien à augmenter le budget militaire au cours des dernières années.

En réponse à la thèse du rapport concernant le renforcement de la prédominance de l'ANP sur la scène politique algérienne comme motif principal des importants achats d'armes, l'expert est catégorique: «C'est totalement faux.» «Je peux vous dire que c'est l'inverse qui se passe. L'armée algérienne se retire chaque année un peu plus de la vie politique pour devenir une armée professionnelle», a-t-il soutenu.

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Évoquant les causes réelles ayant poussé l'Algérie à augmenter considérablement ses dépenses en matière de Défense, le spécialiste a souligné qu'«en fait, l'augmentation du budget de l'armée ces cinq dernières années vient après les années 1990 où l'Algérie était sous embargo militaire». «C'était la période où l'Algérie et son armée faisaient face à la guerre contre le terrorisme», a-t-il ajouté, en précisant que «l'armée algérienne avait épuisé beaucoup de ses munitions et de ses équipements dans cette guerre, où elle avait également exposé ces derniers à un vieillissement prématuré. Ce qui fait qu'au sortir des années 1990 et au début des années 2000, l'armée algérienne avait perdu beaucoup de ses capacités.»

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La deuxième raison importante qui a motivé le renouvellement d'envergure des équipements de l'ANP en axant les achats sur des armements de haute technologie, et souvent de dernière génération, «c'est qu'à partir des années 2010, on a vu s'installer des foyers de tensions aux frontières de l'Algérie, dans le sud en particulier, à la frontière avec le Sahara [la région du Sahel, ndlr], qui n'existaient pas avant et qui ont nécessité de nouveaux achats d'armes et l'adoption de nouvelles tactiques militaires pour faire face à cette nouvelle donne», a expliqué M.Khrief. «Au lieu d'augmenter les effectifs des troupes, chose qui n'était pas possible, l'armée algérienne a opté pour l'achat d'armements sophistiqués à même d'augmenter la mobilité des forces et la puissance de feu, ce qui a entrainé une grande augmentation des dépenses», a-t-il précisé.

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En conclusion, Akram Khrief a affirmé qu'«en ce qui me concerne, je pense que les dépenses militaires algériennes vont baisser dans les années à venir, entre fin 2019 et 2020, car beaucoup d'acquisitions ont été faites depuis 2007.»

Pour rappel, tout en précisant que l'Algérie a été le 7e plus grand importateur d'armes conventionnelles au monde pendant la période 2013-2017, représentant ainsi «3,7% des exportations au niveau mondial et 52% au niveau du continent africain», le GRIP avait indiqué que ces dépenses militaires «s'expliquent par l'influence de l'armée algérienne dans la politique du pays».

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À l'approche de l'élection présidentielle d'avril 2019 en Algérie, et au milieu d'une effervescence politique concernant la question d'un 5e mandat pour le Président sortant Abdelaziz Bouteflika, l'Armée nationale populaire algérienne, dans le numéro du mois d'août de sa revue El Djeich (l'Armée), a clarifié une nouvelle fois sa position par rapport aux appels de différents partis politiques à son intervention dans le champ politique pour organiser une transition démocratique. L'ANP a opposé définitivement un non catégorique à l'idée d'une intervention dans les affaires politiques du pays, ce qui serait contraire aux missions que lui a fixées la Constitution.

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