Europhiles ou europhobes: tous subissent la grogne populaire

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En France, Emmanuel Macron fait face depuis plus d'un mois au mouvement des Gilets jaunes. En Hongrie, le vote d'une réforme du code du travail est à l'origine de mobilisations quotidiennes depuis le 13 décembre. Qu'ils soient europhobe ou europhile, les deux hommes sont en difficulté politique chez eux à six mois des européennes.

Après les Gilets jaunes en France, c'est au tour de la Hongrie d'être confrontée en même temps à la grogne populaire et à l'épuisement des forces de l'ordre. Le 19 décembre, après six jours de contestation inédite depuis l'élection de Viktor Orban en 2010, plus de 2.300 policiers ont réclamé le paiement des compensations pour les heures supplémentaires effectuées, soit une somme de «près de 200 millions de florins», soit 700.000 euros.

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Cet épisode est le dernier d'une série qui a commencé le 13 décembre dernier et qui trouve son origine dans le vote d'une réforme du code du travail, d'une part, et d'une disposition instaurant une juridiction spécifique pour les affaires dans lesquelles les pouvoirs publics sont impliqués, d'autre part.

Ce jour-là, près de 3.000 manifestants s'étaient réunis à Budapest où ils avaient bloqué l'un des huit ponts permettant de traverser le Danube au cri pour dénoncer une «loi esclavagiste». La réforme du code du travail votée permet en effet à l'employeur de demander à ses employés d'effectuer 400 heures supplémentaires par an, soit 7 heures 40 minutes de plus par semaine.

D'autres rassemblements contre ce texte ont eu lieu les jours suivants. Ils ont été dispersés par les forces de l'ordre à l'aide de gaz lacrymogènes. Le 15 décembre, au troisième jour de manifestation, le Fidesz, le parti de Viktor Orban, avait fait savoir que «de plus en plus de criminels font partie des émeutes de rues». Des criminels dont l'origine est incertaine puisque le gouvernement a parlé de «vandales à la solde de [Georges] Soros» tandis que l'opposition dénonçait, d'après l'AFP, des violences dues à des «agents provocateurs travaillant pour le pouvoir».

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La mobilisation a franchi un palier supplémentaire le dimanche 16 décembre. La quatrième manifestation en autant de jours, organisée conjointement par l'opposition de gauche, les groupes étudiants et de simples citoyens, a rassemblé entre 10.000 et 15.000 participants. Arborant le slogan «Joyeux Noël, monsieur le Premier ministre», le cortège est parti de la place des héros pour rejoindre le parlement en descendant la rue Andrassy, l'équivalent des Champs-Élysées hongrois.

D'autres opposants aux deux textes controversés votés plus tôt dans la semaine, à l'instar des députés proches du parti écologiste LMP Akos Hadhazy et Bernadette Szel, se sont réunis le 16 décembre aux abords du siège de MTVA, la télévision publique hongroise, pour y lire un communiqué réclamant l'abrogation de la réforme du travail, la suppression de la disposition judiciaire, l'indépendance des médias publics et l'adhésion de la Hongrie au parquet européen.

Le 17 décembre, entre 1.000 et 3.000 personnes étaient toujours réunies devant le siège de MTVA pour réclamer plus de liberté pour les médias et plus d'indépendance pour la justice. Le même jour, les syndicats ont exigé une hausse des salaires et ont menacé d'une grève générale si la réforme du code du travail était entérinée.

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Les causes de la grogne n'ont aucun lien avec les Gilets jaunes, si ce n'est qu'une seule décision est à l'origine des mobilisations. Dans le cas de la France, la hausse des taxes sur le carburant avait été l'élément déclencheur tandis que la contestation hongroise trouve son origine dans la réforme du code du travail. Et si la forme que prend la contestation n'est pas la même, les deux mouvements ont en commun le fait de prendre de court l'exécutif.

Les élections européennes approchent et il se pourrait bien que la réforme «esclavagiste» du code du travail soit à Orban ce que les Gilets jaunes sont pour Macron: une source de mécontentement qui cristallise de nombreuses frustrations. À six mois des élections européennes, Viktor Orban, le champion des «europhobes», se retrouve dans la même position que celui des «europhiles», Emmanuel Macron.

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