Antonio Tajani: «l'antisémitisme n'est pas un problème résolu en Europe»

© Photo EJC Press OfficeAntonio Tajani, président du Parlement européen
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Comme tous les ans, les présidents des communautés juives d'Europe, des martyrs des camps d'extermination nazis et des élus européens se sont rassemblés au Parlement de l'UE pour rendre hommage aux victimes d'Holocauste. Une commémoration qui s'inscrit dans un contexte européen où les Juifs se sentent de plus en plus menacés.

«L'Holocauste, qui a tué six millions de personnes, a été la pire manifestation de l'extrémisme», a déclaré Viatcheslav Moshe Kantor, président du Congrès juif européen, devant le parlement européen.

La commémoration de l'holocauste par les eurodéputés le 23 janvier 2019 a été l'occasion pour le président Kantor de rappeler des chiffres qui glacent le sang: «938 camps de concentration et camps de la mort nazis ont été créés à travers l'Europe, 12 millions de personnes y ont été réduites à l'esclavage du travail forcé, dont 4 millions de Juifs».

© Photo EJC Press OfficeLes présidents des communautés juives d’Europe, des martyrs des camps d’extermination nazis et des élus européens se sont rassemblés au Parlement de l’UE pour rendre hommage aux victimes d’Holocauste le 23 janvier 2019.
Les présidents des communautés juives d’Europe, des martyrs des camps d’extermination nazis et des élus européens se sont rassemblés au Parlement de l’UE pour rendre hommage aux victimes d’Holocauste le 23 janvier 2019.  - Sputnik Afrique
Les présidents des communautés juives d’Europe, des martyrs des camps d’extermination nazis et des élus européens se sont rassemblés au Parlement de l’UE pour rendre hommage aux victimes d’Holocauste le 23 janvier 2019.

Cette cérémonie du souvenir a aussi été l'occasion de rendre hommage aux efforts conjugués des Alliés pour libérer les camps d'extermination vers la fin de la Seconde Guerre mondiale. Majdanek a été le premier libéré, le 23 juillet 1944 et, comme le souligne Viatcheslav Moshe Kantor, «lorsque les troupes de l'Armée rouge l'ont approché, les nazis ont tenté de détruire le camp afin de cacher leurs crimes.» Belzhets, Sobibor, Treblinka et Auschwitz ont été libérés au cours des six mois qui ont suivi. L'armée américaine a libéré Dachau, Mauthausen et Buchenwald, où la résistance des prisonniers a sauvé de nombreuses vies en retardant l'évacuation du camp. L'armée britannique a libéré Bergen-Belsen où, néanmoins, 14.000 prisonniers sont morts de maladie et d'épuisement après leur libération.

© Photo EJC Press OfficeSusan Pollak, survivante de la Shoah, aux commémorations au Parlement européen, le 23 janvier 2019
Susan Pollak, survivante de la Shoah, aux commémorations au Parlement européen, le 23 janvier 2019  - Sputnik Afrique
Susan Pollak, survivante de la Shoah, aux commémorations au Parlement européen, le 23 janvier 2019

«Seule l'unité des Alliés pouvait mettre fin au nazisme. Les principales puissances mondiales se sont réunies pour détruire ce mal et ont libéré les camps,» insiste Viatcheslav Moshe Kantor.

Antonio Tajani, président du Parlement européen, a remercié le groupe parlementaire de travail sur l'antisémitisme et le Congrès juif européen «d'avoir organisé la cérémonie au Parlement».

«N'oublions pas que l'Holocauste est un avertissement permanent à l'Humanité sur les dangers de la haine et du racisme», a souligné Antonio Tajani.

Le jour de cette célébration officielle, au cœur de la gouvernance européenne, le prédisent du Parlement a insisté sur le fait que «perpétuer la mémoire n'est pas seulement un acte de commémoration», mais qu'il s'agit d'une «étape essentielle dans tout processus de guérison, individuel et collectif, afin d'éviter de répéter les erreurs du passé.»

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La situation actuelle semble inquiétante pour le président du Congrès juif européen, Viatcheslav Moshe Kantor, qui cite les résultats choquants d'un récent sondage d'opinion réalisé par CNN: «près d'un Européen sur cinq estime que l'antisémitisme est une réponse au comportement quotidien des Juifs et presque un tiers ne sait rien de l'Holocauste.»

«L'antisémitisme n'est pas un problème résolu, confirme dans son discours Antonio Tajani. Les actes de violence à l'égard des communautés juives en Europe sont en augmentation.»

Viatcheslav Moshe Kantor a par ailleurs cité un rapport de l'Agence des droits fondamentaux qui annonce que «38% des Juifs européens ont déclaré qu'ils envisageaient d'émigrer d'Europe, car ils ne s'y sentaient pas en sécurité», tout en encourageant les Européens «à agir».

«Sans aucun doute, nous sommes confrontés à une lutte contre l'extrémisme qui infecte notre continent. Nous avons une obligation nous y préparer, martèle le président du Congrès juif européen. L'Europe doit être le centre de l'attitude modérée, de la sécurité et de la tolérance. C'est le seul chemin possible.»

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De nombreuses personnalités ont participé aux commémorations au Parlement européen: Viorica Dăncilă, Premier ministre de Roumanie, qui préside actuellement le Conseil européen, Timothy Snyder, député au Parlement européen et président du groupe de travail sur la lutte contre l'antisémitisme, Susan Pollak, survivante de la Shoah, ainsi que de nombreux hauts responsables de l'Union européenne, les dirigeants des communautés juives d'Europe, des survivants de l'Holocauste, des diplomates et d'autres invités d'honneur.

«Il faut rester vigilant et il ne faut pas avoir peur, conclut Antonio Tajani, car nos valeurs et notre histoire sont plus fortes que la haine et l'intolérance.»

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