Tuerie à la synagogue de Pittsburgh: les juifs du Québec «choqués, mais pas surpris»

© AP Photo / Gene J. PuskarShooting in Pittsburgh
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Le 27 octobre dernier, un tireur a fait 11 morts dans une synagogue de Pittsburgh, en Pennsylvanie. Un crime motivé par l’antisémitisme. Pour David Ouellette, le directeur du Centre consultatif des relations juives et israéliennes de Montréal, les juifs québécois ne sont pas du tout surpris par cet événement. Entretien.

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11 morts dans une synagogue, c'est le macabre bilan de la tuerie de Pittsburg, en plein jour du shabbat. Le 27 octobre dernier, Robert Bowers, 46 ans, a choqué le monde par son crime antisémite.
Donald Trump a rapidement condamné ce qu'il considère comme une «action diabolique» et un «meurtre de masse».

​Quant à sa fille Ivanka Trump, qui s'est convertie au judaïsme en 2009, elle a déclaré que son pays était «plus fort que les actes d'un antisémite pervers et sectaire».

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​Robert Dowers a été inculpé de 29 chefs d'accusation, dont certains sont passibles de la peine de mort. Les motivations de son geste ne font guère de doute, puisqu'il a publié depuis plusieurs années de nombreux messages antisémites sur les réseaux sociaux.
Les communautés juives partout dans le monde se sont évidemment senties concernées par cette sanglante attaque. Particulièrement celles de Montréal, ville nord-américaine où vivent plusieurs milliers de juifs.

Les juifs du Québec réagissent en grand nombre

Pour David Ouellette, le directeur du Centre consultatif des relations juives et israéliennes de Montréal (CIJA), les juifs québécois sont profondément choqués par la tragédie. Dans l'ensemble, ils ne sont toutefois pas du tout surpris par cet événement. Le signe d'une profonde inquiétude quant à leur situation.

«Nous ne sommes pas surpris. Nous sommes choqués, mais nous ne sommes pas surpris. Parce que ça fait maintenant une vingtaine d'années que nous assistons à une libération de la parole antisémite dans la sphère publique, que ce soit sur les médias sociaux ou dans les sections de commentaires des médias traditionnels. Il y a aussi une libération de la parole antisémite dans certaines mosquées.»

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David Ouellette a évoqué la montée de l'antisémitisme un peu partout dans le monde. Il parle d'un discours antisémite de plus en plus décomplexé, qui s'entremêlerait à une critique radicale de l'État d'Israël.

«Dans les dernières années, nous avons assisté à plusieurs assassinats de juifs en Europe. Ce n'est pas non plus la première fois aux États-Unis que des juifs sont tués parce que juifs. Donc non, nous ne sommes pas étonnés [de ce crime, ndlr], parce qu'il y a un climat propice à ça», a affirmé M. Ouellette en entrevue avec Sputnik.

Sans généraliser, David Ouellette croit que certains médias tendent à minimiser la montée de l'antisémitisme dans le monde. En effet, plusieurs grands médias se montreraient «insensibles à la haine des juifs», préférant se concentrer sur la discrimination dont souffriraient des groupes plus «populaires» comme les musulmans. David Ouellette ne nie pas l'influence du politiquement correct sur ce phénomène.

«Plus tôt cette année, nous avons vu que les médias étaient insensibles à l'antisémitisme quand nous avons dénoncé les appels à la mort des juifs dans deux mosquées montréalaises. Il y a eu peu d'écho dans les médias. Ça, c'est quelque chose qui nous préoccupe et qui nous déçoit énormément.»

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Ici, M. Ouellette fait notamment référence à une affaire qui remonte à mars 2017. À cette époque, RT avait été la première chaîne d'informations à dévoiler qu'un imam jordanien appelait au meurtre des juifs dans une mosquée de Montréal. Une information qui avait été ensuite timidement reprise par d'autres grands médias.

David Ouellette déplore aussi que certains crimes antisémites soient vus comme plus «acceptables» lorsqu'ils ne sont pas commis par des gens d'extrême droite. Si le tueur de Pittsburgh était issu d'un mouvement d'extrême gauche, il estime que certains médias auraient fait un travail un peu moins rigoureux dans le traitement de l'affaire.

«Il y a une sensibilité à géométrie variable envers l'antisémitisme, dépendamment de qui en est l'auteur. On tend à fermer les yeux sur l'antisémitisme de l'extrême gauche, tout comme l'antisémitisme islamiste», a affirmé le directeur du Centre consultatif des relations juives et israéliennes de Montréal.

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Par contre, David Ouellette estime que le Canada reste encore beaucoup moins touché par l'antisémitisme que d'autres pays, comme les États-Unis, la France et le Royaume-Uni. Une réalité dont se montreraient conscients les juifs canadiens et québécois, malgré leurs profondes inquiétudes:

«Par contre, la crise de la légitimité démocratique au Canada est beaucoup moins accentuée qu'en Europe et aux États-Unis. Somme toute, au Québec et au Canada, il y a certes des mouvements groupusculaires [antisémites, ndlr], mais ils ne sont pas représentatifs d'une vague de fond au sein de l'opinion publique. Il y a aussi des groupes antisémites chez nous, mais ils demeurent somme toute plus marginaux», a conclu M. Ouellette.

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