Guerre d’Algérie: les archives seraient la clef de voûte pour régler le problème mémoriel

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Il ne pourrait y avoir de démarche profonde pour régler la question de la mémoire de la guerre d’Algérie sans que soit traité, entre Alger et Paris, le dossier des archives liées à ce conflit. C’est ce qu’a expliqué une historienne française, en affirmant que cette question des archives est un point de désaccord majeur entre les deux pays.

La résolution de l'épineuse question de la mémoire de la guerre d'Algérie repose essentiellement sur les archives franco-algériennes de ce conflit. C'est ce qu'explique Sylvie Thénault, Directrice de recherche au CNRS, dans une tribune publiée le 14 octobre sur le site The Conversation.

«Plus d'un demi-siècle après l'indépendance de l'Algérie, la question des archives reste une question majeure du contentieux historique entre l'Algérie et la France», a écrit l'historienne. «Elle s'annonce comme une tâche primordiale pour Emmanuel Macron dont le quinquennat se révèle novateur en la matière», a-t-elle ajouté.

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Tout en affirmant que le contentieux entre les deux pays concernant cette question doit être dépassé pour que les historiens puissent avoir accès aux archives et les exploiter, la spécialiste a mis en lumière les points de désaccord entre Paris et Alger sur ce dossier.

Évoquant le point de vue de la France, la chercheuse a affirmé que «les autorités françaises avaient alors [durant la période de décolonisation, ndlr] une doctrine en matière de répartition des archives dans des contextes de transfert de souveraineté». «Cette doctrine distingue les archives dites "de souveraineté" et les archives dites "de gestion"», a-t-elle ajouté en précisant que «les premières, concernant l'exercice du pouvoir, sont appelées à être transférées en France».

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Expliquant cette distinction de catégories d'archives dans la démarche des autorités françaises, Mme Thénault a indiqué qu'«il s'agit essentiellement, dans le cas de l'Algérie à la période coloniale, des archives [de souveraineté, ndlr] du gouvernement général ainsi que de celles des préfectures et sous-préfectures». «Les secondes, les archives "de gestion", sont appelées à rester dans le pays», a-t-elle ajouté en soulignant que «celles-ci sont en effet les archives produites par l'administration dans son activité quotidienne. Il s'agit, notamment, de l'état civil, du cadastre, de registres comme les registres d'écrou des prisons… ».

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Cette division des archives en deux catégories, «souveraines» et «de gestion», pratiquée par la France n'est pas prise en compte par le gouvernement algérien. «Les autorités algériennes rejettent cette distinction», a souligné l'historienne. «Depuis 1962, elles n'ont eu de cesse de dénoncer leur dépossession et de demander la restitution de tous les documents», a-t-elle ajouté, en rappelant qu'«un accord a pu être trouvé sur les seules archives ottomanes que les autorités françaises avaient transférées, en pleine contradiction avec leur propre doctrine». «Pour le reste, les positions françaises et algériennes sont incompatibles et c'est pour cette raison, précisément, que la question des archives continue d'être traitée au plan diplomatique», a-t-elle encore indiqué.

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En conclusion, tout en rappelant que lors de sa visite à Alger, en décembre 2017, Emmanuel Macron avait promis que: «le chantier des archives va être ouvert», Sylvie Thénault a suggéré qu'«[…] il est urgent que la question des archives de la période coloniale en Algérie soit traitée sur des bases nouvelles, loin des théories officielles ne correspondant pas à la réalité connue des archivistes et des chercheurs». «La conclusion est sans appel: un inventaire bilatéral des sources conservées de part et d'autre fait cruellement défaut. Il est bien là, le chantier à ouvrir», a-t-elle conclu.

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