Je t’aime moi non plus: la chronique d’une «bromance» ratée entre Macron et Trump (vidéo)

© AP Photo / Carolyn KasterDonald Trump et Emmanuel Macron
Donald Trump et Emmanuel Macron - Sputnik Afrique
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Donald Trump versus Emmanuel Macron, Chapitre 2. Dans son mépris pour l’UE et ses dirigeants, Donald Trump avait jusqu’ici épargné son homologue français avec lequel il entretenait une rare relation de proximité, malgré des différends politiques de fond. Le terme «jusqu’ici» prend tout son sens…

Le moins que l'on puisse dire est que la «bromance» entre Donald Trump et Emmanuel Macron a du plomb dans l'aile. Pour dire les choses comme elles le sont, le Président de la République est désormais ciblé par le 45e locataire de la Maison-Blanche, qui n'a jamais épargné ses alliés.

Ce mardi, dans une salve de tweets, le Président américain, désireux de prouver au monde son statut de leader numéro 1, a attaqué frontalement le Français, rompant avec leurs relations amicales des débuts. Comment la rhétorique de Donald Trump a-t-elle pu changer en moins d'une année? Un regard en arrière sur la dégradation des relations, d'abord très amicales, puis en points de discorde.

Première rencontre, premières impressions

Elle s'est passée à l'ambassade des États-Unis à Bruxelles en marge du sommet de l'Otan le 25 mai 2017, peu après l'investiture d'Emmanuel Macron.

«Vous avez mené une campagne incroyable et remporté une formidable victoire. (…) Le monde entier en a parlé. On a un agenda extrêmement large à discuter au sujet de la lutte contre le terrorisme, l'économie, les sujets climatiques et énergétiques», a alors salué Donald Trump.

Un an et demi plus tard, il ne semble pas si ravi de l'exercice du pouvoir de M.Macron, lançant une pique à la côte de popularité de ce dernier…

La réorientation des intérêts

En juillet 2017, au sommet du G20, Emmanuel Macron avait affiché une proximité stratégique avec le locataire de la Maison-Blanche, scellée le 14 juillet, lorsque Donald Trump avait été convié au traditionnel défilé militaire de la Fête nationale, sur les Champs-Élysées.

Toutefois, les visites de Donald Trump en France sont, évidemment, devenues si fréquentes qu'il décide de rater délibérément certains événements, comme l'a montré la commémoration de l'Armistice. D'abord, il ne s'est pas rendu à un cimetière américain en France, puis, dans une démonstration de force, n'a pas rejoint M.Macron et les autres chefs d'État à l'Élysée, bien qu'il soit arrivé quelques jours en avance, et a préféré se rendre directement à l'Arc de Triomphe, tout comme Vladimir Poutine.

Encore en juillet 2017, le Président américain tweetait à propos de sa visite à Paris: «Une rencontre bilatérale excellente au palais de l'Élysée avec le Président Emmanuel Macron. L'amitié entre nos nations et entre nous est incassable.»

Réuni avec Emmanuel Macron en marge du sommet de l'Otan en juillet 2018, M.Trump l'a qualifié d'ami et a pointé un partenariat réussi entre les États-Unis et la France. Pour sa part, le dirigeant français a rappelé dans sa langue maternelle qu'il y a à peu près un an, Trump et sa délégation avaient assisté à la Fête nationale et que depuis ils n'avaient pas cessé d'échanger de manière régulière. Bien que le Président américain ne comprenne pas le français, il a accueilli chaleureusement le discours de son homologue.

«Ça sonnait magnifiquement bien, mais je n'ai aucune idée de ce qu'il a dit», a alors répondu Trump, provoquant des éclats de rire.

Et puis, cette «amitié» s'est dégradée jusqu'à des reproches mutuels. Pendant le discours de M.Macron, le 11 novembre, devant près de 70 chefs d'État, le Président Trump ne s'est pas montré aussi attentif et cordial. Pendant qu'Emmanuel Macron critiquait le nationalisme, les expressions qu'on pouvait observer sur le visage de Donald Trump parlaient d'elles-mêmes:

Sans surprise, le Président américain a vu dans ce discours une pique lancée contre lui: lors d'un rassemblement à Houston en octobre dernier, il s'est déclaré nationaliste, en défendant l'économie américaine contre l'UE.

Lors du même long discours de son homologue français, il a préféré entre autres détourner son attention vers le roi du Maroc, qui n'a pas pu résister au sommeil…

L'Otan, pomme de discorde

Presque depuis son installation à la Maison-Blanche, Donald Trump a commencé à reprocher aux pays européens de ne pas contribuer suffisamment aux finances de l'Otan. L'Allemagne et la France se sont retrouvées notamment dans le viseur du Président américain.

Le Président Macron se montrait clément face aux exigences de son homologue américain dans un premier temps, prônant une Otan forte.

Mais récemment, il a défendu l'idée de créer «une vraie armée européenne» pour avoir une Europe «qui se défend davantage seule, sans dépendre seulement des États-Unis et de manière plus souveraine», ce qui a ébranlé l'importance de l'Otan aux yeux du monde. Le tollé du côté américain a été ainsi assuré: M.Trump s'est fendu d'une véritable diatribe contre son homologue français pour défendre le rôle de l'Otan et faire sauter l'idée d'une armée européenne.

Les touchers intimes

Une place particulière des relations entre le Français et l'Américain appartient au contact physique. Lors des premières rencontres, les deux chefs d'État se montraient ravis de se tenir par la main, de se faire des accolades, et même de s'occuper des pellicules de l'autre…

Mais aucune idylle ne peut durer éternellement. Car Donald Trump a mal vécu le souhait d'Emmanuel Macron de créer une «armée européenne», ce 10 novembre à l'Élysée, le Président français a tenté, par les mots et par les gestes, de l'apaiser.

Hélas, sans résultat. La main sur le genou du Président américain, puis sur la cuisse avec l'air ému et un regard attendri n'ont pas porté leurs fruits: l'Américain restait imperméable aux avances du Français.

Mais une chose n'a pas changé depuis leur première rencontre: le duel des poignées de main, visant à démontrer le pouvoir et la domination de chacun.

Ainsi, la série de tweets de Donald Trump contre la France et son Président est un énième coup de sang qui s'ajoute à une longue liste d'attaques contre d'autres dirigeants internationaux, dont Angela Merkel, Justin Trudeau et Theresa May.

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