Choyé par Macron, le Premier ministre québécois repart ravi de Paris

© Sputnik . Aleksei Vitvitsky / Accéder à la base multimédiaEmmanuel Macron
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Le nouveau Premier ministre québécois, François Legault, était récemment de passage à Paris. C'était le premier séjour officiel du dirigeant autonomiste dans la capitale française. Que faut-il retenir de son passage? Entre symboles forts, relance des échanges et controverses, Sputnik dresse le bilan de ses rencontres.

C'est toujours un moment fort de la politique québécoise: du 19 au 21 janvier derniers, le nouveau Premier ministre du Québec, François Legault, s'est rendu à Paris pour une visite officielle. Un séjour qu'il a prolongé jusqu'au 22 janvier pour rencontrer des gens du milieu économique. M.Legault a été reçu par Emmanuel Macron comme un véritable chef d'État: tous les honneurs lui ont été réservés. Legault a rencontré son homologue français, Édouard Philippe, a eu droit à une revue de la Garde républicaine aux Invalides et s'est entretenu avec Emmanuel et Brigitte Macron lors d'un dîner à l'Élysée. Un séjour très protocolaire.

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La visite d'un Premier ministre québécois en France a toujours une signification particulière dans la Belle Province. Les médias québécois suivent de très près ces événements. Non seulement le Québec entretient des liens étroits avec la France, mais cette dernière serait censée reconnaître son indépendance si jamais elle était déclarée. Depuis le «Vive le Québec libre!» du Général de Gaulle, à Montréal en 1967, le destin de la Belle Province semble lié à celui de la France.

Des liens privilégiés entre la France et le Québec

Seul Nicolas Sarkozy a osé rompre en 2009 avec la formule «ni ingérence ni indifférence», initiée par Giscard d'Estaing en 1977. Une politique qui consiste à affirmer la neutralité de la France durant un référendum sur l'indépendance de la province, tout en promettant de reconnaître la volonté du Québec. En 2012, François Hollande avait renoué avec cette politique. Aujourd'hui, l'indépendance du Québec n'est plus vraiment à l'ordre du jour, mais cette relation particulière a laissé des traces positives. Quant à lui, Macron semble s'être poliment rangé du côté de la politique traditionnelle de l'Élysée.

«Évidemment, il y a entre le Québec et la France un lien historique privilégié, ce lien de langue, du fait aussi de notre histoire», a déclaré le président Macron au Palais de l'Élysée, aux côtés de François Legault.

Le séjour de François Legault en France n'avait pas seulement des visées symboliques, mais aussi économiques. Le Premier ministre québécois souhaite doubler les échanges commerciaux entre le Québec et la France. Au terme de leur journée d'échanges du 21 janvier, Legault et Macron ont annoncé qu'ils avaient décidé de donner «une nouvelle impulsion» à la relation économique entre les deux pays. Ce projet pourrait d'ailleurs amener les deux hommes à participer à des rencontres préparatoires du Sommet du G7, qui se tiendra à Biarritz fin août 2019.

Doubler les échanges commerciaux entre les deux pays

Le Premier ministre québécois est reparti très satisfait de ses rencontres économiques à Paris. Le 22 janvier dernier, M.Legault s'est adressé à un parterre de 350 personnes issues du monde des affaires. Il a répété qu'il souhaitait accroître les relations commerciales entre le Québec et la France, devant un public conquis, et a notamment parlé d'une «politique agressive pour faire exploser les investissements des entreprises au Québec».

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Rappelons que M.Legault est lui-même issu du monde des affaires. En 1986, François Legault a lancé Air Transat, une compagnie d'aviation commerciale qui est rapidement devenue l'une des plus importantes au Canada. Il a été vice-président aux finances de cette entreprise jusqu'en 1997. À Paris, il n'a pas manqué de rappeler son parcours dans ce milieu, ce qui lui a valu quelques hommages. Durant la campagne provinciale de septembre 2018, M.Legault s'était d'ailleurs présenté comme le «vrai candidat de l'économie».

Le séjour de François Legault à Paris ne pouvait toutefois pas se faire sans controverse, tellement le nouveau chef d'État est scruté à la loupe. Au début de son séjour, M.Legault a déclaré qu'il souhaitait que le Québec accueille davantage d'immigrés français. Sur le plan de l'intégration, l'arrivée de Français au Québec représente un défi moindre que l'accueil de personnes d'autres pays. Les liens linguistiques et historiques entre le Québec et la France parlent d'eux-mêmes. Depuis des dizaines d'années, le Québec fait des efforts considérables pour préserver sa langue officielle, le français.

La controverse de l'immigration française au Québec

Pourtant, cette position été jugée contradictoire par certains, car le Premier ministre québécois souhaite réduire les seuils d'immigration. En France, la journaliste Valérie Lion de L'Express a écrit qu'il était paradoxal de vouloir diminuer l'immigration et augmenter les échanges économiques du Québec avec le reste du monde. Elle croit aussi que le Québec ne devrait pas sélectionner ses immigrés sur la base de critères culturels et linguistiques. Une politique qui friserait la xénophobie:

«Mais tout en voulant développer les échanges commerciaux, le gouvernement Legault veut limiter l'immigration. C'est le premier paradoxe de cette politique résolument orientée vers l'économie. Car les échanges de biens vont rarement sans les échanges de personnes. En affirmant sa volonté de réduire de 50.000 à 40.000 le nombre d'immigrants acceptés sur son territoire en 2019, le Québec prend un double risque: freiner la croissance de ses entreprises […] et brouiller son image de province ouverte sur l'extérieur et accueillante aux étrangers», écrit Mme Lion le 24 janvier.

Le député du parti de gauche Québec solidaire, Andrés Fontecilla, a tenu des propos similaires. Dans une entrevue accordée au Huffington Post Québec, il a affirmé que cette politique avait «des relents d'une pensée d'une autre époque, où on était convaincu que l'immigration européenne caucasienne était à privilégier». Des propos qui ont rapidement suscité la controverse sur les réseaux sociaux. Les Québécois devront-ils abandonner leurs «cousins français», comme ils appellent les Français?

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