Alger énumère les points qu’il refuse dans le pacte de Marrakech sur les migrations

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Lors de l’adoption du pacte de Marrakech sur les migrations, l’Algérie a fait part de ses réserves concernant certains points du texte final qu’elle juge inappropriés. C’est ce qu’a affirmé le 10 décembre le directeur du département des migrations du ministère algérien de l’Intérieur, rappelant la nécessité de traiter le problème à la source.

À l'image des pays ayant émis des réserves à l'égard du pacte de Marrakech sur les migrations, l'Algérie a également pointé du doigt certaines zones d'ombre dans ce texte qui ne vont pas le sens de ses intérêts vitaux. C'est ce qu'a déclaré le 16 décembre Hassan Kacimi, le directeur central au ministère algérien de l'Intérieur en charge du dossier de la migration, dans un entretien avec le quotidien Le Soir d'Algérie.

«Il s'agit d'une déclaration très controversée et qui ne fait pas l'unanimité sur le plan international», a déclaré le responsable. «L'Algérie est aussi préoccupée par l'évolution de ce phénomène [de la migration, ndlr] qui menace la sécurité et la stabilité de notre pays», a-t-il ajouté en soulignant que «les pouvoirs publics algériens ont exprimé à Marrakech leurs réserves sur plusieurs points».

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Évoquant la question du transfert de souveraineté aux institutions internationales sur des problèmes dont les enjeux relèvent de la sécurité nationale, le responsable a affirmé que son pays a demandé à ce que «le droit de définir les politiques publiques migratoires revienne à l'État concerné». «C'est également à l'État de définir les concepts juridiques de migration régulière et de travail», a-t-il encore ajouté. Dans le même sens, et dans le but de traiter le phénomène migratoire au cas par cas en évitant toute confusion, M.Kacimi a soutenu qu'«Alger a également demandé d'établir la distinction entre les migrants économiques et migrants humanitaires, régis par deux cadres juridiques différents».

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Dernièrement, l'Algérie a été accusée par des médias et à l'internationale d'infliger des traitements inhumains aux migrants sahariens et subsahariens, lors des opérations de rapatriement de ces derniers dans leur pays, en particulier au Niger. Rappelant ces campagnes, Hassan Kacimi a mis l'accent sur le fait que dans le texte de l'accord ratifié à Marrakech «on ne doit absolument pas mettre sur un pied d'égalité les États et les ONG de même que le dossier migratoire ne doit pas être instrumentalisé et constituer un moyen de pression ou d'ingérence, au nom du droit humanitaire». «Nous ne voulons pas non plus que les mécanismes d'évaluation et de mise en œuvre de ce pacte évoluent vers une forme devant transformer ce pacte en instrument juridiquement contraignant», a-t-il encore averti.

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Le responsable n'a pas manqué de réitéré la nécessité d'attaquer le problème de la migration à la source et d'éviter de réagir uniquement à ses effets secondaires, tout en rappelant les efforts de la diplomatie algérienne pour sensibiliser la communauté internationale sur la nécessité de développer les pays d'où sont originaires les migrants. Dans ce cadre, il a relevé que «ce pacte élude les grands défis liés aux évolutions climatologiques et démographiques et ne prévoit aucune mesure pour le règlement des crises et des conflits dans les espaces sahélo-sahariens, pour stabiliser ces territoires». «Il ne met pas l'accent sur le développement durable et les mécanismes à mettre en place au niveau des pays pourvoyeurs de migration», —t-il conclu.

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Le pacte mondial sur les migrations des Nations unies a été formellement approuvé le lundi 10 décembre à Marrakech, après la proclamation orale et le traditionnel coup de marteau, devant quelque 150 pays réunis en conférence intergouvernementale.
Ce document vise en premier lieu à renforcer «la coopération relative aux migrations internationales sous tous leurs aspects». Le pacte n'est juridiquement pas contraignant, mais les pays qui l'ont rejeté ont fait valoir qu'ils voulaient conserver une gestion nationale des flux migratoires et qu'ils redoutaient l'utilisation du Pacte lors de recours devant la justice.

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