Attentat de Lockerbie: et si la Libye de Kadhafi n’y était pour rien?

© AP Photo / Martin Cleaver, FileDébris du vol 103 de Pan Am
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Bien que Mouammar Kadhafi ait finalement assumé la responsabilité de l'attentat de Lockerbie, le débat sur les vrais commanditaires de l'attaque commise en 1988 ne cesse de renaître.

Il y a trente ans, l'explosion d'un Boeing 747 de la compagnie Pan Am en plein vol au-dessus du village de Lockerbie, en Écosse, a causé la mort de 270 personnes, dont la plupart étaient des Américains. En août 2003, la Libye a reconnu sa responsabilité dans l'attentat et s'est engagée à verser des compensations aux familles des victimes à hauteur de 2,7 milliards de dollars au total. Pourtant, ce geste n'a pas mis fin aux débats des observateurs, dont certains estiment que Tripoli y a recouru afin de faire lever les sanctions à son égard.

Piste iranienne

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La Jordanienne Saha Khreesat a remis le sujet sur la table: dans un entretien accordé au tabloïd britannique The Mirror, elle a affirmé que l'attentat de Lockerbie avait été commandité non par la Jamahiriya arabe libyenne, mais par la République islamique d'Iran.

Mme Khreesat se présente en tant que fille de Marwan Khreesat, membre du groupe terroriste palestinien ayant organisé l'explosion, et son histoire s'inscrit bien dans une théorie selon laquelle l'attentat de Lockerbie était une vengeance de Téhéran pour la destruction du vol 655 d'Iran Air par un missile américain survenue cinq mois plus tôt.

D'après Mme Khreesat, son père a laissé un dossier entier qui montre que le chef du groupe, Ahmed Jibril, avait reçu des milliards de dollars de la part de Téhéran pour orchestrer l'attaque. «Je pense qu'il est le responsable et qu'il a un accord avec le gouvernement iranien», a déclaré l'interlocutrice du journal.

Hypothèse pas très neuve

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À la suite de l'attentat, plusieurs théories ont été avancées quant à son commanditaire et la piste iranienne figurait parmi les plus citées. Après la catastrophe de l'Airbus iranien qui a fait 290 morts, l'ayatollah Khomeini a promis «une pluie de sang» aux États-Unis. L'ancien directeur de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST), Yves Bonnet, avait soutenu à l'époque que cet attentat aurait pu être commis sous l'inspiration et avec le financement de l'Iran dans l'objectif de discréditer Kadhafi.

En 2014, la chaîne satellitaire qatarie Al Jazeera a diffusé un documentaire accusant l'Iran d'avoir fait exploser le vol 103 de la Pan Am. Les réalisateurs se basaient sur le témoignage de l'ancien officier des renseignements iraniens Abolghasem Mesbahi, qui a fui en Allemagne dans les années 1990.

Selon ce dernier, l'Iran avait décidé de se venger pour la destruction du vol 655 «dès que possible», alors que la décision avait été prise «par le système iranien et confirmée par l'ayatollah Khomeini». Téhéran avait naturellement démenti ces accusations, rejetant tout lien avec l'attentat de Lockerbie.

Damas pas épargné de soupçons

L'officier transfuge affirmait également qu'Ahmad Jibril, chef du Front Populaire pour la libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG) basé à Damas, avait préparé l'opération. Pour sa part, l'ex-employé de la CIA Robert Baer prétendait dans le même documentaire que l'agence de renseignement US avait rapidement acquis la conviction de l'implication du FPLP-CG dans l'attentat.

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Pourtant, selon certains analystes, l'Occident était réticent à accuser la Syrie d'Hafez el-Assad, qui hébergeait le FPLP-CG sur son sol, car il avait besoin de son soutien à une époque où les États-Unis constituaient une coalition contre Saddam Hussein. Washington refusant de s'aliéner le pouvoir syrien, c'est bien la Libye qui avait finalement été montrée du doigt, estimaient les partisans de cette hypothèse.

Fin 2013, la Chaîne 4 britannique avait rendu publique la retranscription de l'audition d'un autre agent de la CIA, le Dr Richard Fuisz, qui désigne le FPLP-CG coupable de l'attaque, évoquant ses entretiens avec une quinzaine de responsables de l'armée qui avaient été en contact permanent avec le chef de l'organisation, Ahmed Jibril. La CIA s'est néanmoins abstenue de tout commentaire à ce sujet.

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