«Je ne me considère pas comme un opposant»: un off de Jamal Khashoggi publié après sa mort

© AP Photo / Virginia MayoJamal Khashoggi
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Jamal Khashoggi, journaliste saoudien qui collaborait avec le journal The Washington Post, mort le 2 octobre dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, avait récemment parlé des réformes en cours dans son pays et des relations entre Washington et Riyad dans une conversation «off the record» avec la journaliste Rula Jebreal.

Après la confirmation par le procureur général saoudien de la mort le 2 octobre dernier de Jamal Khashoggi, journaliste saoudien qui collaborait avec le journal The Washington Post, dans le consulat général d'Arabie saoudite à Istanbul, l’analyste politique Rula Jebreal a publié son entretien à micro fermé avec M.Khashoggi organisé lors de la préparation d’un article pour le magazine américain Newsweek.

«Je veux une meilleure Arabie saoudite. Je ne me considère pas comme un opposant. Je n’appelle pas à renverser le gouvernement actuel. Je ne fais qu’appeler aux réformes», a notamment déclaré M.Khashoggi qu’on appelait parfois «journaliste dissident».

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Rula Jebreal, qui préparait un article sur le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane Al Saoud, a également posé à M.Khashoggi, des questions sur les réformes du prince. Parmi ces innovations, il y a la réouverture des salles de cinéma en Arabie saoudite après 35 ans d’interdiction, l’autorisation de conduire pour les femmes, l’ouverture d’accès des stades de football pour les femmes ou encore la levée de l’obligation pour les femmes de porter l'abaya, cet habit noir cachant leurs formes qui était obligatoire dans les lieux publics du pays.

Le journaliste saoudien a critiqué le penchant du prince Mohammed ben Salmane pour les «projets d’éléphants blancs», alors qu’il devrait s’occuper des régions pauvres du pays. 

«Il ne voit toujours pas le peuple. Quand il verra le peuple, les véritables réformes commenceront. Il œuvre pour sa version de l’Arabie saoudite, une Arabie saoudite selon Mohammed ben Salmane», a estimé M.Hashoggi cité par Rula Jebreal.

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À la question de savoir pourquoi Riyad n’a toujours pas reconnu l’État hébreu malgré le fait que le prince Mohammed ben Salmane ait déclaré, lors d’une visite aux États-Unis, que les Israéliens méritaient leur pays, M.Khashoggi a noté que c’était l’indignation des autres pays arabes qui avait poussé Riyad à faire marche arrière.

«L’Arabie saoudite a organisé un sommet arabe [en avril dernier à Dhahran, ndlr] et l’a soudainement baptisé Sommet de Jérusalem. Pourquoi? Je crois que c’est une réaction à la colère qui gronde dans le monde arabe et en Arabie saoudite. On croit que l’Arabie saoudite cède aux Israéliens, aux lobbies juifs ici et là. Et probablement l’Arabie commence à s’inquiéter que le Président Trump ne lui donne pas ce qu’elle veut. Les autorités saoudiennes ont alors fait un pas en arrière et dit "Nous soutenons toujours la Palestine"», a affirmé M.Khashoggi.

Il a jugé possible que les États-Unis puissent changer leur attitude à l’égard de Riyad, tout en notant qu’il y avait toujours un «mais».

«Je suis certain que les Américains n’exerceront pas de pressions sur Mohammed ben Salmane s’il n’y a pas de vraie crise en Arabie saoudite», a-t-il déclaré.

Le journaliste saoudien Jamal Khashoggi n'a plus donné signe de vie depuis son entrée le 2 octobre dernier dans le bâtiment du consulat saoudien à Istanbul. Un peu plus de deux semaines après sa disparition, sa mort a été confirmée par le procureur général Cheikh Saoud Al-Mojeb. Le procureur a expliqué que le journaliste était mort en raison d'une rixe dans le consulat. 18 Saoudiens ont été arrêtés dans le cadre de l'affaire. Le roi Salmane d’Arabie saoudite a en outre renvoyé un haut responsable du renseignement saoudien, Ahmad al-Assiri, et un important conseiller à la cour royale, Saoud al-Qahtani, deux proches collaborateurs du prince héritier Mohammed ben Salmane.


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