Londres participe-t-il finalement à la politique US de «pression maximale» contre l'Iran?

© REUTERS / Adam Dublinske/U.S. NavyDétroit d'Ormuz, photo publiée par la Marine américaine le 18 juillet 2019
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Londres s'allie désormais aux États-Unis pour leur «mission de sécurité maritime» dans le Golfe bien qu’auparavant, suite à la saisie par l'Iran d'un pétrolier britannique dans le détroit d'Ormuz, il ait proposé une mission sous commandement européen pour protéger la navigation commerciale. Sputnik a discuté de ce revirement avec un politologue.

Le Royaume-Uni s’aligne sur les États-Unis, dont la politique est toujours celle de la «pression maximale» sur l'Iran, qui consiste à empêcher Téhéran de vendre son pétrole et de gagner de l’argent, a rappelé à Sputnik George Szamuely, du think tank spécialisé en politique internationale Global Policy Institute (GPI). Il a commenté ainsi la décision de Londres de participer à une «mission de sécurité maritime» aux côtés des États-Unis afin de protéger les navires marchands dans le détroit d'Ormuz, au cœur de tensions avec l'Iran.

Londres change de politique

«Le Royaume-Uni affirme qu'il ne participera pas à l'application de cette politique. Cependant, une fois les deux pays réunis, il sera difficile de voir comment les séparer. Le Royaume-Uni se retrouverait donc inévitablement dans la ligne de mire de l'Iran», a poursuivi l’expert.

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Et de rappeler que l’Iran avait fait clairement savoir qu’il ne tolérerait pas une situation où il ne pourrait pas vendre son pétrole à la différence d’autres pays du Golfe.

La réaction de Téhéran ne se ferait pas attendre

«Cela ouvre la voie à une sérieuse confrontation militaire, car l’Iran a de nombreux alliés dans la région, que ce soit en Irak, au Liban ou au Yémen. N’importe qui pourrait lancer une attaque contre des pétroliers ou navires britanniques et américains. À terme, un tel risque n’est pas à exclure», a prévenu M.Szamuely.

D’après ce dernier, la position et l'image diplomatiques du Royaume-Uni n'ont plus de sens. Après avoir affirmé rester engagé à œuvrer avec l'Iran et ses partenaires internationaux pour désamorcer la situation et maintenir l'accord nucléaire, Londres s’aligne désormais sur la politique de pression maximale des États-Unis.

«Une fois qu’il a vu ce pétrolier [iranien, ndlr], à Gibraltar, Londres s’est effectivement aligné sur les États-Unis. En fait, le Royaume-Uni n’a toujours pas donné d’explication rationnelle et cohérente de son comportement. L'affirmation selon laquelle il agissait ainsi parce que l'UE interdisait de livrer du pétrole à la Syrie est absurde. L’UE n’interdit que les importations de pétrole syrien. […]. Pour rendre les choses encore plus ridicules, les Britanniques continuent de répéter qu'ils veulent que le JCPoA [accord sur le nucléaire iranien, ndlr], soit respecté, qu’ils sont tout à fait en faveur de cet accord et qu’ils ne veulent aucune confrontation avec l'Iran», a détaillé l’expert.

Une occasion manquée

Et de supposer que le Royaume-Uni avait eu une excellente occasion de mettre un terme à cette confrontation des pétroliers mutuellement saisis lorsque Boris Johnson était devenu Premier ministre.

«Je pense que cela aurait pu être une bonne occasion pour un nouveau Premier ministre de se dire: "Ok, j'efface l'ardoise, nous voulons un nouveau départ, nous allons libérer le pétrolier iranien ..." et dans ces circonstances, l'Iran n'aurait pas hésité à libérer le pétrolier britannique. Boris Johnson n'a pas saisi cette opportunité, et maintenant que le temps a passé, il aurait beaucoup de mal à faire un tel geste. Les relations entre le Royaume-Uni et l'Iran se détériorent, et l'Iran a lancé un avertissement explicite. Il l’a répété à maintes reprises, en déclarant: "si nous ne pouvons exporter notre pétrole, personne ne pourra le faire», a expliqué le chercheur du GPI.

La tension ne cesse de monter dans la région depuis le retrait américain de l'accord nucléaire iranien, suivi du rétablissement de lourdes sanctions américaines à l’encontre de l'Iran. Ces crispations se sont intensifiées ces dernières semaines, notamment en raison des attaques contre des pétroliers dans le Golfe, imputées par Washington à Téhéran, qui dément toute implication.

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