Pour l'Otan, Trump veut plus d'argent, les Européens plus de garanties

© REUTERS / Jonathan ErnstU.S. President Donald Trump addresses a joint news conference with NATO Secretary General Jens Stoltenberg in the East Room at the White House in Washington
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Les 3 et 4 avril prochains, l'Otan soufflera ses 70 bougies dans un contexte inédit. Pour la première fois, c'est à Washington que l'alliance militaire est le plus critiquée. Et si les Européens s'inquiètent d'un désengagement de l'Otan, c'est que Donald Trump prend ses distances avec l'organisation garante de la sécurité en Europe.

L'Organisation du traité de l'Atlantique Nord est-elle devenue obsolète ou sert-elle toujours les intérêts américains? La question se pose de plus en plus aux États-Unis depuis l'élection de Donald Trump et a pris une importance particulière ces derniers jours, alors que l'alliance est sur le point de fêter ses 70 ans d'existence.

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Le 2 avril dernier, le Président américain a donné le coup d'envoi des célébrations en accueillant à la Maison blanche le secrétaire général de l'Otan, le norvégien Jens Stoltenberg, dans un contexte délicat, marqué par les inquiétudes de plusieurs pays occidentaux quant à l'implication de l'Otan dans la défense européenne.

Et il est vrai que, depuis son arrivée au pouvoir en 2016, le 45e Président américain a émis de sérieuses réserves sur l'Otan. Il s'est justifié en émettant deux critiques principales à l'encontre de l'alliance occidentale: le manque de contribution des pays européens, d'une part, et le principe de solidarité et d'obligation d'agir pour tous les membres en cas d'attaque contre l'un d'entre eux, d'autre part.

À l'été 2018, Donald Trump, fidèle à sa logique d'homme d'affaires, avait lancé un premier avertissement à ses alliés européens en les enjoignant à contribuer à leur défense à hauteur de 2% de leur PIB lors d'une rencontre à Bruxelles qu'il avait ensuite qualifiée de «dure», tout en se prévalant d'une victoire.

«Les Alliés pouvaient être inquiets, car hier j'étais extrêmement insatisfait de ce qui se passait et ils ont considérablement renforcé leurs engagements. Maintenant, nous sommes très heureux d'avoir une Otan très puissante, très forte, beaucoup plus forte qu'il y a deux jours», s'était félicité le Président américain.

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La question des budgets nationaux alloués à la défense est loin d'être secondaire. L'Allemagne, déjà cible du Président américain à l'été 2018 pour avoir simplement entériné un budget militaire de 1,5% du PIB, a de nouveau fait l'objet de critiques en janvier dernier.

«Nous serons avec l'Otan à 100% mais comme je l'ai dit aux pays [membres de l'Alliance], vous devez changer de braquet et vous devez payer», avait déclaré Donald Trump au Pentagone.

Avec l'Allemagne comme avec d'autres pays membres, Donald Trump a soufflé le chaud et le froid dans le but d'obtenir de ses alliés une accélération des financements. Mais la manœuvre a eu un effet secondaire auquel le Président américain n'avait pas forcément pensé en mentionnant une sortie des États-Unis de l'Otan.

«J'aurais pu utiliser la menace [de quitter l'Otan] mais cela n'a pas été nécessaire», avait-il affirmé le 11 juillet dernier; des propos allant dans le sens du New York Times, qui assure que Donald Trump ne voit pas l'intérêt de l'alliance et souhaite que Washington s'en retire.

Sauf qu'un retrait américain serait une catastrophe pour l'Europe, dont la sécurité dépend de l'Otan. En effet, l'Union européenne compte sur l'article 5, la fameuse défense collective, pour servir d'élément dissuasif. Or Donald Trump a dernièrement laissé entendre que les États-Unis n'interviendraient pas nécessairement dans l'hypothèse où un des membres de l'Otan serait attaqué.

À l'été 2018, alors que l'intégration de la Macédoine à l'Otan était sur la table, une remarque de Donald Trump à un journaliste, qui lui demandait pourquoi des Américains devraient se battre pour défendre l'allié macédonien, avait suffi à déclencher l'inquiétude des Européens.

«Je comprends ce que vous dites, j'ai posé la même question», avait répondu le Président Américain, sous-entendant que Washington pourrait ne pas intervenir si un de ses alliés était menacé.

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Plus récemment, Donald Trump avait envisagé la possibilité de conditionner la clause de défense collective à l'achat d'équipement militaire américain, ce qui avait poussé la ministre des Armées, Florence Parly, à déclarer lors de sa visite à Washington:

«Je m'inquiète personnellement de la notion selon laquelle la solidité de l'Otan pourrait être conditionnée au fait que les alliés achètent tel ou tel équipement. […] L'Alliance devrait être inconditionnelle, ou alors ce n'est pas une alliance. La clause de solidarité de l'Otan s'appelle Article 5, pas l'article F-35».

Une série d'insinuations qui ont poussé un des responsables de l'alliance Atlantique à réitérer l'importance et l'intangibilité de l'article 5 à l'AFP:

«La clause de défense collective de l'Otan, l'article 5, est inconditionnelle et en béton armé. Cela signifie qu'une attaque contre l'un d'entre eux est une attaque contre tous.»

Après le tête-à-tête entre Trump et Stoltenberg, le plus haut responsable de l'Otan s'exprimera le 3 avril prochain devant le Congrès américain. Les célébrations du 70e anniversaire du traité de l'Atlantique Nord devraient se conclure le lendemain avec une réunion des ministres des pays qui composent l'alliance militaire.

Un évènement perçu par les européens comme l'occasion idéale de rappeler à Washington l'importance de l'organisation militaire quand Donald Trump l'a déjà critiquée à de nombreuses reprises.

 

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