Le pacte des migrations des Nations unies a été formellement approuvé le 10 décembre à Marrakech. Les représentants de 150 pays se sont donnés rendez-vous dans cette ville du Maroc pour renforcer «la coopération relative aux migrations internationales». Plusieurs pays ont toutefois refusé de signer le pacte: la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, la Bulgarie, l'Autriche, la Pologne, Israël et l'Australie. Le pacte se veut «non contraignant» sur le plan juridique, mais pose un certain nombre de problèmes, selon des experts et politiciens. Quels problèmes?
Un texte «non contraignant», vraiment?
Le Québécois André Sirois se méfie des conséquences que pourrait avoir cet accord pour les États signataires. M.Sirois a travaillé 40 ans pour l'Onu, ayant notamment pris part à la mise en place du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).
«Je suis persuadé que certaines informations ont été laissées de côté intentionnellement. Moi, ça fait 40 ans que je consulte des documents des Nations unies, que j'utilise la bibliothèque et les services informatiques de l'Onu, et je n'arrivais pas à accéder au document durant le processus. Des recherchistes de la bibliothèque de l'Onu m'ont même dit qu'eux-mêmes avaient de la difficulté à trouver le texte. Des journalistes que je connais m'ont aussi dit la même chose», a affirmé André Sirois en entrevue avec Sputnik.
M.Sirois pense aussi que le pacte viendra limiter la souveraineté de certains États, les empêchant de maintenir leurs propres politiques en matière d'immigration. Ce sera notamment le cas du Canada, un État qui serait reconnu pour sa grande «naïveté» au sein des instances internationales. M.Sirois croit que le Canada sera l'un des premiers pays à souffrir du nouvel accord. Non seulement le Canada reçoit déjà beaucoup d'immigration, mais il aspire depuis longtemps à incarner le progrès sur la scène internationale.
«La naïveté des Canadiens aux Nations unies est reconnue. Tout le monde sait, aux Nations unies, que les Canadiens sont toujours les premiers à se lancer dans de bonnes opérations comme celles-là, et à en payer le prix ensuite», a affirmé M.Sirois.
«Les pays qui vont être contraints, ce sont les pays qui reçoivent déjà des immigrants», a souligné M.Sirois.
Les migrations de masse encouragées par le pacte menaceront la sécurité des sociétés occidentales, qui verront rapidement leur capacité d'intégration dépassée. La conférence de Marrakech emmènerait l'idée d'un droit universel à la migration, qui légitimerait le départ de dizaines de millions de personnes à travers le monde. Avec la montée de l'islamisme, André Sirois craint également que des intégristes religieux ne profitent de l'hospitalité des sociétés d'accueil pour imposer leur agenda. «Les extrémistes auront le pouvoir», avertit l'ex-avocat à l'Onu.
«Au cours du XXe siècle, partout où il y a eu des déplacements de populations considérables, les migrants qui ont été accueillis ont fini par se retourner contre leur société d'accueil. Pourquoi en serait-il autrement aujourd'hui? […] Le pacte de Marrakech encourage l'immigration de remplacement, c'est exactement comme ça que ce phénomène s'appelle», a mentionné M.Sirois au micro de Sputnik.
Non seulement le pacte se révélera néfaste pour les pays occidentaux, mais il le sera aussi pour les pays en voie de développement. Une réalité que l'Onu ne voudrait tout simplement pas voir. «Nous allons nous retrouver avec des pays qui seront seulement perçus comme des réservoirs de migrants», a souligné André Sirois, qui s'inquiète de la création d'une sorte de nomadisme planétaire.Au lieu d'encourager le développement des pays du sud, le pacte alimenterait plutôt une vision défaitiste de leur avenir. Dans son essai La Ruée vers l'Europe (Grasset 2018), le journaliste Stephen Smith en arrive à des conclusions similaires. Selon Smith, le départ massif des jeunes Africains pour l'Europe pourrait avoir des conséquences désastreuses pour leurs pays d'origine. L'exil des cerveaux ne favorisera pas l'essor économique des pays défavorisés.
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